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Son installation à Paris, depuis plus de trente ans, a suffisamment façonné sa créativité. D’autant plus que son éloignement de la scène artistique marocaine justifie pourquoi il a fallu du temps pour que cette reconnaissance s’opère. De même que ce peintre n’est pas homme « à danser du ventre » devant les médias. Pour mieux comprendre son art, il faudrait voyager dans le temps et l’espace.
Remontons un peu le temps. En 1995, l’artiste avait le bonheur d’exposer pour la première fois ses travaux à la galerie Al Manar. Il a exprimé visiblement tout l’ampleur d’une oeuvre alors méconnue. L’exposition avait connu un grand succès. Le public casablancais découvrait alors l’un de ces artistes qui, à l’étranger, créent un langage, réinventent des méthodes, des manières, intégrant ainsi les multiples apports de leur culture et de celles qui les entourent.
Aujourd’hui, Sadouk demeure un paysagiste abstrait. Surtout que les références à ce qu’on appelle un "cubisme impressionniste" sont toujours bien présentes dans ses toiles. « L'espace pictural est représenté par le paysage, c'est une vision transcendée, subjective, d'un monde intérieur. J'ai voulu convertir l'interprétation anecdotique de la lettre arabe qui représentait souvent l'aspect divin du livre sacré, en une ouverture vers d'autres signes ayant leurs propres symboles pour contourner cette tradition religieuse qui nous a été léguée depuis des siècles», explique Abdellah Sadouk. Mais, sa plate-forme s’est éclairée puisque la géométrie de ses compositions s’est rendue de plus en plus aérienne. Alors là il n’y a absolument pas de rupture dans ce travail. On dirait plutôt une nette évolution : apparemment lente mais plus grande ouverture au monde. Il possède toujours cette énergie dans la représentation du visible. On le connaît très bien, c’est sa marque déposée. Il a souvent fait preuve d’une foi obstinée et profonde. Et son travail ne cesse de gommer le détail pour explorer les lignes de force d’architectures ou de bords de mer baignés de lumière. C’est cette lumière tout intérieure que l’artiste expatrié porte en lui.
En somme c’est l’art dans tous ses états. Tout cela fait foi d’une générosité nettement perceptible dans les travaux de Sadouk. Certains avançaient qu’il est un peintre décoratif. Ils faisaient fausse route, pour sûr. Abdallah demeure l’un des créateurs les plus singuliers. Un créateur placide, qui ignore la mélancolie ambiante. Et ses oeuvres, très enracinées dans la culture berbère saharienne, sont tournées vers un avenir dont elles paraissent si lumineuses. Elles sont prometteuses. Le peintre avance toujours et accorde une haute importance à son art. Modeste, comme le sont les vrais artistes, il sait pertinemment que son travail a besoin de temps pour être apprécié. «En dehors du côté sacralisant de la lettre arabe, je porte mon intérêt, en tant que peintre, à sa structure qui se modifie pour son autonomie », nous explique l’artiste. Et d’ajouter : « Je remplis mes toiles jusqu'à saturation, ensuite j'élimine et je nettoie le support qui devient une espèce de palimpseste chargé de suggestions interminables. Comme le monde est plein d'accumulations qui ne cessent de se reproduire, je ne cesse à mon tour de faire, défaire et refaire. Je ne suis que le témoin du chaos quotidien de mon époque». Cependant, pour lui, le temps s’accélère et ses toiles sont à peine accrochées que déjà elles s’envolent vers de nouveaux horizons.