Présidentielle en Equateur. Noboa en quête d'une réélection, Gonzalez d'une revanche


Libé
Jeudi 13 Février 2025

Présidentielle en Equateur. Noboa en quête d'une réélection, Gonzalez d'une revanche
L'un veut se faire réélire, l'autre entend prendre sa revanche. Le président entrepreneur Daniel Noboa et l'avocate Luisa Gonzalez étaient au coude à coude à l'issue du premier tour dimanche de l'élection présidentielle en Equateur, avec moins d'un point d'écart pour 72% des bulletins dépouillés.
Le président entrepreneur Daniel Noboa et l'avocate Luisa Gonzalez étaient au coude à coude à l'issue du premier tour
Une première joute électorale en octobre 2023 entre eux avait été remportée par M. Noboa.

Applaudi par beaucoup d'Equatoriens pour sa main de fer contre le narcotrafic qui gangrène un pays autrefois havre de paix, Daniel Noboa, fils d'un milliardaire entrepeneur dans la banane, partait avec l'habit du favori après un court mandat consécutif aux élections anticipées d'octobre 2023.

Mais sa principale rivale, Luisa Gonzalez, une avocate de 47 ans, a créé la surprise en le talonnant, ce qui augure d'un deuxième tour au mois d'avril. Elle entend redonner le pouvoir à la gauche équatorienne pour la première fois depuis la défaite de l'ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), dont elle est considérée comme la dauphine.
Sportif au teint hâlé, millionnaire et très actif sur les réseaux sociaux, Daniel Noboa, figure, à 37 ans, parmi les plus jeunes chefs d'Etat au monde.

Etat d'urgence, déclaration de "guerre" contre les gangs, construction de prisons et exhibition de prisonniers semi-nus lui valent d'être comparé à son homologue salvadorien, Nayib Bukele, triomphalement réélu en février 2024.
Comme au Salvador, il est critiqué par des organisations de défense des droits humains pour les Etats d'urgence prolongés et le déploiement de force dans les rues.

Mais selon Daniel Noboa, cette politique porte ses fruits, et il s'attribue le mérite d'avoir réduit un taux d'homicide record de 47 pour 100.000 habitants en 2023, à 38 en 2024.
Toutefois, "rien ne se résout en un an", répète inlassablement le président dont la relation est distante avec la presse.
"L'Equateur a déjà changé et veut continuer de changer, il veut consolider son triomphe", a-t-il affirmé cette semaine.

L'homme se dit de centre gauche mais ce néo-libéral incarne l'élite politique équatorienne issue du monde de l'entreprise et a triomphé avec le soutien d'une partie de la droite.
Surprise du premier tour en 2023, où son discours ferme a séduit alors qu'un candidat présidentiel était assassiné en pleine campagne électorale, il n'avait jusque-là qu'une maigre expérience en politique : deux ans comme député, et président de la commission économique au Parlement.

Pendant cette période, il a été mis en cause dans un conflit d'intérêt présumé pour avoir financé de sa poche le voyage de sept parlementaires en Russie, l'un des principaux marchés du juteux business de l'entreprise familiale dans la banane.

Né aux Etats-Unis et diplômé de prestigieuses universités étrangères, Daniel Noboa est le fils du magnat de la banane Alvaro Noboa, cinq fois candidat malheureux à la présidence.
Adepte des réseaux sociaux, il s'y montre proche des gens, entouré de femmes, ou avec sa famille.
Marié à l'influenceuse Lavinia Valbonesi, avec laquelle il a deux enfants, ce catholique a également une fille née d'un premier mariage.
 
Cycliste, marathonienne et amatrice de tatouages, Luisa Gonzalez se présente à nouveau à la présidence. Avec le soutien de l'ancien président Rafael Correa, condamné par contumace à huit ans de prison pour corruption, ce qui divise le pays.
"La candidate, c'est moi (...) C'est Luisa Gonzalez qui gouvernera", affirme-t-elle face aux détracteurs.
"Daniel Noboa représente la peur et nous le changement, l'espoir", a affirmé l'avocate évangélique de 47 ans, dont le slogan clame : "Faire revivre l'Equateur".

Ancienne députée, elle avait remporté le premier tour en 2023 (34%), devant Daniel Noboa (23%), avant de s'incliner au second tour remporté par son opposant avec 52,1% des voix.
Elle aspire à être la première présidente élue de l’Equateur, avec un programme promettant plus de sécurité, teinté de respect des droits humains.

"Pour construire la paix, on a besoin de justice sociale", a-t-elle souligné lors d'un entretien à l'AFP samedi, tout en proposant de freiner le trafic de drogue au travers de la "militarisation des frontières et des ports".

Evoquant des menaces sur sa vie, elle pointe "un défi plus grand ici (...), le défi de transformer le pays".
Mariée à 15 ans, divorcée à 22 ans, Luisa Gonzalez est mère de deux garçons de 11 et 31 ans.
Sa mère, Ligia Alcivar, résume ainsi la vocation politique de sa fille: "C'est une femme pleine d'amour, amour pour sa patrie, amour pour toutes les personnes qui souffrent".


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