C’est désormais clair comme de l’eau de roche : le ministre de la Justice utilise tous les moyens possibles et imaginables pour bâillonner, voire réprimer toute velléité des fonctionnaires de son département de réclamer leurs droits. A la veille de son passage sur 2M, il a ainsi pris le soin de démettre de ses fonctions le secrétaire général adjoint du Syndicat démocratique de la justice, affilié à la FDT, Fakhreddine Benhaddou, offrant le prétexte à la deuxième chaîne d’exclure du débat programmé dans le cadre de Moubacharatane Maakoum, Abdessadek Saaidi , secrétaire général de ce syndicat qui est le plus représentatif dans le secteur de la justice. A un jour de la tenue de cette émission censée être consacrée au dialogue national sur la réforme de la justice, la chaîne s’est ainsi permis, certainement sur instigation soit de Ramid lui-même soit de l’autorité de tutelle de 2M, le non moins pjidiste El Khalfi, et sans que la HACA n’en soit préalablement informée , de refuser de faire entendre la voix de 15.000 membres des secrétariats- greffe du Royaume sur près d’une vingtaine de milliers de fonctionnaires de ce département. Au lieu donc que l’émission soit un véritable talk-show, décision a été prise d’en faire un monologue et de priver les téléspectateurs d’un droit constitutionnel. Ce qui s’est passé a donc un nom. Il s’agit d’un véritable coup de force contre la pluralité d’opinion et d’expression. Il ne peut en être autrement si l’on s’en tient à la justification donnée par le portail Internet de la chaîne d’Ain Sebaâ de maintenir le nom d’Abdessadek Saaidi comme invité de l’émission Moubacharatane Maakoum, alors que la lettre adressée par 2M à celui-ci l’excluait de la liste des participants. L’auteur de celle-ci, justifiant l’injustifiable, précise que « lors de la préparation de cette émission, il s’est avéré que le climat de tension entre le SDJ et le ministère est susceptible d’avoir des répercussions négatives sur l’émission à même de la transformer en règlement de comptes entre les participants, ce qui ne bénéficiera aucunement au débat et donc répondra aux attentes des téléspectateurs ». Ce qui veut dire que seule la voix du ministre est à même de faire l’heur de ce pauvre téléspectateur dont 2M semble enfin se soucier. Cerise sur le gâteau : la lettre de 2M ne porte point le nom de son signataire, faisant accroire que c’est l’animateur de l’émission, Jamaa Goulahssen qui en serait le rédacteur. Hélas, tout le monde sait que ce dernier ne peut avoir pris seul pareille décision, lui qui a été poussé à présenter ses excuses à la suite d’une émission au cours de laquelle il avait égratigné le personnel de la santé. Tout le monde sait également qu’en la matière, pareilles décisions sont prises au niveau de la Direction générale adjointe chargée de l’information.
Contactée, la directrice de l’information nous a confirmé la teneur de la lettre adressée au SDJ. Pour sa part, le ministre de la Communication nous a précisé que son département n’intervient aucunement dans la préparation des émissions de télévision et que la HACA est la seule instance habilitée à gérer et organiser tout ce qui a trait à la pluralité au sein des médias audiovisuels. Quant à Jamaa Goulahssen et Mustapha Ramid, ils se sont mis aux abonnés absents.
Dure est donc la vie que le PJD fait mener à tous ceux dont les avis divergent avec les siens. Cela s’appelle tout simplement de la discrimination.