-
Nos vœux
-
L’heure du retour au pays des réfugiés syriens aura-t-elle sonné ?
-
Benkirane pérore sur les incendies et la «colère divine»
-
Comment le Maroc redéfinit les standards du tourisme
-
Célébration du Nouvel An amazigh : Un événement majeur reflétant la Haute sollicitude Royale envers la culture et le patrimoine amazighs
L'offre « politique » de Mezouar est en fait un étrange panachage qui regroupe tout à la fois et sans distinction, les sociaux libéraux du RNI, les libéraux de l'Union constitutionnelle, les Imazighen du Mouvement populaire, les néo-libéraux du Parti Authenticité et Modernité, les socialistes, transfuges du Congrès national ittihadi lui-même transfuge de l'USFP, les écologistes de gauche du Parti de la gauche verte, les gauchisants du Parti travailliste, lui aussi né de la matrice ittihadie et enfin les vaguement islamistes du Parti de la Renaissance et de la vertu. L'analyse politique ne peut faire l'économie de ce « point de détail » même au risque d'apparaître comme primaire. Les commentaires ont fusé autour de ce que la chronique journalistique a très vite appelé le « G8 ». Des hypothèses ont été émises, y compris celles les plus politiquement incorrectes. « Le personnel politique est en droit de se poser des questions face à une alliance qui a vu le jour à moins de 50 jours des élections législatives. Qui est dans le viseur de cette coalition ? Contre qui ces 8 formations politiques s'allient-elles ? Quelle est dès lors leur cible commune ? Que peut donc bien lier l'Union constitutionnelle au PS par exemple ? » s'interroge ce politologue de la place.
En l'absence de lien idéologique entre ces 8 partis, ceux de la coalition rétorquent en mettant en avant la nature de leur regroupement: c'est une alliance sociétale autour d'un projet de société basé sur la démocratie, la modernité. Pas de place pour l'idéologie ni pour les concepts « droite » ou « gauche » qui ne seraient plus en vogue aux yeux d'Abdelkrim Benatik. La démarche est innovante. Elle peut aussi être dangereuse. « Ce sont ceux-là mêmes qui ont peur de la démocratie qui proclament haut et fort qu'il n'y aurait ni gauche ni droite et que la démocratie serait en fait monocolore. Peut-on valablement parler de démocratie sans familles politiques aux choix, aux options, aux valeurs différents? La démocratie est tout sauf unanimiste », commente cet observateur de la chose politique en terre marocaine.
L'alliance de ces 8 partis politiques a été présentée par Salaheddine Mezouar, l'un de ses principaux promoteurs, comme une Coalition pour la démocratie. Une sorte de front qui veut se mobiliser, sous l'égide de la nouvelle Constitution, pour défendre la démocratie. « La démocratie serait-elle en péril ? Qui a dit que dans notre pays la démocratie était menacée ? Je dirais plutôt que ces partis qui prétendent avoir peur pour la démocratie ont plutôt peur des résultats des urnes ! » soutient cet universitaire dont le cœur bat à gauche.Au-delà de la rationalisation de l'action partisane et du paysage politique, y a-t-il d'autres raisons, moins avouées, qui auraient présidé à la création de la Coalition pour la démocratie?
La relance de la
Koutla gêne
Sans détenir de réponse formelle, cet observateur n'écarte pas le fait selon lequel le mouvement de relance de la Koutla conjugué au rapprochement des composantes de la gauche doit quelque part gêner. Mais dans le même temps, fait-il remarquer, cette nouvelle alliance si elle contribue à semer davantage de confusion aux yeux des citoyens, elle aura le mérite de clarifier, presque à l'insu de son plein gré, qui est qui et qui est avec qui. « Je parlerai pour ma part d'une confusion clarificatrice ! La gauche n'est pas toujours celle que l'on croit ni là où on pense qu’elle devrait naturellement être! On peut désormais distinguer clairement deux catégories de gauche : la gauche historique et la gauche dérivée qui pratique un opportunisme de mauvais aloi», relève-t-il derrière un sourire ironique.
Confusion, mariage contre-nature, regroupement patchwork, cette coalition à 8 n'a pas fini de faire parler d'elle. A quelques semaines des élections, ils sont nombreux à craindre que cette alliance ne renforce davantage la désaffection des électeurs et la défiance par rapport au politique. « En tout cas, une telle initiative ne facilitera pas le retour des citoyens aux urnes », conclut ce politologue qui n'arrive toujours pas à s'habituer aux errances de la politique à la mode marocaine.