-
Greffiers en grève
-
Un homme arrêté après avoir brisé des vitres de l'ambassade du Maroc en Suède
-
La délégation marocaine réitère les quatre fondamentaux de la position du Royaume au sujet du Sahara marocain, tels que définis par Sa Majesté le Roi
-
Droit d'accès à l'information: Débat institutionnel pour la révision du cadre juridique
-
Le Maroc participe au Caire à une réunion sur le traitement médiatique des questions environnementales
La communauté marocaine qui s’élève à 700.000 personnes soit 1,5% de la population espagnole, occupe, toujours selon ledit rapport, la deuxième place du podium des crimes commis par les étrangers derrière les Roumains. Ces deux nationalités sont responsables de 20.000 crimes commis en 2015 dans la péninsule Ibérique, a révélé le rapport en précisant que les Marocains sont plus violents puisqu’ils sont à l’origine des meurtres, des viols, de la violence contre les femmes et du trafic de drogue.
Selon le site Lagaceta, les membres de la Brigade des étrangers relevant de la police nationale espagnole impute la hausse du taux de criminalité parmi les ressortissants marocains à des raisons religieuses, culturelles et sociales. Ces policiers pensent que la religion islamique est la principale cause de la délinquance puisqu’ils estiment que l’islam est incompatible avec les lois européennes notamment en ce qui concerne le traitement des femmes. La preuve, selon eux, ce sont les nombreux crimes commis au sein des familles.
Concernant les facteurs cultuels et sociaux, les membres de ladite brigade estiment que tous ces Marocains proviennent d’une zone géographique où le droit à la vie et aux biens n’est pas respecté et qu’ils ont déjà des antécédents criminels dans leur pays d’origine.
Faut-il prendre ces chiffres au sérieux ? Absolument pas, puisque ces statistiques suscitent plus d’interrogations qu’elles n’apportent de réponses. En fait, de qui parle-t-on ? Ces chiffres sont basés sur quels critères ? Celui de la nationalité des personnes condamnées ou leur origine ? S’agit-il de personnes qui ont acquis la nationalité espagnole ou de leurs descendants ? Sont-ils de la première, de la deuxième, de la troisième ou de la quatrième générations ? Qu’en est-il du statut de ces migrants (réguliers ou irréguliers, ressortissants étrangers ou naturalisés) ? Qu’en est-t-il de leurs conditions sociales (accès ou non au travail légal, inscription à la sécurité sociale, etc.) ?
Mais au-delà de ces interrogations, les Marocains seraient-ils plus portés sur la délinquance que les Espagnols ? La réponse est on ne peut plus négative. Ainsi si une forte proportion de Marocains sont condamnés pour homicide, viol ou violence, c’est parce que ce sont des étrangers qu’on peut facilement dénoncer auprès de la police ; laquelle peut aisément les identifier et les traquer sans prendre de gants. Et ce n’est pas le cas pour les Espagnols dits de souche dont bon nombre de crimes ne sont ni dénoncés, ni soumis à la justice. Ceci d’autant plus que le genre de crimes commis par des étrangers donne plus d’autonomie d’action aux policiers et permet des placements illégaux en garde à vue ainsi qu’une large palette de qualifications judiciaires.
Le fait que les Marocains représentent 18 % des condamnés et 10 % des détenus ne peut donc être expliqué par la seule gravité des délits commis. Si les Marocains sont si nombreux derrière les barreaux, c'est parce qu’ils sont souvent lourdement sanctionnés. En effet, les étrangers subissent des peines plus lourdes que les nationaux, bénéficient moins de condamnations avec sursis et de plus de peines d’emprisonnement ferme et plus longues que les nationaux.
A ce propos, Salvatore Palidda avait indiqué, il y a quelque temps, dans un article intitulé « La criminalisation des migrants », que les arrestations, les incarcérations et les condamnations des migrants ont été en augmentation constante depuis les années 1990 dans les pays de l’Europe du Sud et que leur nombre a été supérieur à celui afférent à l’augmentation de la population immigrée qui demeure, dans des proportions relativement modestes (toujours moins de 2% de la population totale). Il a constaté également une substitution progressive des immigrés aux nationaux en particulier parmi les jeunes accusés de délits de rue (tentative de vol, vol, détention et trafic de drogue, etc.) et que la grande majorité des délits attribués aux immigrés concerne des infractions aux normes relatives à l’immigration. Au cours des dernières années, tant en Italie qu’en Espagne et en Grèce, on observe, selon l’auteur, une certaine diminution du nombre de détenus nationaux et une hausse de celui des détenus immigrés.