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La même étude a démontré que les enseignants des 23.000 classes uniques que comporte l’école marocaine ne sont pas satisfaits de leur situation et avouent ne pas disposer des compétences requises pour dispenser un enseignement de qualité à leurs élèves des divers niveaux.
Sombre tableau qui devrait se noircir davantage si l’on réfère à une autre étude du département de l’Education nationale qui a démontré que la capacité des élèves du primaire à interpréter, assimiler et s’approprier l’information est nulle ou très proche de zéro. Ce qui a classé le Maroc au dernier rang des 55 pays soumis à l’évaluation internationale dite « PIRLS ». Ces résultats sont dus, dans 83% des cas, à l’incompatibilité entre la langue maternelle et celle de l’enseignement, dans 70% des cas à l’absence de bibliothèques scolaires et dans 17% des cas à l’absence des pré-activités de lecture au sein des familles marocaines.
Portant sur 26.000 élèves et 452 établissements scolaires, cette même étude a indiqué également que les élèves de 4ème année du primaire ont reçu la moyenne de 30,45 sur 100 en langue arabe contre 37,45 pour ceux de 6ème année. Des résultats en baisse jugés en deçà de la moyenne.
Comment peut-on interpréter les résultats de ces deux études ? Comme un aveu d’échec du MEN ou comme une attaque contre l’école publique ? « Les résultats de cette étude sont clairs comme de l’eau de roche, mais il reste néanmoins à signaler que le document de ce département passe sous silence les vraies causes de cette situation », nous a indiqué Abdelaziz Mountassir, membre exécutif de l’Internationale de l’éducation. D’après lui, les responsables du ministère ne veulent pas ou évitent plutôt de mettre le doigt sur les vrais dysfonctionnements. « La dégradation de la qualité de l’enseignement public n’est pas due aux enseignants mais plutôt à deux facteurs : la nature des manuels proposés par le MEN et la gestion du volume horaire des matières à enseigner. En fait, le ministère a augmenté le nombre de matières sans augmenter pour autant le nombre d’heures d’enseignement. Ainsi, les professeurs sont-ils obligés de dispenser trop de matières dans un laps de temps très réduit », nous a-t-il expliqué avant de poursuivre : « Imaginez qu’un enseignant doit enseigner le français pour 30 à 50 élèves en 20 minutes qu’il ne doit sous aucun prétexte dépasser. Alors comment peut-on enseigner correctement dans une telle situation ?».
Mais, il n’y a pas que ces deux facteurs qui sont à mettre à l’index, ajoute notre source. L’absence d’enseignement préscolaire a eu de fâcheuses conséquences. « Près de 70% des élèves du primaire ne sont jamais passés par le préscolaire. Et du coup, nombreux sont les enseignants qui se trouvent devant des bambins incapables de lire et d’écrire. Un handicap qui les poursuivra jusqu’au secondaire d’autant que le ministère de tutelle a choisi la politique des chiffres au détriment de celle de la qualité de l’enseignement », nous a-t-elle précisé.
Pour cet expert, l’école publique marocaine est dans la ligne de mire de certains hérauts du désengagement de l’Etat de ses responsabilités et investisseurs qui prônent la mise à mort de cette dernière et l’instauration d’un système totalement privé. En effet, les critiques contre l’enseignement public sont devenues monnaie courante comme en attestent les sorties médiatiques de certaines personnalités publiques appelant, sans oser le dire ouvertement, à une privatisation du secteur. « Il y a une volonté d’anéantir l’école publique afin d’offrir le maximum d’opportunités au secteur privé. Et ce n’est pas nouveau. La privatisation du marché de l’éducation a déjà commencé dans l’enseignement public supérieur et le tour des autres niveaux est venu avec ses grands sabots qui détruisent tout sur leur passage. Et malheureusement, ni les syndicats ni les partis politiques ne prennent en compte l’ampleur et le danger de ce qui se passe dans ce secteur », a-t-il conclu.