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L’Institut des arts contemporains (ICA) a projeté, jeudi soir à Londres, le long-métrage "Alyam Alyam" du réalisateur marocain Ahmed El Maanouni, en tant qu'introduction au cinéma marocain.
"Alyam Alyam", qui décrit la vie des paysans dans la campagne marocaine, retrace le parcours du jeune Abdelwahad qui devient le principal soutien de sa famille à la mort de son père et doit s'occuper de sa mère et de ses frères et sœurs.
Ce qui commence comme un film sur les rêves brisés et l'ébranlement de la structure sociale traditionnelle se transforme rapidement en une œuvre poignante sur l'amour né de la souffrance. L’œuvre d'El Maanouni se concentre sur les agriculteurs, tout en leur rendant hommage, en préférant ne pas interférer pour en dépeindre chaque aspect de manière égale.
Au terme de cette projection, qui fait partie de la série de films "Liberating Cinema 2022", Ahmed El Maanouni a donné une masteclass dans laquelle il est revenu en détail sur sa formation, son cheminement artistique et la réalisation de son premier film "Alyam Alyam" en 1978. "C'est un long-métrage dans lequel j'ai investi l'ensemble de mes économies", raconte le natif de Casablanca, expliquant que le fait de s'être auto-produit lui a donné une grande liberté et la possibilité de faire ce qui lui tenait le plus à cœur, à savoir oser. "Il faut toujours être audacieux", a lancé El Maanouni à l'adresse d'un public de cinéphiles et d'étudiants en art. "Que ce soit une petite œuvre ou une production sophistiquée, le plus important est de pouvoir transmettre une charge émotionnelle avec son travail", a-t-il souligné.
Il a expliqué comment il a ensuite mis en pratique tout ce qu'il a appris dans "Alyam Alyam", premier film marocain sélectionné au Festival international du film de Cannes, dans son documentaire sur Nass El Ghiwan "Al Hal" (Trances). "Toujours en étant aussi audacieux que possible et en comptant sur l'authenticité des Rolling Stones du Maroc", a souligné le réalisateur. Sur ces deux films, il a confié avoir travaillé avec de petites équipes ne dépassant pas trois personnes, précisant que dans ce contexte, "on est appelé à tout faire soi-même et donc à mettre en œuvre le pragmatisme appris à l'université." Plus tard, en travaillant sur de grandes productions, cela donne la possibilité d'avoir une vision plus globale, a-t-il fait savoir, rappelant que le plus important est de "toujours laisser s'exprimer l'émotion". Une émotion que le grand cinéaste américain Martin Scorcesse a su saisir puisqu’"Al Hal" a été le premier film restauré par sa Fondation (World Cinema Foundation) et présenté au Festival de Cannes 2007 - Cannes Classics.
Né en 1944, Ahmed El Maanouni est auteur, réalisateur, directeur de la photographie et producteur. Outre "Al Hal" et "Alyam Alyam", il a réalisé "Les cœurs brûlés" (Al Qoloub Al Mohtariqua) en 2007, qui a remporté le Grand Prix du Festival national du film et a été couronné par de nombreux prix internationaux. Il a également fait de nombreux films documentaires qui traitent de plusieurs questions en relation avec l'histoire du Maroc et la mémoire nationale, en raison de sa conviction de l'importance de la documentation et du 7ème art dans la mise en exergue des principales étapes historiques du Royaume et du rôle du cinéma dans la consécration des valeurs nationales et l'identité marocaine.
L'ICA est le premier espace de culture contemporaine de Londres. Il commande, produit et présente des œuvres dans les domaines du cinéma, de la musique, de la performance et des arts visuels, réalisées par les artistes les plus progressistes du moment.