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Les industriels ne savent plus à quel saint se vouer. Le débat scientifique qui partage la France concerne bien, selon les spécialistes, quelque 400 spécialités pharmaceutiques, utilisées en majorité de façon très courante et qui contiennent les trois catégories de perturbateurs endocriniens, conservateurs à toxicité et à effets cancérigènes. La liste établie par l’Asffaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) des médicaments à interdire comprend aussi bien des sirops pour toux (Humex, Broncathiol, Rhinathiol, etc), des cosmétiques pour enfants et des crèmes (Biafine), des dentifrices (Elgydium, Fluocaril), des antibiotiques (Gentamicine, oraciline), que des médicaments utilisés en chimiothérapie anticancéreuse. Les pansements gastriques (Maalox, Gaviscon) et les traitements des troubles du transit font également partie de la liste noire. Ceci dit, l’alerte lancée par les responsables de la pharmacovigilance française mérite bien le tapage médiatique qui a été fait à son propos : des vies humaines sont menacées.
Ainsi, ledit projet de loi adopté par l’Assemblée Nationale française et envoyé à la commission des affaires sociales du Sénat, sous réserve de la constitution éventuelle d’une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement de cette Chambre haute, vient répondre aux attentes des spécialistes en pharmacovigilance qui réclament le retrait immédiat de tous les médicaments contenant ces trois catégories de perturbateurs endocriniens et l’interdiction de leur fabrication, importation, vente ou l’offre des produits les contenant. C’est d’ailleurs la revendication que stipule l’unique article de ladite loi.
En revanche, les autorités marocaines, en l’occurrence le ministère de la Santé, n’ont ouvert aucun débat sur la question des phtalates, parabènes et des alkylphénoles utilisés par les industriels marocains et consommés en grandes quantités au Maroc. Et pourtant, plus de 30 médicaments des 400, contenant ces trois catégories de perturbateurs endocriniens, listés par l’Asffaps, sont écoulés sur le marché local, soit 7,5% des produits bientôt interdits en Europe. Selon les observateurs, «le débat autour de l’interdiction de l’utilisation des parabènes, des phtalates et des alkylphénols s’impose de plus en plus. Les autorités compétentes et les professionnels doivent s’y préparer.» Surtout que l’enjeu financier dans cette optique ne manque pas non plus d’importance : ce sont des millions de dirhams qui sont ainsi mis en jeu.
D’après les statistiques de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP), «le chiffre d’affaires du secteur est estimé en 2010 à 7,9 milliards de dirhams, dont 65% de la demande est une fabrication locale en 2010, soit 5,1 milliards de dirhams. L’importation étant estimée seulement à 35% avec plus de 2,6 milliards de dirhams durant la même année. Quant aux exportations, elle oscillent entre 8 et 10% de la production nationale, soit 510 millions de dirhams».
Les 30 médicaments mis en question par les spécialistes français représentent, à eux seuls, plus de 15% de la production nationale et 5% des importations en la matière. Ce qui ne fait pas le bonheur des professionnels du secteur qui observent tout de même le silence assourdissant en attendant la décision du Sénat français. L’impact serait certes fatal sur leurs trésoreries.
Un observateur averti nous a expliqué le silence des officiels et des industriels à sa manière : «Seule la santé du citoyen marocain est en jeu dans cette affaire. Même interdits en France, ces médicaments trouveront aisément leur place dans les rayons des pharmaciens nationaux. C’est pourquoi tout le monde, y compris le ministère de tutelle, fait la politique de l’autruche». Par ailleurs, «on préfère ne pas faire savoir aux gens que leur vie pourrait être en danger. Et le silence est le pire des mensonges, surtout quand l’impunité est une monnaie courante », conclut-il.