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Vendredi 25 septembre, Haddi Sanaâ 27 ans travaillait avec d'autres étudiants dans le laboratoire d'océanographie & liminologie du rez-de-chaussée du département de biologie de la Faculté des sciences à l'UIZ. A 17 heures, elle reçoit un bip de la part de Saïd Ben Hissoune, 43 ans, encadrant la thèse de la jeune fille. Elle quitte le laboratoire et monte au premier étage rejoindre ce dernier dans son bureau (selon des étudiants, le bip dans le portable de ses étudiants est la règle imposée par l'encadrant pour convoquer l'étudiant pour quelque raison que ce soit). Le professeur tue son étudiante dans des circonstances indéterminées. Selon des témoins, il aurait été vu tentant de quitter la Faculté avant l'heure, mais finira par attendre le départ du personnel administratif avant de prendre sa voiture et s'en aller pour ne pas éveiller des soupçons. Mais avant de partir, il lance au gardien un « J'ai une sortie pédagogique demain matin (samedi 26 septembre), il faudra laisser la porte ouverte ». Le plan de maquillage du crime avait commencé. Au niveau de l'administration, il n’y a aucune trace d'une demande d'autorisation de sortie pédagogique de la part de l'enseignant Saïd Ben Hissoune comme il est de coutume de faire. Quelque temps après, il reviendra à pied laissant sa voiture à l'extérieur. Il n'ira pas plus loin parce que le gardien l'a vu ; il rebroussera chemin rappelant qu'il reviendra tôt le matin. Pendant ce temps, les étudiants au laboratoire d'océanographie continuent de travailler jusqu'à 21 heures, croyant que Sanaâ est toujours avec son encadrant. Ils lui laissent un petit mot, ferment le labo et rentrent chez eux.
Samedi 26 septembre, Saïd Ben Hissoune rejoint son bureau à 6 heures du matin. Il fallait sortir le cadavre de son bureau pour éloigner tout soupçon. Mais le cadavre, après une dizaine d'heures, s'est refroidi, raidi en doublant de poids. Ne pouvant le soulever, le meurtrier allait le traîner sur plus de 30 mètres, de son bureau à la salle 108, passant par une salle de classe communiquant avec le bureau et le hall de l'étage. Il abandonne sa victime, tête orientée vers la porte, cheveux en désordre, referme la porte et revient au bureau effacer les traces de sang et y remettre de l'ordre. Il quittera la Faculté pour aller se détendre dans une piscine.
A l'heure de début des cours, c'est lui qui, feignant la découverte du corps de la jeune Sanaâ dans la salle 108, alerte la police sans passer par l'administration. Après cela, les événements vont se précipiter. Alors que la famille, les étudiants, les enseignants étaient tous en deuil, la police scientifique était à la recherche du moindre indice, les éléments de la PJ d'Agadir auditionnaient tous ceux qui étaient en relation avec la victime. Après avoir abandonné la thèse du suicide, la police a concentré ses recherches sur le milieu de la faculté. Selon des sources, toutes les pistes envisagées par les enquêteurs conduisaient à une seule et même personne : Saïd Ben Hissoune, l'enseignent/encadrant de Sanaâ Haddi. Il était d'ailleurs, selon les témoignages des étudiants, le dernier à avoir vu la victime. Une fouille à son bureau par la police scientifique allait révéler la présence de traces de sang sur le sol. Les dés sont jetés. Ben Hissoune s’empêtre dans des déclarations confuses, et coup de théâtre, finit par reconnaître être le meurtrier sans avouer les véritables mobiles de son forfait. C'est la consternation dans la faculté. On ne s'explique pas son acte, sa violence, son sans-froid et son hypocrisie. Il a vécu les quelque 38 heures à feindre l'innocence. Il a présenté ses condoléances à la famille, l'a réconfortée et proposé des services en signe de compassion.
Saïd Ben Hissoune, né le 20/4/1966 à Tifelt a obtenu son DES à l'Université Mohammed V Rabat 1995. Il a intégré la Faculté des sciences à l'UIZ en tant que professeur assistant en 1996. Il soutient sa thèse d'Etat en 2002 en biologie végétale pour devenir professeur à titre d’encadrant. Responsable du laboratoire d'océanographie (département de biologie), il encadre quelques dizaines d'étudiants pour l'obtention de leur doctorat. Ses antécédents violents à la faculté remontent au temps de l'ex-doyenne. Ses étudiants se souviennent de quelqu’un dont l’haleine empestait l'alcool même, durant le dernier mois de Ramadan. Il est marié et père de deux enfants.
Rien ne sera plus comme avant à l'Université Ibn Zohr. Les condamnations des enseignants et le cri de détresse des étudiants n'y feront pas grand-chose. Il faudra longtemps, pour oublier la violence de ce drame perpétré par un enseignant sur une de ses étudiantes. Le rapport enseignant/étudiant est mis à l'épreuve, le rendement s'en ressentira. On parle de centre d'écoute pour dire qu'il faut arrêter ces pratiques d'abus à l’encontre des étudiants, responsables à leur tour. Les multiples rencontres avec tous les concernés par la direction de la Faculté des sciences apporteront certainement leur lot de consolations, mais il faudra engager un débat de responsabilisation de tous les intervenants pour redonner à l'enseignement supérieur son aura comme havre de culture, de savoir et d'apprentissage.