Nouveau souffle, recadrage des actions, recentrage des objectifs : Faut-il remanier le gouvernement Abbas Al Fassi ?


Narjis Rerhaye
Mardi 16 Novembre 2010

"Un remaniement, pourquoi faire ? Qu'est-ce qui justifierait un tel acte?". Le leader du PPS en est convaincu. D'un point de vue strictement politique, explique-t-il, il n'y a pas urgence à procéder au remaniement du gouvernement d'Abbas Al Fassi. "Mais attention, nous ne sommes pas dans les secrets des Dieux. Il peut y avoir des raisons qui n'ont pas d'essence politique et qui procéderaient de la volonté de dynamiser tel ou tel secteur. En tout cas, en tant que responsable politique, je n'en ai pas été saisi", s'empresse de préciser Nabil Benabdallah, celui-là même qui préside aux destinées d'un parti de la majorité.
Depuis plusieurs mois, le remaniement de l'équipe ministérielle conduite par le patron de l'Istiqlal meuble les discussions de salon et les "unes" des journaux. Faut-il remanier le gouvernement issu des législatives de 2007 et dont plus de la moitié des membres appartient à la technostructure ? La question fait désormais du marronnier, du nom de cette tradition journalistique qui reprend tous les ans les sujets incontournables, des éphémérides de l'année qui s'achève au prix du mouton à la veille de chaque Aïd El Kebir.
Et si à la majorité on balaie la question du remaniement gouvernemental d'un revers de la main, à l'opposition par contre les critiques fusent. L'Exécutif ne fait pas l'unanimité et on lui reproche son essoufflement à deux ans des prochaines élections. "Il faut remanier le gouvernement d'Abbas Al Fassi pour restreindre l'équipe. Il y a besoin aujourd'hui d'une équipe ramassée dont l'action aurait du sens. Il est urgent de donner un nouveau souffle à ce gouvernement et par là même à la politique. A l'approche du scrutin de 2012, il faut pouvoir ouvrir des débats, des vrais. On ne peut pas continuer de la sorte!", s'exclame Lahcen Daoudi, président du groupe parlementaire du PJD.
Une équipe plus réduite et dont l'action serait recentrée ; un gouvernement qui ferait plus preuve de cohésion et de solidarité aussi. Au PAM, on n'en finit pas de faire remarquer l'absence d'homogénéité de l'Exécutif en pointant ces responsables parlementaires de la majorité qui se désolidarisent de certains ministres. Du jamais vu ! "Ce manque d'homogénéité conduit automatiquement à une non complémentarité entre les différents secteurs ministériels. Il n'y a pas d'approche globale dans l'action gouvernementale. Dans ce sens, le programme gouvernemental fait figure d'un simple discours sans véritable stratégie commune à tous les départements composant le gouvernement", explique Habib Belkouch, membre du bureau national du Parti Authenticité et Modernité.  "Devant une telle situation, à quoi servirait un remaniement qui ne serait que technique et destiné à donner satisfaction à un parti ou un autre de la majorité? Un vrai remaniement est profond et a pour objectif d'impulser une nouvelle dynamique et accélérer le rythme dans les actions dans le sens de plus d'efficacité. Ce n'est pas du tout le cas en ce qui nous concerne", soupire, pessimiste,  H.Belkouch.

Prendre acte des nouveaux enjeux

Le gouvernement aurait-il mal à son homogénéité ? Son action ne serait-elle pas lisible car non visible à cause d'un déficit de communication que les responsables n'arriveraient toujours pas à dépasser ? C'est en tout cas ce qu'avance Ali Sedjari, président de la chaire des droits de l'Homme à l'Université Mohammed V, à Rabat. Pour cet universitaire, il n'y a pas de gouvernement efficace sans communication ni écoute. "Avant de procéder à un quelconque remaniement, il faut d'abord dresser un bilan de ce gouvernement nommé sur la base des résultats électoraux et qui dispose d'une majorité pour le moins disparate. Il faut le dire, nous sommes en présence d'un bilan mitigé et d'un gouvernement qui donne l'impression de gérer le quotidien, rien de plus. Il n'y a pas de débats, pas de vision sur les perspectives d'avenir alors que gouverner c'est prévoir et décider et pas seulement administrer", fait valoir A. Sedjari tout en relevant la quasi-absence des relations entre le gouvernement et le Parlement et un premier ministre qui déserte l'hémicycle. "Un éventuel remaniement doit prendre acte des nouveaux enjeux. Et l'enjeu ici est d'accélérer le rythme de changement. Il est nécessaire de recentrer les actions gouvernementales. De grands chantiers sont ouverts par le Souverain mais malheureusement ils ne sont pas épaulés par des réformes que devrait mener l'Exécutif. Il est impératif de se réunir autour d'une stratégie forte d'un calendrier sachant que le consensus est contre-productif en termes de projets et d'actions".
Remaniera, remaniera pas? L'interrogation, désormais existentielle, n'en finit pas de traverser les états-majors partisans alors que  le premier ministre préfère ignorer ce que ses proches collaborateurs considèrent être comme une non information. Le personnel  politique, lui, reste divisé entre une majorité adepte de la méthode Coué (tout va bien) et une opposition revendiquant un nouveau souffle pour Abbas El Fassi et son équipe.


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1.Posté par mostafa le 17/11/2010 16:31
On a surtout besoin d'un gouvernement de coalition qui prépare les prochaines éléctions dans la transparence et qui dynamise tous les chantiers ouverts avec efficience et efficacité en prévilégiant l'approche compétence.

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