Nécessité d’initier un débat serein sur la parité et l’égalité

Cinq associations féminines dénoncent le parti pris du gouvernement


Mourad Tabet
Vendredi 13 Novembre 2015

Plusieurs associations féminines, notamment la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes (FLDDF), Joussour Forum des femmes marocaines, l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM), l’Union de l’action féminine (UAF) et  l’Association marocaine de lutte contre la violence à l'égard des femmes (AMVEF),  ont appelé à initier un débat serein à propos du dernier rapport du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) sur «L’état de l'égalité et de la parité au Maroc» et à ne pas tomber dans le piège de ceux qui tentent de le réduire à la seule recommandation concernant l’instauration de l’égalité homme-femme en matière d’héritage, alors qu’il en compte plus de 100.
Les représentantes de ces cinq associations ont souhaité que ledit rapport soit débattu dans sa totalité loin de tout discours takfiriste ou d’intimidation.
Sans en nommer les auteurs, Fouzia Assouli, présidente de la FLDDF, a critiqué, lors d’une conférence de presse tenue hier à Casablanca, la campagne des forces rétrogrades menée contre ce rapport visant à censurer tout débat sur ses recommandations.
Elle a également critiqué ceux qui veulent «pêcher en eaux troubles, notamment ceux qui ont avancé qu’il est inconcevable d’appliquer l’égalité homme-femme en matière d’héritage au  prétexte que cela posera irrémédiablement la question de la succession sur le Trône. Le problème est mal posé, car l’égalité  concerne des milliers de femmes, alors que cette succession-là ne pose pas de problèmes à la société», a-t-elle tancé.
Quant aux droits économiques et sociaux des femmes, elle a assuré qu’ils sont inséparables du domaine juridique. «Tout changement ou toute réforme juridique aura des conséquences sur le plan économique et social. D’aucuns critiquent le fait que le mouvement féminin insiste sur la réforme des lois concernant les femmes comme l’interdiction du mariage des mineures, alors qu’il passe sous silence tout ce qui a trait au domaine économique et social. Ceux-ci se trompent lourdement. Le juridique est intimement lié aux conditions économiques et sociales des femmes».
La représentante de l’Association Joussour, Ghizlane Benachir, a, pour sa part, appelé les forces qui défendent les droits des femmes à ne pas tomber dans le piège des forces rétrogrades pour détourner l’attention sur la teneur dudit rapport et se focaliser, comme le veulent ces forces, sur la seule recommandation concernant l’héritage.
Elle a rappelé, dans ce sens, la campagne mensongère menée par ces mêmes forces pour saborder le Plan d’intégration de la femme au développement élaboré par l’ancien ministre Said Saâdi.
Ghizlane Benachir a, par ailleurs, affirmé que le gouvernement n’a pas la volonté politique de mettre en application les dispositions de la Constitution de 2011 relatives à la condition des femmes.
Elle a critiqué le fait que les projets de loi présentés par l’Exécutif dans ce domaine aient été vidés de leur substance. «Le projet de loi de l’Instance de parité n’a rien à voir avec la Constitution ou avec les revendications du mouvement féminin», a-t-elle martelé.
Pour sa part, Zahra El Wardi, présidente de l’UAF, a critiqué les tergiversations du gouvernement Benkirane dans l’adoption des lois concernant l’amélioration de la condition féminine.
«Cette question ne constitue pas une priorité pour ce gouvernement», a-t-elle affirmé. Ce qui explique, selon El Wardi, le piètre bilan du gouvernement dans ce domaine.
A noter que les forces réactionnaires avaient tiré à boulets rouges sur le CNDH, en mettant sous le boisseau les différents aspects positifs de son rapport et en focalisant leurs critiques sur la seule recommandation concernant l’héritage. Une campagne takfiriste a été initiée par ces forces, un soi-disant alem dénommé Abou Naim avait même posté une vidéo sur YouTube dans laquelle il qualifie le président du CNDH, Driss El Yazami, de «mécréant» et d’«apostat». Abondant dans le même sens, le chef du gouvernement avait demandé au président du CNDH de présenter «des excuses».


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