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Selon le chef de service des ressources humaines de cette préfecture, le nouveau procédé est une initiative prise par les services internes. Il vise à contrôler la ponctualité des fonctionnaires et à lutter contre l’absentéisme. «Il s’agit d’un système de contrôle souple qui a pour but d’établir un peu d’ordre et de discipline dans la conduite des fonctionnaires de notre administration», a-t-il déclaré avant de poursuivre que le nouveau dispositif ressemble à celui utilisé depuis des décennies dans les sociétés privées et qui n’a rien de contraignant pour les agents de son administration.
Cependant, ces propos rassurants n’ont rien d’apaisant pour certains fonctionnaires de cet arrondissement et suscitent beaucoup de questions et de mécontentements.
Cette expérience sera-t-elle généralisée à toutes les préfectures des arrondissements du Royaume ou risquera-t-elle de se limiter à celle de Hay Hassani? Et dans ce cas concernera-t-elle les walis, gouverneurs et chefs de services ou sera-t-elle applicable uniquement aux fonctionnaires des échelles inférieures et, dans le cas d’espèce qui assumera cette discrimination en cas de poursuites judiciaires ou de mouvements sociaux attentatoires à la bonne marche des services et aux intérêts des citoyens?
D’autres questions et pas les moindres sont posées par les mêmes fonctionnaires : comment un agent pourrait-il s’assurer que les données enregistrées correspondent effectivement à son activité réelle? Quid de la fiabilité d’un tel système? Qui va garantir la protection des données collectées? Qui a le droit de consulter et de rectifier ces dernières et qui va se charger de contrôler ce système? Quelle est la partie qui sera chargée de sanctionner absences et retards et d’opérer les prélèvements sur salaires y afférents?
Les fonctionnaires concernés estiment que cette mesure ne répond nullement aux véritables enjeux de la modernisation de la Fonction publique et aux besoins d’un service public efficace puisque l’efficacité est d’abord jaugée à l’aune de la qualité des services rendus et de la productivité de ceux qui les fournissent.
Ils pensent que l’administration doit se défaire de l’idée que ses agents doivent venir travailler un certain nombre d’heures sans réaliser le moindre objectif. Une gestion par objectif leur semble manquer cruellement puisqu’ils estiment qu’ils ne devraient plus être payés pour se tourner les pouces derrière des bureaux, mais pour fournir des services aux contribuables.
Ils se demandent même sur le bien-fondé de cette décision et si elle a été prise dans le strict respect des lois et règlements en vigueur et si elle s’inscrit dans une quelconque modernité puisque sous d’autres cieux, les experts commencent à parler de travail à la carte et non à l’heure. «La pointeuse peut contrôler la présence ou l'absence des fonctionnaires mais non le travail qu’ils font», nous a confié un fonctionnaire sous le sceau de l’anonymat. Il croit que l’installation de cette pointeuse est une vraie aberration et que c’est la question de la qualité de travail qui doit être mise sur les devants de la scène. «Nos responsables doivent d’abord mener une vraie réflexion sur les conditions et la manière de travailler au moment où le Maroc veut moderniser sa Fonction publique. Ils doivent investir davantage dans les ressources humaines, leur formation et leur qualification, en adoptant une approche qualitative qui suppose des pré-requis, à commencer par un cadre de travail adéquat et des procédures moins tatillonnes et moins suspicieuses à l’endroit des contribuables».
Notre interlocuteur fait référence aux nombreux problèmes quotidiens qui entravent le bon fonctionnement de ce service public. «Comment peut-on oser parler de modernisation si on sait que beaucoup de bureaux manquent d’ordinateurs, que rares sont ceux qui sont connectés au réseau Internet, que le transport du personnel fonctionne seulement 15 jours par mois car le budget alloué au fonctionnement de l’autocar ne dépasse pas les 1500 DH, que certains fonctionnaires bénéficient d’avantages en nature et en espèces alors que d’autres vivent avec des salaires de misère?», s’interroge-t-il.
Pourtant, qu’on soit pour ou contre la future pointeuse, les administrés ne peuvent que se réjouir de son installation. Après tout, ils ne veulent plus que leurs impôts servent à payer des tire-au-flanc.