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Abdellah Rami, chercheur spécialiste des mouvements islamistes, soutient que cette campagne contre la visite du Souverain Pontife et de dénigrement du spectacle musical offert au Pape à Rabat émane de trois courants. « Il y a d’abord des individus qui appartiennent aux courants extrémistes transnationaux dont les positions hostiles au christianisme sont connues. Il y a ensuite le courant salafiste jihadiste qui est très suivi au Moyen-Orient et qui dispose de connexions fortes en Syrie, en Turquie et dans plusieurs pays du Golfe. Ce courant est allé jusqu’à excommunier Amir Al Mouminine. Une position choquante et imprévue puisqu’on ne s’attendait pas qu’elle atteigne un tel degré d’extrémisme. Il y a, enfin, le courant des Frères musulmans qui s’est élevé contre la visite du Pape mais sans adopter une position extrême », nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Ce qui est surprenant, c’est que ces mêmes personnalités marocaines avaient adopté une position moins tranchée lors de la visite du Pape aux Emirats arabes unis en février dernier. La visite du Pape Jean-Paul II au Royaume en août 1985 suite à une visite de Feu S.M Hassan II à Rome en 1980 s’est également déroulée sans aucun tracas. Peut-être que cela est dû au fait qu’à cette époque le courant wahhabite n’était pas encore bien implanté au Maroc».
Notre source avance que ce positionnement dépasse le seul facteur religieux et qu’il est animé par des motivations géostratégiques en relation avec la course à la domination dans la région. « La visite du Pape a été interprétée comme une campagne d’évangélisation du monde musulman et comme une tentative de propager la religion chrétienne en terre d’Islam. Ceci d’autant plus que les valeurs comme le multiculturalisme, la tolérance et le dialogue ne font pas partie de la doxa ou des modus operandi des mouvements extrémistes », nous a-t-elle précisé.
Concernant le spectacle musical offert en l’honneur du Pape lors de sa visite au Maroc les 30 et 31 mars dernier, Abdellah Rami pense que beaucoup de Marocains ont eu du mal à comprendre le mélange opéré entre la voix du muezzin Smahi El Harati – psalmodiant un appel à la prière – et celles de Caroline Casadesus et Françoise Atlan interprétant, entre autres, l’Ave Maria de Caccini. « Plusieurs personnes ont interprété ce mélange comme un sacrilège. Pour eux, l’adhan (l’appel à la prière) est sacré et ne doit pas être mélangé à la musique alors qu’on n’est pas du tout dans le domaine du religieux ou du sacré », nous a-t-il expliqué. Et de poursuivre : « Mais les courants extrémistes ont saisi l’occasion pour fustiger la visite du Pape. Le hic, c’est que ces courants ont trouvé un écho favorable sur les réseaux sociaux considérés comme un terrain privilégié pour eux pour la communication et la propagande. La force de ces courants réside dans leurs capacités à mobiliser sur les réseaux sociaux ».
Pourtant, notre interlocuteur estime que l’Etat doit prendre une position ferme concernant certains prédicateurs qui ont osé publier une fatwa relative à ce sujet. « Le problème dépasse la simple opinion concernant un sujet de débat public. Là, il y a publication et diffusion d’une fatwa avec tous les risques que cela induit », nous a-t-il précisé. Et de conclure : «Le pire, c’est qu’il y a absence totale des oulémas du Maroc. Notamment sur les réseaux sociaux où l’on peut observer que leur politique de la chaise vide donne l’avantage aux courants et prédicateurs extrémistes. Il est vrai qu’il y a des efforts qui se font au niveau des prisons et autres établissements mais au niveau des réseaux sociaux, c’est le chaos ».