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La cause de cette maladie qui touche le foie peut être toxique, suite à la consommation excessive de certains médicaments ou d’alcool par exemple, comme elle peut être d’origine virale. Les hépatites d’origine virale sont les plus fréquentes et sont classées en fonction de la famille du virus responsable de l’infection. Parmi les 5 formes d'hépatites connues, l’hépatite C est l'une des plus fréquentes. Malgré l'existence de traitements efficaces contre cette infection, le dépistage reste encore le maillon faible dans la lutte contre celle-ci.
Les autorités sanitaires pèchent par omission du rôle du dépistageL’hépatite virale C (VHC) constitue, par sa fréquence et son potentiel évolutif vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire, un sujet de préoccupation majeur dans le monde. Plusieurs travaux, s’appuyant sur la modélisation prévisionnelle, suggèrent une augmentation des complications liées au VHC dans le futur. Les estimations de l’Organisation mondiale de la santé classent le Maroc dans une zone de prévalence moyenne (1–2.5 %) pour le virus de l’hépatite C. Par ailleurs, peu de données sont disponibles sur le fardeau futur du VHC au Maroc en termes de fréquence et de complications avec toutes les implications économiques de ce problème de santé publique.
En effet, au moins 500.000 personnes sont infectées par l’hépatite C au Maroc. Le Royaume déplore, chaque année, au moins 5.000 décès liés aux complications de cette maladie du foie, soit 13 décès par jour, selon l’Association de lutte contre le sida (ALCS). Cette dernière précise que «le virus de l’hépatite C affecte de manière disproportionnée les populations marginalisées, notamment les personnes usagères de drogues par injection, souvent stigmatisées et criminalisées».
Dans le but de réduire les nouvelles infections et la mortalité liée au VHC de 50% d’ici 2026, le Maroc a lancé un plan stratégique de lutte contre les hépatites virales. «Il permettra de sauver plus de 4.000 vies humaines et d’éviter 2.300 cancers liés à l’hépatite virale C», lit-on dans un communiqué du ministère de la Santé.
Absence de dépistage
A moins qu’un dépistage ne soit réalisé de façon fortuite, l’infection par le VHC est généralement diagnostiquée tardivement, lorsque l’hépatite C devient chronique et que ses conséquences sur le foie sont avancées.
Dans les 2 à 12 semaines suivant l’infection, le VHC provoque une hépatite aiguë. Dans la plupart des cas, les symptômes (fatigue, ictère, urines foncées, selles blanchâtres) sont inexistants et la maladie imperceptible par le malade lui-même. Mais exceptionnellement (dans moins de 1% des cas), l’hépatite aiguë est dite fulminante : le foie est alors très endommagé et les symptômes sont sévères. Dans ce cas, une transplantation hépatique doit être envisagée en urgence.
La phase d’hépatite C aiguë correspond à une période au cours de laquelle le système immunitaire tente de se débarrasser du virus : seuls 10 à 20% des personnes infectées y parviendront et guériront de l’infection. Pour les 80 à 90% restants, l’infection devient chronique et le virus s’installe définitivement dans les cellules du foie.
Au Maroc, l'absence de dépistage empêche de prendre conscience du besoin de traitement. «Aujourd'hui, des traitements efficaces existent et sont relativement accessibles, mais le dépistage pose problème : les gens hésitent en raison d'un manque d'information, de la complexité de la démarche et du coût. Ces obstacles entravent considérablement la prise en charge de l'hépatite», explique Dr Mounaïm Fraihat, gastro-entérologue et hépatologue.
Selon lui, «dans la réflexion sur l’évolution des stratégies de dépistage des hépatites B et C, il faut tout d’abord intégrer l’importance de diversifier l’offre et les acteurs de dépistage». «Les dépistages dans les pharmacies, dans les hôpitaux ou encore dans les centres de santé doivent être mis en place et promus car ils permettent de cibler des populations très différentes. La mise à disposition des TROD (Test rapide d'orientation diagnostique), qui sont un outil (et non une stratégie) de dépistage, permettra de proposer le dépistage au plus près des populations les plus exposées au risque d’hépatite, réalisé par des acteurs de terrain», estime le spécialiste. «Ces nouvelles actions permettront d’atteindre des populations qui n’accèdent pas ou peu au dispositif de dépistage actuel», précise-t-il.
Symptômes tardifs
Durant des années, l’hépatite C chronique progresse silencieusement. Les cellules du foie infectées, détruites par les défenses immunitaires, sont progressivement remplacées par un tissu cicatriciel fibreux. Le degré de fibrose atteint par chaque patient est difficilement prédictible car il dépend de beaucoup de paramètres dont certains sont méconnus (âge, co-infection par le VIH ou par le VHB, consommation d’alcool…).
Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) en France, chez 10 à 20% des patients, la fibrose évolue vers une cirrhose après 10 ou 15 années. Le foie n’est alors plus capable d’assurer ses fonctions normales et des symptômes graves apparaissent : hémorragie au niveau de l’œsophage ou du tube digestif, ascite (liquide présent dans l’abdomen), œdèmes…
Parallèlement à l’atteinte du foie, la plupart des malades développent aussi d’autres symptômes : fatigue, insulinorésistance puis diabète, pathologies cardiaques, troubles cutanés…
Pour les patients dits cirrhotiques, il existe à terme un risque accru de cancer du foie (hépatocarcinome ou carcinome hépatocellulaire) : chaque année, 1 à 5% d’entre eux développent un cancer.
Révolution thérapeutique
Toujours selon l’INSERM, l’objectif du traitement de l’hépatite C chronique est d’éradiquer le virus de l’organisme. Il permet de stopper le processus de dégradation du foie. Le foie étant capable de se régénérer, la guérison permet aussi d’envisager une régression partielle de la fibrose, sans que l’on puisse la prédire. En revanche, le traitement antiviral ne permet pas toujours de changer le cours d’une cirrhose ou d’un cancer du foie, des pathologies qui relèvent de traitements spécifiques. Il est donc important de débuter le traitement avant que n’apparaissent les symptômes hépatiques.
Jusqu’en 2014, le traitement de référence de l’hépatite C chronique reposait sur l’association de deux molécules : l’interféron pégylé et la ribavirine. Administré durant 24 à 48 semaines selon le profil (ou « génotype ») du virus, ce traitement permettait d’atteindre la guérison chez près de 40% des personnes traitées. Pour les autres patients, la bithérapie n’était pas efficace, difficile à suivre ou mal tolérée. Aucun traitement ne pouvait être proposé à ces personnes en impasse thérapeutique.
Depuis, une nouvelle génération d’antiviraux d’action directe (AAD) a été développée et commercialisée. Ils ciblent des mécanismes spécifiques de la réplication du virus et sont en règle générale prescrits en association. A ce titre, ils offrent une efficacité comprise entre 95 et 100%, selon les combinaisons thérapeutiques, selon l’INSERM.
Depuis leur commercialisation, la grande efficacité et la bonne tolérance des AAD ont profondément modifié la stratégie thérapeutique de la maladie. Initialement réservé aux patients dont la fibrose était avancée, et aux personnes à risque (co-infection VIH, manifestations extrahépatiques...), le traitement a été progressivement élargi aux patients dont la fibrose est minime et même asymptomatique. On estime ainsi que 99% des patients traités par une association d’AAD (déterminée selon le génotype du virus, le profil et les comorbidités du patient) guérissent après 8 à 12 semaines, parfois 16 semaines de traitement.
Mehdi Ouassat
Principaux faits
Les manifestations de l’hépatite C peuvent aussi bien être aiguës que chroniques et être bénignes ou graves et irréversibles, comme la cirrhose et le cancer.
Le virus de l’hépatite C est transmis par le sang : les modes d’infection les plus courants passent par l’exposition à du sang, notamment lors de pratiques d’injection à risque, de soins de santé à risque, de la transfusion de sang et de produits sanguins n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage, de la consommation de drogues par injection ou de pratiques sexuelles entraînant une exposition au sang.
A l’échelle mondiale, on estime que 58 millions d’individus sont porteurs chroniques du virus de l’hépatite C, 1,5 million environ de nouvelles infections survenant chaque année. On estime à 3,2 millions le nombre d’adolescents et d’enfants atteints d’une infection chronique par le virus de l’hépatite C.
L’OMS estime qu’en 2019, environ 290.000 personnes sont mortes d’une hépatite C, le plus souvent des suites d’une cirrhose ou d’un carcinome hépatocellulaire (cancer primitif du foie).
Des médicaments antiviraux permettent de guérir plus de 95% des personnes infectées par le virus de l’hépatite C, mais l’accès au diagnostic et au traitement est limité.
Il n’existe pas actuellement de vaccin efficace contre l’hépatite C.