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Que l’on sache. L’ONS est bel et bien algérien et non marocain

Abdelmadjid Tebboune recadré par ses propres institutions


Mehdi Ouassat
Mercredi 22 Mai 2024

En Algérie, un contraste stupéfiant émerge entre les discours officiels et les chiffres réels. En effet, l’Office national des statistiques (ONS), une instance officielle et gouvernementale algérienne, vient de publier des données qui pulvérisent les affirmations mensongères et les promesses creuses du président Abdelmadjid Tebboune concernant la prétendue santé économique de l’Algérie.

Alors que ce dernier a récemment présenté une vision optimiste, vantant une amélioration notable de l’économie et une relance industrielle prometteuse, les chiffres de l’ONS dressent un tableau bien plus sombre. L’inflation demeure hors de contrôle et les prix continuent de s'envoler de manière vertigineuse pour la quatrième année consécutive, plongeant ainsi le pays dans une conjoncture économique alarmante.     
 
Un rythme infernal de l’inflation
 
Selon les chiffres de l’ONS pour mars 2024, les produits alimentaires, en particulier, ont enregistré une augmentation moyenne des prix de +2,4%. Cette hausse est attribuable principalement à l'augmentation des prix des produits agricoles frais, qui ont connu une variation de près de 4,5%. Les légumes ont particulièrement souffert avec une augmentation impressionnante de +22,3%, tandis que le prix de la viande de volaille a grimpé de +13,6%. Seuls les fruits et les œufs ont observé une baisse, mais celle-ci ne suffit pas à compenser l’explosion des coûts des autres denrées alimentaires.

Sur une période annuelle, d’avril 2023 à mars 2024, le rythme d’inflation a atteint +8,1%, confirmant ainsi une tendance inflationniste élevée depuis 2021, où l’inflation avait déjà dépassé les 7%. Cette augmentation continue des prix, particulièrement des produits de première nécessité, pèse lourdement sur le pouvoir d'achat des Algériens, aggravant les conditions de vie de nombreux ménages.

Outre les denrées alimentaires, les produits manufacturés et les services ont également connu des hausses significatives. L’ONS rapporte que ces derniers ont respectivement augmenté de 1% et de 0,8% par rapport à février 2024. Comparé à mars 2023, les prix des produits manufacturés ont augmenté de 6% et ceux des services de 4,2%. Ces chiffres soulignent une augmentation générale et continue des prix de consommation en Algérie, touchant divers secteurs tels que les médicaments, les vêtements, les meubles et les services de loisirs.

Cette augmentation généralisée des prix ne se limite donc pas aux produits alimentaires, mais s'étend aussi à une large gamme de biens et services essentiels. Et cette situation reflète une inflation structurelle qui affecte l’ensemble de l’économie. Pendant ce temps, Abdelmadjid Tebboune continue de vanter des réussites économiques imaginaires, ignorant les souffrances quotidiennes de la population.
 
Faible production industrielle et importations nettement insuffisantes
 
L'inflation galopante en Algérie trouve ses racines dans deux principaux facteurs : la faible production industrielle et l’insuffisance des importations pour compenser cette faiblesse. La production industrielle du pays reste incapable de satisfaire les besoins de la population, créant ainsi un déséquilibre entre l'offre et la demande.

Bien qu’en 2023, les importations algériennes aient atteint 43,1 milliards de dollars US, marquant une hausse de 4,6% par rapport à 2022 et une augmentation en volume de 21,9%, l’offre de biens de consommation reste inférieure à la demande, contribuant ainsi à l’inflation. La baisse de 14,2% des prix des marchandises importées en 2023 par rapport à 2022 n’a pas suffi non plus à stabiliser le marché intérieur.

Cette situation est également exacerbée par des infrastructures industrielles vieillissantes et un climat des affaires souvent défavorable aux investissements étrangers et nationaux. La complexité bureaucratique, la corruption, et l'instabilité politique sont autant de facteurs qui freinent la dynamique industrielle du pays.
 
Une déconnexion totale de la réalité
 
Ces contradictions entre les annonces présidentielles et les données officielles suscitent de vives critiques et des inquiétudes légitimes. Les Algériens se sentent de plus en plus déconnectés des discours officiels, confrontés à une réalité quotidienne marquée par la hausse des prix et la diminution de leur pouvoir d'achat.

«Cette dissonance entre les déclarations officielles et la réalité statistique peut s’expliquer par des priorités politiques et une communication gouvernementale cherchant à rassurer la population», estime Oualid Kébir, journaliste algérien exilé au Maroc. Et d’ajouter : «Cependant, les conséquences de cette stratégie sont multiples: perte de confiance des citoyens, scepticisme des investisseurs, et aggravation des tensions sociales».

«Le contraste entre les déclarations et la réalité est scandaleux», a-t-il indiqué. «L’économie algérienne est en chute libre. Loin d'une relance industrielle, le pays est en proie à une crise inflationniste persistante, exacerbée par une production locale moribonde et des importations inefficaces», souligne le journaliste algérien. Selon lui, «la propagande présidentielle ne parvient plus à masquer la souffrance quotidienne des Algériens».

«Chaque jour, les citoyens doivent faire face à des prix exorbitants et une politique économique désastreuse. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’Algérie, sous la gouvernance de Tebboune, va de mal en pis, et ce, malgré les tentatives désespérées du régime pour camoufler la vérité», précise Oualid Kébir. Et de poursuivre: «Il est grand temps que le président Tebboune et son gouvernement cessent de mentir au peuple.

Les Algériens méritent des politiques économiques efficaces, basées sur la transparence et la vérité, et non sur des promesses vides et des manipulations statistiques». «Les chiffres de l’ONS sont un cri d’alarme : l’Algérie est en crise, et seule une véritable réforme, loin des discours creux, pourra redresser la situation», conclut-il.

Il est donc clair que les statistiques de l’ONS révèlent une situation économique difficile pour l'Algérie, bien loin des bilans «glorieux» présentés par le gouvernement. Cette réalité économique souligne la nécessité de mesures efficaces pour stabiliser les prix et relancer véritablement la production industrielle afin de répondre aux besoins de la population.

La tâche qui attend les autorités algériennes est immense : il s’agit non seulement de redresser l’économie, mais aussi de restaurer la confiance des citoyens et des acteurs économiques. Des réformes structurelles, une amélioration du climat des affaires et des investissements massifs dans les infrastructures sont indispensables pour espérer inverser la tendance et permettre une véritable relance économique.

Mehdi Ouassat


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