«Là maintenant, c’est un point de non retour, je tiens à arracher mon divorce coûte que coûte…. ». D’aucuns seront enclins à penser qu’il s’agit là du témoignage d’une personne devant le juge de la famille. Détrompez-vous, c’est le cri d’une femme en détresse qui fait part de sa peine avec véhémence à un interlocuteur à l’autre bout du fil. Rien de plus normal, seulement ces «confidences» sont faites à haute voix et en public. La discrétion n’est pas de mise. La vie intime est étalée dans tous ses détails même les plus sordides. Elle a continué sur sa lancée faisant fi des règles les plus élémentaires de bienséance. Au bout de quelques minutes une fois son sac déballé, elle s’est remise dans son coin comme si de rien n’était. Pour sûr, une autre personne prendra la relève car c’est un vrai phénomène social en vogue. Nul besoin de dire que les téléphones portables ont amélioré notre quotidien vu l’usage qu’on en fait. En atteste le rapport de l’Agence nationale de la réglementation des télécommunications qui affirme que le nombre d’utilisateurs du téléphone mobile est en constante augmentation. Ils sont passés ainsi à 35 millions d’abonnés au 30 juin 2011 contre 33,4 millions à fin mars de la même année. Des résultats performants certes. Mais le revers de la médaille demeure cette pollution sonore qui indispose. Que ce soit dans la salle d’attente d’un médecin, dans un café ou même dans une gare, aucun endroit n’est épargné. On peut même parler d’agression d’un genre nouveau car personne n’a souhaité être inondé par les palabres des autres. On se croirait parfois dans un souk alors qu’il aurait suffi d’un minimum de discrétion. Souvent même le contenu de la communication est d’une banalité affligeante au point qu’elle n’a même pas lieu d’être, mais c’est juste un prétexte pour attirer l’attention sur soi. Il en est ainsi de certains jeunes qui, pour épater la galerie et fiers de leur portable dernier cri, s’amusent à appeler leurs copains inconscients du dérangement qu’ils causent autour d’eux.
Il peut même arriver d’être assis tranquillement chez soi et de suivre en détail une conversation téléphonique qui se déroule dans la rue ; aussi invraisemblable que cela puisse paraître. Quel besoin a-t-on de crier haut et fort ce qu’on peut confier dans la plus grande discrétion ?
Il faut rappeler que pour les «communications fleuve», certains opérateurs de téléphonie ont bien pensé à leurs adeptes en adoptant certains forfaits. Quoique le rapport de l’ANRT parle d’une régression de l’usage moyen par mois et par client du téléphone fixe, il est passé de 141 minutes/mois/client au premier semestre 2010 à 131 minutes/mois /client un an plus tard, force est de constater que ce produit est très prisé notamment par les ménagères. Au moins, entre quarte murs, on peut laisser libre cours à toutes ses émotions loin des oreilles indiscrètes.
Nul besoin de parler des sonneries fortes ; une vraie cacophonie. Certes, il y va de la liberté de tout un chacun mais lancées au maximum avec des mélodies plus «originales» voire plus détonantes les unes que les autres, on ne sait plus vraiment sur quel pied danser.
Et je vais de ce pas ….téléphoner