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Les images des violences racistes et islamophobes qui ont secoué le pays ont pu parfois donner l'image, dans le reste du monde, d'un grand flegme, voire d'une certaine passivité, des forces de l'ordre. Car le Royaume-Uni s'en tient à une doctrine apparue au XIXe siècle sous le Premier ministre Robert Peel, considéré comme le père du maintien de l'ordre britannique.
Elle se fonde sur l'idée que le pouvoir de la police repose sur son approbation par le public que seul "un degré minimum de force physique nécessaire" doit être utilisé.
La police britannique est équipée de pistolets à impulsions électriques et a parfois utilisé des gaz lacrymogènes, mais "en dernier recours", souligne Hugo Gorringe, qui dirige le département de sociologie de l'Université d'Edimbourg.
Plutôt que des unités spécialisées dans le maintien de l'ordre comme les CRS ou les gendarmes mobiles en France, leurs homologues britanniques viennent des rangs classiques de la police.
"Les policiers sont en fait des citoyens en uniforme qui sont intégrés à la population", plutôt que des membres de corps spécialisés qui vivent dans des baraquements, explique Hugo Gorringe à l'AFP. "Il n'y a pas d'équipe dédiée aux émeutes. Ce sont des policiers qui sont entraînés pour" et "équipés".
C'est ainsi qu'ont été gérées les violences dans les rues de Southport (nord-ouest de l'Angleterre), qui ont éclaté après le meurtre de trois fillettes sur fond de fausses informations sur le profil du suspect.
Si la police locale se trouve débordée, des effectifs voisins peuvent être envoyés en renfort. Alors que les violences se répandaient à travers le pays, le Premier ministre Keir Starmer a ainsi annoncé la création d'une "armée" de 6.000 policiers spécialisés dans le maintien de l'ordre.
Mais plutôt qu'un tournant vers un modèle européen plus dur, cette annonce relève de la "rhétorique de fermeté", selon l'universitaire.
La rareté des émeutes au Royaume-Uni découle en partie de cette tradition de "policing by consent", de consensus avec la population.
Plutôt que de "frapper fort" au risque de conduire à l'escalade, les policiers britanniques ont, cette fois encore, souvent reculé pour procéder à des arrestations parfois plusieurs jours plus tard, donnant lieu à la vague de condamnations actuelles.
Le renseignement et le dialogue avec la population ont aussi contribué à anticiper et parfois à empêcher les violences.
La police des West Midlands (centre) s'est cependant retrouvée sous le feu des critiques cette semaine après avoir laissé un groupe d'hommes, certains armés, s'en prendre à des voitures et la vitrine d'un pub, après que des responsables communautaires leur avait assuré qu'ils ne causeraient aucun désordre.
Ces critiques, ainsi que des images montrant des affrontements quasi au corps à corps, viennent ébranler les principes de l'approche britannique.
"Si on regarde les tactiques des polices européennes, elles ne plaisantent pas. Elles sortiraient le bon vieux canon à eau", a ainsi relevé Kevin Moore, ancien chef de la police du Sussex (sud), dans le Daily Mail.
La police de Londres dispose de plusieurs de ces véhicules, acquis quand Boris Johnson était maire de la capitale, à la suite des émeutes de 2011.
Mais la ministre de l'Intérieur de l'époque, Theresa May, avait refusé d'autoriser leur utilisation, expliquant: "Là où les preuves médicales et scientifiques suggèrent que ces moyens pourraient causer des blessures graves, où la situation opérationnelle n'est pas claire, et où le principe de consensus serait mis en danger, je ne donnerai pas mon accord".
Si l'efficacité du canon à eau dans des situations évoluant rapidement est discutée, selon Hugo Gorringe, le recours aux gaz lacrymogènes aurait été opportun lors des violences à Rotherham (nord-ouest de l'Angleterre) où un hôtel hébergeant des demandeurs d'asile a été pris pour cible et où les forces de l'ordre se sont retrouvées acculées contre un mur de l'établissement.