-
Nécessité de maintenir l'effort de l'investissement public et favoriser son rôle de levier pour l'investissement privé
-
Maroc-Belgique : Signature à Rabat d'un mémorandum d'entente pour renforcer la coopération dans le domaine judiciaire
-
Mohamed Abdennabaoui : Plus de 4 millions Affaires traitées par les tribunaux du Royaume en 2024
-
El Hassan Daki : L’optimisation des performances passe essentiellement par la mise à niveau institutionnelle et humaine
-
Examen de la coopération sécuritaire entre le Maroc et l’Espagne
Un week-end éminemment politique donc qui a vu la réunion en session extraordinaire d'un comité central et de deux conseils nationaux. Samedi 10 décembre, c'est le PPS qui ouvre le bal des conclaves en réunissant à Salé les membres de son comité central. Le parti des anciens communistes ne crée pas vraiment la surprise en acceptant l'offre du patron des islamistes. Le PJD avait d'ores et déjà annoncé, il y a plusieurs jours déjà, la disposition de ce parti de gauche à gouverner avec une équipe aux couleurs foncièrement conservatrices. C'est maintenant officiel, bénédiction des militants à l'appui : le PPS accepte de rejoindre la majorité et le gouvernement Benkirane « au nom de l'intérêt national » et après avoir écouté et analysé le vote des électeurs. Après 9 heures de débat, des militants qui ont voté en faveur de l'entrée du PPS au prochain gouvernement (53 se sont prononcés contre et 7 ont choisi l'abstention), cette formation politique aux destinées de laquelle préside l'ancien ministre de la Communication Nabil Benabdallah va donc prêter main forte à l'Exécutif conduit par Benkirane. « Ce qui est aussi officiel, c'est que le PPS se détache complètement de la gauche en acceptant de rejoindre un gouvernement conservateur. Il ne faut pas oublier que quelques jours seulement avant les élections, le PPS participait à un séminaire organisé au siège de l'USFP, sur le thème du pôle de gauche. Tous les discours enflammés de ce parti sur le nécessaire rassemblement de la famille de gauche sont finis. On a le sentiment que le Parti du progrès et du socialisme a vendu son âme et qu'il n'a pas résisté à l'appétit du pouvoir. La question qui se pose aujourd'hui et à laquelle il devra répondre est de savoir quel sera son référentiel alors qu'il a fait le choix de faire alliance avec les islamistes et de manière plus générale avec un pôle conservateur », s'interroge l'universitaire et titulaire de la chaire des droits de l'Homme à l'Université Mohammed V, Ali Sedjari.
“Le MP ne peut pas vivre en dehors du pouvoir”
En plus du PPS, le Parti justice et développement peut compter sur l'Istiqlal qui a réuni ce dimanche 11 décembre son conseil national. Au lendemain de la victoire du PJD aux élections, les Istiqlaliens s'étaient empressés d'annoncer tambour battant leur disposition à rejoindre Benkirane et sa future majorité. « Une alliance naturelle : le parti fondé par Allal Al Fassi rejoint le camp politique qui a toujours été le sien. Les deux partis prêchent la bonne parole politique dans les mêmes chapelles. Ils puisent leur électorat dans le même terroir », soutient cet observateur de la chose politique. Dimanche, Abbas El fassi, le Premier ministre sortant, a rassuré les siens. L'Istiqlal n'intègre pas la future majorité à n'importe quel prix. Il compte bien négocier pied à pied son entrée dans le gouvernement Benkirane. Le nombre et la nature des portefeuilles ministériels mais aussi ses « ministrables » sont autant de points qui pèseront lourds lors de cette deuxième phase des consultations que le chef de gouvernement désigné devrait entamer en ce début de semaine.
Autre conseil national réuni ce dimanche à Rabat, celui du Mouvement populaire. Une simple formalité, cette fois-ci. Quelques jours auparavant, le Bureau politique du MP avait officiellement fait le choix du soutien plein à la majorité de Benkirane. Le parti de Mohand Laenser revient donc au gouvernement et fait faux bond à ses principaux partenaires du G8, le RNI et le PAM qui eux se sont déjà assis sur les bancs de l'opposition. L'analyse du politologue Ali Sedjari est sans appel. « Que le Mouvement populaire rejoigne le PJD et l'Istiqlal ne devrait pas choquer surtout les avocats de l'émergence d'un pôle libéralo-conservateur. Ce qu'il faut surtout savoir, c'est que le MP ne peut pas vivre en dehors du pouvoir. La preuve, il a très vite tourné le dos à ses amis du G8. A cela il faut ajouter que sa soumission est de plus notoire ! ».
Le chef de gouvernement désigné sera dans les prochains jours chef d'une majorité « ni-ni » : ni tout à fait homogène, ni tout à fait hétéroclite, l'entrée d'un parti de gauche, le PPS, ayant quelque part faussé le jeu et déçu les plans des architectes d'un pôle conservateur.
« Il n'empêche que la carte politique commence à s'esquisser. De grands blocs se dessinent avec un camp plus ou moins conservateur, un front de gauche et un pôle dit libéral. La recomposition du champ politique est malgré tout en marche » conclut Ali Sedjari .