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C’est ce qui ressort de l’intervention du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, lors de la séance plénière mensuelle consacrée à la politique générale tenue mardi dernier à la Chambre des conseillers sur le thème "La charte de la déconcentration administrative et les défis de la justice spatiale et sociale".
Echec
Pour combien de temps les Marocains doivent-ils attendre ? Le chef de l'exécutif admet que cette question «n'est pas facile». Toutefois, il estime que «dans six mois, son gouvernement parviendra à mettre en œuvre ce qui a été convenu», tout en précisant que «toutes les commodités seront fournies afin de faire passer les pouvoirs centralisés aux régions».
Faut-il croire le chef du gouvernement sur parole? En effet, les annonces et les promesses concernant l’opérationnalisation du chantier de la déconcentration administrative et celui de la régionalisation avancée se suivent et se ressemblent depuis bien longtemps, mais sans grands résultats tangibles ou concrets. A rappeler, à ce propos, les tentatives de l’exécutif depuis 1993 qui ont connu un échec total.
Manque
Un rapport du CESE datant de 2016 intitulé : «Exigences de la régionalisation avancée et défis de l’intégration des politiques sectorielles», a indiqué que ce chantier a été marqué par «un manque de vision globale et de volonté politique ferme d’engager une vraie déconcentration qui «bat en brèche» l’approche verticale et centralisatrice de l’administration», et ce «malgré l’insistance et les appels répétés de SM le Roi qui a clairement exprimé son désappointement vis-à-vis de l’attitude laxiste du pouvoir exécutif». Le Souverain a, en effet, déclaré dans son discours d’ouverture de la session parlementaire du 11 octobre 2013 et après avoir évoqué l’avancement du dossier de la régionalisation : «Il appartient au gouvernement d’activer l’adoption de la charte de déconcentration administrative d’autant plus que cette initiative relève de sa compétence, et qu’elle ne tient qu’à sa volonté propre. Cette charte Nous l’avons appelée de nos vœux à maintes reprises».
Toujours selon le rapport du CESE, l’analyse du processus de la déconcentration révèle «un paradoxe en ce sens qu’au lieu de précéder la régionalisation et de la préparer, elle en devient un corollaire comme s’il s’agissait d’une mesure d’accompagnement et non d’un réel besoin de modernisation et de bonne gouvernance administrative».
Ledit document ajoute que «la déconcentration est censée en effet émaner d’une réflexion interne de l’administration mue par le souci de rendre le meilleur service public au plus près du citoyen et traduire la nécessité pour l’administration d’évoluer et de s’adapter aux diverses réformes économiques et institutionnelles engagées par le pays ainsi qu’aux exigences du mouvement de décentralisation et des besoins pressants et légitimes des populations».
Défis
L’actuelle équipe gouvernementale réussira-t-elle là où beaucoup ont échoué ? Difficile d’y répondre avec certitude puisque plusieurs défis persistent. En effet, le chef du gouvernement n’a pas jugé utile d’informer l’opinion publique sur les résultats de validation de tous les schémas directeurs des départements concernés puisque jusqu’à 2019, seuls trois ministères ont pu faire valider leurs plans par la commission interministérielle présidée par le chef du gouvernement, à savoir l’Intérieur, les Finances ainsi que l’Equipement, l’Eau et le Transport.
Le défi des postes régionaux de responsabilité s’impose également dans ce débat puisqu’il y a encore le problème du redéploiement des hauts cadres et responsables capables d’accompagner le processus de déconcentration administrative.
A rappeler que le ministre de la Réforme de l’administration et de la Fonction publique a annoncé la présentation d’un projet de loi pour modifier la loi organique portant sur la nomination dans les postes de responsabilité pour «introduire la notion de postes de responsabilité régionaux». En effet, la notion de haute fonction n’existe pas actuellement au niveau infra-national.
Les directeurs régionaux des administrations sont en effet assimilés à des chefs de division. Idem pour la question de la mobilité des fonctionnaires qui peine à démarrer en raison des réticences de certaines parties.
A souligner, cependant, que le redéploiement des fonctionnaires et des agents de l’administration centrale au niveau régional ne pourra pas se faire du jour au lendemain.
Fronts
En effet, la mise en œuvre réussie de la régionalisation impose, selon le CESE, de relever des défis importants sur plusieurs fronts complémentaires et indissociables. Il s’agit notamment et principalement de réussir le processus d’implémentation de la régionalisation dans sa phase initiale d’amorçage et de mise en place des structures d’administration et de gestion; d’engager une déconcentration administrative réelle et aboutie; de créer les conditions d’une bonne intégration des politiques publiques; de créer les conditions d’une bonne pratique de la démocratie participative favorisant le développement économique du territoire; de promouvoir le développement social et la résorption des inégalités; de renforcer les ressources financières de la région et de protéger et valoriser les ressources naturelles.
Hassan Bentaleb