Pourquoi chérit-on les palmiers au détriment des arbres ?

“Maroc Environnement 2050” en sit-in devant le Parlement pour manifester son exaspération


Mehdi Ouassat
Jeudi 8 Août 2024

Pourquoi chérit-on les palmiers au détriment des arbres ?
Déterminé à changer le visage des villes marocaines, le mouvement «Maroc Environnement 2050» s’impose avec une ambition claire : mettre un terme à la plantation de palmiers dans les artères des villes, pour les remplacer par des arbres, véritables poumons de nos cités.

Visant à rééquilibrer l’écosystème urbain, cette initiative prend une dimension citoyenne avec l’appel à une mobilisation massive pour une manifestation prévue le samedi 10 août 2024, à 16 heures, devant le Parlement.  

Loin d’être de simples revendications écologiques, les recommandations de «Maroc Environnement 2050» se positionnent   comme un cri d’alarme face aux défis climatiques croissants. Pour ce collectif écologique, le temps est venu de reconsidérer les choix paysagers du Maroc et de redonner aux arbres la place qu’ils méritent dans nos villes, non seulement pour leur beauté et leur ombre, mais surtout pour la survie et le bien-être des générations futures.  

Les inquiétudes environnementales sont donc au cœur des préoccupations de «Maroc Environnement  2050». Les activistes de ce mouvement soulignent que le choix de planter des arbres plutôt que des palmiers est une décision qui dépend de multiples facteurs liés à l'environnement, à la durabilité et aux avantages pour la qualité de vie urbaine. Cette décision ne se résume pas à une simple question d'esthétique, mais à une approche holistique visant à améliorer la biodiversité, à réduire les émissions de CO2, à purifier l'air, à offrir de l'ombre et du refroidissement, à renforcer la résilience aux changements climatiques, et bien plus encore.

En effet, sur le plan de la biodiversité, les arbres offrent un habitat plus diversifié pour la faune urbaine que les palmiers, favorisant la biodiversité dans les zones urbaines. Les palmiers ont tendance à offrir un habitat limité.

Les arbres sont aussi plus efficaces que les palmiers pour absorber le dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère, contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l'atténuation du changement climatique. Ils jouent également un rôle essentiel dans la purification de l'air en piégeant les particules fines, les polluants atmosphériques et les gaz nocifs, ce qui améliore la qualité de l'air dans les zones urbaines. 

Un autre avantage considérable réside dans le fait que les arbres fournissent une ombre naturelle et contribuent au refroidissement de l'environnement urbain en libérant de l'humidité par transpiration. Cela réduit les îlots de chaleur urbains, qui sont des zones où la chaleur est emprisonnée dans le béton et l'asphalte.

Sur le plan de la durabilité, les palmiers sont souvent plus vulnérables aux maladies et aux parasites que de nombreuses espèces d'arbres, ce qui peut rendre leur entretien plus coûteux et moins durable. Sans parler de la beauté du paysage puisque les arbres offrent une esthétique plus variée et agréable que les palmiers, ce qui peut contribuer à l'attrait visuel des espaces urbains.

Les activistes écologistes estiment enfin que la transition vers des variétés d'arbres plus adaptées à l'environnement urbain aurait un impact positif sur la qualité de vie des habitants en créant un environnement plus agréable, sain et résilient face aux défis climatiques.

Les défenseurs des palmiers pourraient arguer que ces derniers, bien que peu ombragés, possèdent une valeur esthétique indéniable et contribuent au cachet exotique des villes marocaines. Cependant, cette vision est de plus en plus remise en question. Selon «Maroc Environnement 2050 », l’omniprésence des palmiers dans le paysage urbain marocain relève d’une stratégie de décoration superficielle, qui néglige les besoins réels des habitants et de l’environnement.

Le coût d’entretien élevé des palmiers, combiné à leur faible rendement écologique, rend leur plantation de plus en plus difficile à justifier dans un contexte où les budgets municipaux sont sous pression et où les enjeux climatiques deviennent prioritaires. L’arbre, avec toutes ses capacités, apparaît comme une alternative non seulement plus écologique, mais également plus économique sur le long terme.

L’initiative de «Maroc Environnement 2050» témoigne de l’émergence d’une conscience écologique au sein de la société marocaine. Elle reflète une prise de conscience collective des dangers que représente le changement climatique, et de la nécessité d’adapter nos pratiques urbaines en conséquence. Si le palmier incarne un certain art de vivre, l’arbre, lui, incarne la vie elle-même, dans toute sa diversité et sa richesse.

Il faut dire que «Maroc Environnement 2050» n’en est pas à sa première bataille. Depuis sa création, le mouvement s’est donné pour mission de sensibiliser la population aux enjeux environnementaux, de lutter contre les pratiques qui menacent la biodiversité et de promouvoir un modèle de développement durable en phase avec les réalités climatiques du XXIe siècle. Leur combat contre la généralisation des palmiers, en particulier des variétés étrangères, dans les villes marocaines s’inscrit dans cette logique de préservation et de protection de notre écosystème.

La mobilisation prévue pour le 10 août 2024 devant le Parlement s’annonce comme un moment clé dans cette lutte. «Maroc Environnement 2050» appelle à une participation massive de la société civile, afin de faire entendre la voix de ceux qui refusent de voir l’avenir des générations futures sacrifié sur l’autel d’une urbanisation débridée et déconnectée des enjeux environnementaux. Cette manifestation pourrait bien marquer un tournant, où l’arbre, jusque-là relégué au second plan, serait enfin reconnu pour ce qu’il est : un acteur incontournable de la ville durable de demain.

Mehdi Ouassat


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