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Rappelons à ce propos que les exportations marocaines de textile-habillement n'ont pas fini de subir les conséquences négatives de la crise économique et l'appréciation du dollar par rapport au dirham. D'après le Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (CEDITH), le Maroc est le pays le plus touché parmi les quatre pays fournisseurs méditerranéens (Turquie, Egypte et Tunisie), avec une baisse de 16,4% qui le fait glisser de la 7ème place en 2009 à la 10ème place. Une position qui s'explique par la chute de 15,7% enregistrée dans le secteur en 2010. Les statistiques de l'Office des changes sont alarmantes : «Pour les cinq premiers mois de 2010, les exportations de vêtements confectionnés ont chuté de 17,2% par rapport à fin mai 2009 et celles d'articles de bonneterie sont en recul de 16,2%». Une situation qui s'explique également par certains transferts de sourcing européen au profit de fournisseurs asiatiques tels que la Chine, l'Inde et le Bangladesh. La compétitivité de ces pays est de plus en plus importante. C'est pourquoi leurs parts de marché ont bondi de 44,5 à 56,4% entre 2005 et 2009 pour atteindre les 68% en 2010. En un mot : un sacré coup pour l'offre exportable du Maroc qui voit ses parts de marché chuter, avec une contraction de 3,5 à 2,8% en 2009 pour atteindre une chute de 7% en 2010.
Face à cette situation, l'actuelle pénurie du coton indispensable pour toutes les chaines de fabrication marocaines (textile et confection), annonce de gros orages pour les jours à venir. Surtout que le stock marocain de coton, matière et fils compris, est sur le point de s'épuiser. Au moment où nous mettions sous presse, plusieurs opérateurs que nous avons contactés nous ont certifié qu'ils n'arrivaient pas à réalimenter leurs stocks en cette matière cruciale pour leurs industries. Tous leurs efforts et multiples contacts avec leurs fournisseurs directs américains et africains se sont soldés par un échec. Pire : ils se sont trouvés confrontés à une hausse des prix importante qui avoisine les 800% par rapport à l'année précédente. C'est ce qu'a au moins affiché la Bourse de Chicago qui a quadruplé les prix de cette matière première. Pour les industriels marocains, ils doivent y ajouter d'autres charges colossales, à savoir les frais de transport et de douanes. En somme, il semble qu'ils ne peuvent pas prendre le risque d'importer du coton dans de telles conditions. Et même s’ils décident de le faire pour honorer leurs contrats envers leurs clients européens, d'autres clients en lice pourraient leur tenir la dragée haute.
Influence du facteur temps sur les prix
Selon le Centre de commerce international, dans le monde du coton, le coût moyen de stockage d'une livre de coton égrené pendant un mois (qui comprend les frais de stockage, d'assurance et charges d'intérêts) s'établit entre 0,5 et 2 cents. Une charge qui varie substantiellement d'un pays à l'autre. Et ce, en fonction des taux d'intérêt, des coûts de stockage et de l'assurance, de transit et de frais de douanes. Le Maroc est l'un des pays qui affichent des taux d'intérêt élevés. Il présente automatiquement des coûts de stockage élevés à cause du revenu perdu sur les recettes qui ne peuvent être déposées en banque. En revanche, «pour obtenir le même revenu, le vendeur d'une balle devra facturer plus cher une vente sur plusieurs mois qu'une vente à livraison rapide», précise le CCI. Ainsi, «le coût de l'entreposage du coton est considéré comme un coût non récupérable ou fixe, et le stockage n'est pas facturé, mais dans d'autres pays, le stockage est facturé sur une base mensuelle», poursuit le Centre. Il est à noter en parallèle que les achats ou les ventes les plus courants sont probablement ceux au comptant ou spot pour livraison immédiate. «L'essentiel du coton graine est vendu par les producteurs comptant à la livraison. Cependant, dans de nombreux pays en développement, les prix sont fixés avant la récolte, et les producteurs sont payés des mois après la récolte, mais le prix reste fixé sur la base d'une livraison à la récolte», adopte un rapport du CCI. Chose que les industriels marocains font. Ce qui les expose aux risques des ruptures de stocks car nombre d'usines de textile marocaines fixent le prix à payer sur la base d'une livraison immédiate, avec parfois un paiement différé en fonction des conditions négociées avec les vendeurs. Et c'est la raison pour laquelle l'actuelle pénurie ne favorise pas leur business. Ils sont alors obligés d’encaisser le coup dur et de subir la hausse spontanée des prix. Surtout qu'ils ne sont pas intéressés par la formule des ventes et achats à terme à prix fixé. Cette formule de ventes physiques à terme à prix fixé (ferme) qui impliquent des engagements de la part des fournisseurs de livrer ou de prendre livraison du coton dans l'avenir à un prix déterminé aujourd'hui. Selon les observateurs, les industriels marocains devraient opter pour une formule idéale, celle d'acheter le coton bien avant la récolte. Et ce, par le biais d'un préfinancement des intrants accordé par les acheteurs. Nos usines de textile peuvent ainsi organiser la livraison du coton dans l'avenir, en fixant les prix au moment de la négociation. Une manœuvre moins risquée que les transactions à prix ouvert couramment utilisées sur les marchés qui favorisent le contrat à terme sur coton ICE Futures U.S, à savoir acheter ou vendre à prix ouvert. Ainsi, «le vendeur négocie la différence entre le prix au comptant et le prix à terme («la base») avec l'acheteur, étant entendu que le vendeur peut appeler l'acheteur à tout moment avant l'expiration d'une échéance mensuelle donnée du marché à terme et fixer le prix comptant sur la base du prix à terme coté au moment de l'appel téléphonique. De la même manière, un acheteur peut «appeler» le vendeur pour fixer le prix effectif du coton livré sur la base du prix à terme coté au moment de l'appel téléphonique», résume le CCI. Ces transactions à prix ouvert permettent, certes, aux acheteurs et aux vendeurs d'éliminer le risque que les prix au comptant sur un marché local évoluent différemment des prix à terme pour le coton américain livré aux Etats-Unis, et ainsi améliorer l'efficacité du contrat à terme en tant qu'instrument de couverture. Mais elles n'éliminent pas le risque de la surenchère des prix en cas de pénurie.