La capitale autrichienne était toute la journée le théâtre d'un ballet diplomatique entre l'Américain John Kerry, le Russe Sergueï Lavrov, le Saoudien Adel al-Jubeir et le Turc Feridun Sinirlioglu.
Le point d'orgue était, une réunion quadripartite consacrée au conflit syrien, une première diplomatique et le signe de l'internationalisation d'une guerre civile qui a fait plus de 250.000 morts depuis mars 2011.
Une trilatérale Etats-Unis-Arabie Saoudite-Turquie, également inédite, était aussi programmée. Elle devait être suivie d'un nouvel entretien entre John Kerry et Sergueï Lavrov, deux dirigeants qui affichent une certaine complicité et qui maintiennent un canal de communication entre leurs gouvernements aux relations très dégradées.
Les positions entre, d'un côté, Washington, Riyad et Ankara et, de l'autre côté, Moscou, demeurent antagoniques sur la Syrie.
Les Américains et leurs alliés pilotent une coalition militaire internationale contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et apportent leur soutien à des rebelles syriens ennemis du régime de Damas.
En face, la Russie, alliée clé du président Bachar Al-Assad, a lancé il y a trois semaines une campagne de bombardements aériens en Syrie. Une intervention contre le "terrorisme", affirme Moscou. Des raids destinés plutôt à sauver le chef de l'Etat syrien, accusent Washington et ses partenaires.
L'appui diplomatique, historique et inconditionnel que Moscou apporte à Damas se double de livraisons d'équipements de défense et, depuis le 30 septembre, de plus de 800 frappes contre des "cibles terroristes", selon le chef de l'intervention militaire russe, le général Andreï Kartapolov.
En réponse, Washington et ses partenaires martèlent qu'il n'existe "pas de solution militaire" à la guerre en Syrie et qu'il faut chercher une porte de sortie politique.
Mais après avoir exigé inlassablement le départ immédiat du président Assad, comme préalable à un processus politique, les Etats-Unis ont mis de l'eau dans leur vin en admettant ces derniers mois que le calendrier était négociable.
En visite jeudi à Berlin, avant d'arriver dans la soirée à Vienne, John Kerry n'a pas explicitement réclamé le départ d’Assad mais il a estimé devant la presse que la seule "chose qui se dresse sur le chemin (d'une solution politique) est une personne du nom d'Assad, de Bachar al-Assad".
Egalement ennemie du régime syrien alaouite (une branche du chiisme), l'Arabie Saoudite sunnite exige que le président Assad quitte le pouvoir, mais un ministre avait indiqué lundi qu'il pourrait rester en place pendant la mise sur pied d'un gouvernement de transition.
La Turquie est aussi une adversaire de la Syrie mais elle a toutefois récemment jugé "possible" un processus de transition avec le chef de l'Etat syrien. Une première pour Ankara.
L'Iran, puissant soutien de son allié syrien, n'est pas invité à Vienne bien que M. Kerry y ait encore fait référence jeudi : il a rappelé que tout comme les Etats-Unis, la Russie et l'Europe, Téhéran était "d'accord" sur le principe d'une solution politique en Syrie.