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L’objectif de la rencontre «Radios communautaires et webradios» organisée en collaboration avec l’AMARC et le soutien d’International médias support (IMS) est double. Il s’agit d’abord de fournir l’encadrement législatif, sans exclure ce qui doit nécessairement l’accompagner comme activités de mise à niveau des connaissances, théoriques et pratiques, dont les volontaires de la société civile marocaine doivent bénéficier à ce stade avancé des médias. Et ensuite, initier tous les acteurs intéressés de manière pratique à la mise en place et l’animation de ces radios.
Forte de son expérience, l’AMARC a mobilisé des experts étrangers afin de partager avec les acteurs nationaux les bases pour une réforme du secteur des communications, mais aussi pour la mise en place de la gestion et de l’animation de ces médias.
Quelle est la valeur ajoutée de ces Radios communautaires? L’on s’accorde à souligner que les radios indépendantes contribuent à la démocratisation de la communication et à la participation active de la population. Elles permettent l’accès à l’information, donnent une «voix» à des populations souvent marginalisées et favorisent l’exercice démocratique tout en valorisant les cultures locales. Apparues en Amérique latine après la Seconde Guerre mondiale, les premières expériences de radios communautaires, notamment les radios des mineurs (Bolivie en 1949), ont constitué des outils de lutte contre la pauvreté et l’injustice sociale. Elles se sont ensuite développées en Afrique, notamment dans le monde rural, en Amérique du Nord, principalement pour les minorités linguistiques, en Asie et en Europe. Depuis les années 1990, les radios communautaires sont devenues un «mouvement» dans la majeure partie des pays en voie de développement connaissant des mouvements de démocratisation.
Certes, dans une grande partie des pays nord-africains, au Maghreb notamment, l’on note une véritable méconnaissance de l’importance de ce créneau dans la consolidation des jalons de la démocratie en général et dans l’information de proximité et le développement en particulier.
Au Maroc, un décret de loi qui remonte au 30 septembre 2002, a mis fin au monopole de l’État sur la radiodiffusion qu’avait installé l’occupant français en 1924. Suite à quoi, l’on a assisté à la création de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) qui, en tant que régulateur, a pour mission d’octroyer des autorisations de création d’entreprises privées de radio et de télévision. Ce n’est que le 17 janvier 2005, qu’une loi sur la communication audiovisuelle a été promulguée, ce qui a permis à la HACA d’entreprendre concrètement sa mission à partir de juillet 2005. Cela se traduit en 2006 par l’octroi de licences à 10 radios privées, et en 2009, à 7 autres. De sorte qu’aujourd’hui, le paysage audiovisuel marocain présente 15 radios publiques (6 nationales et 9 régionales), 17 radios privées (nationales, régionales et thématiques).
A ce tableau qui, pour l’instant, ne compte pas de télévision privée, 9 chaînes publiques étant les seules présentes. On doit ajouter une radio au statut spécial, «Radio Méditerranée internationale» (Médi 1), qui a été lancée dès 1980, sur la base d’une entente entre l’État marocain et l’État français, avec une participation partielle à son capital d’entreprises privées des deux pays. Selon la plate-forme de la rencontre de Marrakech, la réforme de l’audiovisuel n’a pas débouché sur la pluralité escomptée : le paysage médiatique est restreint aux médias publics et privés à caractère commercial. Et, considérant l’importance du taux élevé d’analphabétisme (plus de 50% de la population), l’enclavement des régions, notamment en milieu rural, l’importance de la fracture numérique et de la forte diversité linguistique et culturelle, les médias communautaires, notamment les radios, apparaissent comme l’alternative la plus appropriée pour répondre aux besoins spécifiques des citoyens et favoriser l’accès démocratique à l’information.
Aussi, dans son rapport final, le «Dialogue Médias et Société» entrepris par le Parlement avec les médias et la société civile, en 2010, sur près de 18 mois, a inscrit, parmi ses 300 recommandations, certaines relatives à l’émergence, l’encadrement et la régulation (avec différentes formes de soutiens publics) de médias associatifs au Maroc.
Parallèlement à ce plaidoyer politique, indéniablement conséquent, au bout de cinq années d’activités diverses et intenses, le tissu associatif marocain a pris des initiatives, notamment en organisant des séminaires et ateliers d’information, de plaidoyer et de formation, alors que dans certaines régions, notamment au Nord et au Sud-est du pays, certains sites web et portails communautaires s’initient, ces dernières années, à la diffusion de contenus radiophoniques et de télévision par streaming. Tout ceci illustre le stade de maturité auquel est arrivée la perspective d’une intégration organisée et légiférée de ce type de médias dans le paysage audiovisuel marocain.