Relancer le nucléaire, première mission de la nouvelle ministre japonaise de l’industrie


AFP
Samedi 6 Septembre 2014

Relancer le nucléaire, première mission de la nouvelle ministre japonaise de l’industrie
La nouvelle ministre japonaise de l'Industrie, Yuko Obuchi, a pour première mission de convaincre les riverains de centrales nucléaires que l'énergie atomique est nécessaire à l'archipel. Etre une femme est censé être un atout mais l'expose aussi à la critique.
Interrogée mercredi dernier, jour de sa nomination, sur ses projets à la tête du très grand ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti), Mme Obuchi s'est exprimée clairement pour l'emploi de l'énergie nucléaire, une position qui est depuis toujours celle du Premier ministre de droite Shinzo Abe qui l'a désignée, apparemment en lui forçant la main.
Comparée à ses prédécesseurs, tous des hommes d'âge mûr, son profil de jeune mère doit en théorie l'aider à persuader les familles habitant non loin des installations atomiques que l'Etat fera tout pour qu'elles vivent en sûreté et tranquillité.
Nommer une femme, "c'est la méthode habile de M. Abe, déjà employée" pour d'autres dossiers impopulaires, réagit Kazue Suzuki de l'organisation Greenpeace au Japon.
"Le Premier ministre m'a demandé en premier lieu de prendre en charge le traitement de l'accident de Fukushima et de la reconstruction de la région", a expliqué mercredi soir la ministre de 40 ans, lors de sa première conférence de presse. 
Elle devra aussi mettre en musique la nouvelle stratégie énergétique du Japon, avec certes l'ordre de réduire autant que possible la dépendance du pays à l'énergie atomique par rapport à ce qui était prévu avant l'accident de Fukushima en mars 2011, en recherchant les moyens "d'accroître au maximum la part des énergies renouvelables". Mais sa vraie mission est surtout de relancer au plus vite "les réacteurs nucléaires dont la sûreté aura été validée par l'Autorité de régulation nucléaire".
"Le problème de l'énergie est au cœur de l'économie du Japon. Pour répondre à ce souci principal, je veux concrétiser le plan énergétique adopté en avril en Conseil des ministres", a-t-elle insisté.
Le précédent gouvernement de M. Abe avait alors jugé que "l'énergie nucléaire était une ressource importante" dont le pays avait besoin du point de vue économique.
Mme Obuchi devrait ainsi prendre rapidement la direction du sud-ouest, Kyushu, près de la centrale nucléaire Sendai dont les réacteurs 1 et 2 sont les premiers à être susceptibles de redémarrer dans les prochains mois.
Le régulateur devrait en effet confirmer dès la semaine prochaine la sûreté de ces deux unités, après avoir étudié les près de 17.000 commentaires publics reçus à la suite de la publication le 16 juillet du projet de certificat de conformité aux nouvelles normes.
Il restera alors à valider des plans de travaux et quelques autres formalités techniques à accomplir.
Le principal obstacle à la réactivation sera toutefois l'opposition de municipalités alentour. C'est là que la ministre entre en piste. Mme Obuchi devra plaider la cause économique de l'Etat, tandis que les antinucléaires continueront au contraire à démonter tous les arguments du gouvernement.
Les 48 réacteurs de l'archipel (sans compter les six condamnés de Fukushima Daiichi) sont actuellement tous stoppés. Pour continuer d'approvisionner le pays, les centrales thermiques turbinent à plein régime, ce qui coûte une fortune aux compagnies qui importent l'intégralité du pétrole et du gaz naturel nécessaires.
"Nous devons d'abord placer la sûreté au sommet des priorités, mais dans le cas où l'autorité nucléaire jugerait que des installations sont en conformité avec les nouveaux standards, nous avons l'intention de réactiver les réacteurs concernés", souligne Mme Obuchi. "Il y a des oppositions, des voix qui émettent des craintes, alors, bien entendu, l'essentiel est d'obtenir la compréhension des autorités locales et de la population", concède-t-elle.
Dont acte, répond la militante de Greenpeace, Kazue Suzuki: "Si elle écoute vraiment les populations locales, comme elle l'affirme, elle ne doit pas promouvoir l'énergie nucléaire. Sinon elle va affronter la colère des mères. Car avant d'être ministre, elle est maman de deux jeunes enfants. Je voudrais que lorsqu'elle aura à prendre des décisions, elle pense à la réaction des femmes ordinaires qui majoritairement ne veulent pas que les centrales redémarrent". 
 


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