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Le Moussem annuel de Moulay Abdessalam Ibn Mashish, fondateur de la Tariqa Shadhiliya et père spirituel de plusieurs courants soufis de par le monde, se tiendra à partir du 1er juillet 2009 au Jbel Al Alam (province de Larache), et ce en présence effective des Chorfas Alamiyines, de milliers de pèlerins, de fidèles et de disciples des quatre coins du monde.
Selon le Nakib des Chorfas alamiyines, Abdelhadi Baraka, cette cérémonie de commémoration de ce grand saint vénéré sera marquée par la présence d’une grande délégation des provinces du Sud constituée principalement des Chorfas Rguibates, Laaroussiyines et Ahl Sheikh Maa Oulainines, ainsi que les Taqna, Ouled Dlim, Oulad Tidrarin et Ait Oussa.
Ce rassemblement est un message à forte connotation à l’adresse des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume. Elle traduit le lien historique entre le Nord et le Sud ainsi que les liens de sang et de parenté spirituelle qui relient ces tribus avec ce pôle divin de l’islam.
L’école Mashishiya-Shadhiliya, l’une des grandes voies initiatrices du soufisme (tasawwuf), jouit d’un rayonnement spirituel qui a marqué par son influence la vie intellectuelle culturelle et sociale dans une aire géographique s’étendant de l’Afrique à l’Asie et à l’Occident.
L’objectif principal de ce Moussem est de commémorer la voie du Qutb Moulay Abdessalam Ibn Mashish et son importance dans le paysage spirituel marocain dont le seul disciple est Abu al-Hasan Ash-Shadhili qui a fait rayonner ses principes, qu’il reçut de son Cheikh, à travers l’Occident (le Maghreb) et l’Orient par la voie qu’il fonda, Tariqa As-Shadhiliya auprès des populations.
C’était également une occasion propice d’explorer les voies de cette grande sagesse spirituelle qu’est le soufisme et débattre de l’actualité de ses paradigmes résolument humanistes et existentiels où l’être se retrouve réconcilié avec soi-même et son entourage, en pensant localement et agissant globalement. Michel Thao Chao, penseur japonais, a confié à Libé : « J’ai appris beaucoup de choses sur le soufisme au Maroc, tout en sachant que chacun de nous est animé par des états purement mystiques. J’ai vécu des moments forts en côtoyant les cheikhs, les penseurs, les intellectuels et les chercheurs qui ont pris part au Forum mondial de la Mashishiya-Shadhiliya, cette école spirituelle au rayonnement diffus focalisée sur le vénérable ancêtre Moulay Abdesalam Ibn Mashish et son disciple Abou Al Hassan Al-Shadhili. Il faut reconnaître que cette école initiatique possède une certaine universalité, par son extension spatiale (Balkans, Afrique saharienne, océan Indien, Asie du sud-est, Chine ...et aujourd’hui l’Europe et les États-Unis). J’ai bien apprécié les chants sacrés de “Dhikr et Samaa”qui témoignent de la richesse de cette école soufie. J’avais l’occasion également de me soumettre devant le sanctuaire de Moulay Abdessalam Ibn Mashish au Jbel Alem où on a signé la déclaration collective pour la paix et le dialogue entre les cultures et les civilisations et où des Mouftis, des Cheikhs et d’autres dignitaires ont insufflé la part sacrée de l’enseignement du Maître en récitant sa remarquable prière « As Salat al Mashishiya ». J’ai constaté que l’exercice spirituel que les soufis privilégient est les remémorations. Il s’agit d’une pratique consistant à évoquer Dieu en répétant Son nom de manière rythmée et en restant centré sur Sa pensée. Cet exercice est considéré comme une pratique transformatrice de l’âme, car on juge que le nom d’Allah possède une sorte de valeur théurgique qui agit sur l’âme. L’étincelle ultime, selon la religion islamique, c’est le cœur du cœur. Il s’agit de ce qui est à l’intérieur de quelque chose. C’est l’être qui représente un amour infini sans frontières ni autre chose ».
De son côté, Mohammed Hanafi Ould Dah, professeur chercheur et coordinateur de la section « soufisme » au département de philosophie à l’Université de Nouakchot, a déclaré à Libé : « La personnalité singulière de Moulay Abdessalam Ibn Mashish fait partie de ces leaders spirituels et existentiels dont le rayonnement soufi et la percée se sont propagés dans le monde entier et dont la gnose a brisé les confins de l’esprit, dépassant toute forme de contrainte et de frontière. Moulay Abdessalam Ibn Mashish a laissé au monde une prière lumineuse sur le Prophète. Cette prière reflète l’amour qu’il avait pour le Prophète et incite à la concorde et à la miséricorde. Le soufisme repose sur l’amour et concerne le patrimoine commun humain. Par-delà, le soufisme tend en permanence à enraciner l’union entre les humains et, a fortiori, entre des pays liés par la religion, la langue, la culture, le destin, à l’instar des pays maghrébins. A ce titre, je suis persuadé que la Shadhiliya-Mashishiya en tant que voie soufie a bien consolidé la conscience de la destinée commune des Etats du Maghreb, en contribuant à éliminer les obstacles pour l’apparition d’un Maghreb uni, fort sur les plans spirituel et social, étant donné que le soufisme est tout un levier de dialogue entre les religions et les cultures à exploiter dans le but de construire une base solide du partage et d’interculturalité. Il s’avère très important de rappeler que le rayonnement spirituel de la Mashishiya-Shadhiliya a dépassé l’espace, le temps et la race. Des personnalités spirituelles se sont élevées -au sein de la Mashishiya-Shadhiliya- et ont contribué par leurs œuvres et leurs actions à la diffusion de la lumière et de la voie de cette école ayant comme base le référentiel humain commun qui dépasse les différences et les divergences, en l’occurrence Cheikh Mohammed et Cheikh Zarouq en Mauritanie. La Mashishiya-Shadhiliya en tant que première voie en Mauritanie avant la Kadriya et la Tijania nous aide à résoudre de nombreux conflits de pensée, car elle accorde une grande primauté à l’intérêt de l’humanité. Par ailleurs, cette école soufie revalorise l’esprit humain voire les vertus de l’amour, de la paix intérieure et de l’œil du cœur, en participant à la constitution d’un dialogue véritable et constructif entre les religions et les civilisations pour le bien de l’humanité et contre tous les dangers menaçant notre existence».
Par rapport aux valeurs mystiques de la Mashishiya-Shadhiliya, Salamatou Sow, professeur et islamologue au Niger souligne : « Il s’agit d’un authentique facteur de développement humain car en agissant sur la conduite et le comportement dans la société, il éduque des gens de valeur, intègres et utiles pour la société. Cette voie prône la générosité de l’âme, la sincérité dans tout ce qu’on entreprend. Toutes ces vertus sont essentielles dans les corporations de métiers et servent de fondement à l’élaboration de pactes d’honneur. Le fait que les soufis soient imbus de spiritualité contribue à la grandeur de la civilisation musulmane. La spiritualité religieuse se rapporte à l’aspiration à se “relier” (du latin “religare”). Il s’agit alors essentiellement de se relier à Dieu, au Divin, à une réalité transcendante. Par extension, la religion est ce qui tend à relier aux hommes et à la nature mais toujours sur la base du lien à Dieu. Le soufisme développe des valeurs de paix, de tolérance, d’acceptation de la diversité et coexiste avec les autres formes de spiritualités et de croyances. La première phase est donc celle du rejet de la conscience habituelle, celle des cinq sens, par la recherche d’un état d’”ivresse” spirituelle ; les soufis eux-mêmes parlent d’« extinction » (al-fana’), c’est-à-dire l’annihilation de l’ego pour parvenir à la conscience de la présence de l’action de Dieu en soi : Le moi individuel doit être sacrifié pour laisser place à l’Esprit, étincelle divine en l’homme : dans le soufisme, l’ tre suprême est un porteur d’amour. »
Pour sa part, Nabil Braka, directeur du Forum mondial de la Mashishiya-Shadhiliya nous a précisé : « J’aimerais bien rappeler ce que disait Eric “Younès” Geoffroy, Maître de conférence à l’Université de Strasbourg : « La Shadhiliya nous concerne donc à divers titres, car elle n’est pas une confrérie exotique. Elle conserve son actualité spirituelle ( …) et possède une certaine universalité, par son extension spatiale (Balkans, Afrique saharienne, océan Indien, Asie du sud-est, Chine ...et aujourd’hui l’Europe et les États-Unis), mais aussi par les modalités diverses qu’elle a assumées : plutôt que d’un “ordre”, il faut parler d’une école spirituelle et initiatique au rayonnement diffus». Cette voie nous apprend à être avec Dieu à tout instant. Elle nous prodigue les meilleures qualités que l’on puisse trouver chez les cœurs envahis par Dieu et dont le regard vivifie la foi. Il s’agit de se dépouiller de tout savoir préétabli afin de se présenter à Dieu en toute humilité. Il faut se débarrasser de prétendues connaissances et de toutes les certitudes qui constituent autant de voiles. Il faut reconnaître que l’école Mashishia Shadhiliya se veut un guide spirituel de l’humanité». Et d’ajouter : « Il suffit de rappeler que lors du protectorat espagnol, Abdelhadi Baraka, son frère Hassan et leur père Haj Mohammed veillèrent à l’envoi d’invitations aux Chorafas de notre Sahara récupéré pour participer au Moussem de leur vénérable ancêtre Moulay Abdessalam Ibn Mashish. D’importantes délégations de Saquia al Hamra et de Oued Addahab firent le déplacement, ce qui fut l’occasion de resserrer les liens solides entre nos compatriotes du Sud et du Nord du Royaume. Abdelhadi Baraka, doyen des Chorafas Alamiyines, imbu des valeurs de son ancêtre n’a ménagé aucun effort pour la défense et l’intégrité territoriale de notre patrie, dans le cadre de l’allégeance à l’auguste Trône Alaouite. Le Moussem, donc, est un forum spirituel qui se veut une plate-forme mystique visant à réunir les responsables de toutes les communautés spirituelles désireux de mieux “se connaître” et d’agir ensemble pour “déjouer les tensions” qui peuvent survenir entre les peuples et les nations. Loin de toute vision tribale, nous sommes convaincus également qu’il y a un seul soufisme (tasawwuf). Notre enjeu majeur est l’ouverture de l’intelligence et du coeur, le dialogue entre les cultures et les civilisations. Pour nous, la religion apporte la paix intérieure et incite à rechercher la paix avec les autres. Face aux incompréhensions, aux intolérances et aux exclusions, nous désirons partager le même esprit d’ouverture, de disponibilité spirituelle, d’accueil de la richesse de l’Autre, et de respect de son identité profonde. Nous sommes certains que la rencontre entre ce que chaque personne croit vrai et la vérité des autres, nous amènera à une meilleure connaissance de la Vérité, ce qui n’entraîne aucun syncrétisme. Dans ce contexte, l’école Mashishiya-Shadhiliya est dotée d’une longue tradition d’ouverture internationale. Elle est devenue un carrefour important de relations mondiales d’ordre spirituel. Nous pensons qu’une telle synergie entre les groupes de fidèles est nécessaire, car l’avenir d’une société cosmopolite comme la nôtre se cherche et se trouve sans cesse dans la relation à l’Autre. Nous sommes attentifs aux appels venus de l’extérieur qui touchent à l’interreligieux. Conscients de nos responsabilités, nous nous engageons au service de la mondialisation noble, de la paix et de la sauvegarde de la tolérance. Il est à signaler que le Moussem de l’année dernière a été particulièrement dense, car tous les descendants du Cheikh, de toutes les provinces du pays, jusqu’aux contrées les plus lointaines telles que le Sahara, ont fait part et invoqué la mémoire du saint, notamment par la prière de la Mashishiya (très répandue dans tout le Maroc). Le pèlerinage a été donc l’occasion de rencontres interfamiliales entre les descendants de cette voie y compris Chorafas des Rguibates, des Bani ‘Arous et des Ma’ al ‘Aynine, ainsi que les Taqna, Ouled Dlim, Oulad Tidrarin, et Ait Oussa vu la grande relation de ces tribus à l’extrême Nord de notre pays et de leur appartenance humaine, territoriale, politique et spirituelle au Royaume. Par ailleurs, l’année dernière a été agrémentée par l’organisation de la première édition du Forum mondial de la Mashishiya-Shadhiliya, premier du genre, qui a réuni des sommités spirituelles et intellectuelles du Maroc et du monde entier pour un échange d’idées et des débats autour de préoccupations cruciales de l’humanité et des moyens de cultiver l’esprit de paix et de coexistence entre les êtres humains. ».
Il est à rappeler que la Mashishiya-Shadhiliya est une voie mystique qui a pour but de conduire au degré de l’excellence de la foi et du comportement qui, par la purification du cœur, conduirait à la sincérité spirituelle permettant d’accueillir la Lumière divine, celle par laquelle “on connaît”, par laquelle “on voit”. Celui qui parvient à ce but - le soufi -, après avoir mené le grand combat, dépouillé de son individualité (ego) - ou plutôt l’ayant domestiqué - et délivré de toutes les visions partielles et illusoires qui y sont attachées, prend vie en Dieu. Il s’agit ici d’un faisceau de spiritualités et un ensemble ramifié et cohérent de pratiques méditatives, éthiques, de théories psychologiques et philosophiques et même cosmologiques, qui toutes sont abordées dans la perspective de la libération de l’insatisfaction, du plein épanouissement du potentiel humain et ce, en relation personnelle avec une intangible et ultime réalité spirituelle. Dans le soufisme, l’ tre suprême est un Dieu d’amour auquel on accède par l’Amour, la Crainte et l’Espoir. Le symbolisme de l’Arbre de la connaissance représente les progrès de la méditation et de la sagesse ; la barrière qui sépare l’homme de Dieu est symbolisée par la montagne cosmique. La présence invisible de Dieu dans le cœur du croyant, se manifeste à travers l’expérience ascétique et l’union extatique (dans l’amour physique notamment) qui permettraient d’atteindre à l’amour et à la connaissance du Créateur suprême.
Selon le Nakib des Chorfas alamiyines, Abdelhadi Baraka, cette cérémonie de commémoration de ce grand saint vénéré sera marquée par la présence d’une grande délégation des provinces du Sud constituée principalement des Chorfas Rguibates, Laaroussiyines et Ahl Sheikh Maa Oulainines, ainsi que les Taqna, Ouled Dlim, Oulad Tidrarin et Ait Oussa.
Ce rassemblement est un message à forte connotation à l’adresse des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume. Elle traduit le lien historique entre le Nord et le Sud ainsi que les liens de sang et de parenté spirituelle qui relient ces tribus avec ce pôle divin de l’islam.
L’école Mashishiya-Shadhiliya, l’une des grandes voies initiatrices du soufisme (tasawwuf), jouit d’un rayonnement spirituel qui a marqué par son influence la vie intellectuelle culturelle et sociale dans une aire géographique s’étendant de l’Afrique à l’Asie et à l’Occident.
L’objectif principal de ce Moussem est de commémorer la voie du Qutb Moulay Abdessalam Ibn Mashish et son importance dans le paysage spirituel marocain dont le seul disciple est Abu al-Hasan Ash-Shadhili qui a fait rayonner ses principes, qu’il reçut de son Cheikh, à travers l’Occident (le Maghreb) et l’Orient par la voie qu’il fonda, Tariqa As-Shadhiliya auprès des populations.
C’était également une occasion propice d’explorer les voies de cette grande sagesse spirituelle qu’est le soufisme et débattre de l’actualité de ses paradigmes résolument humanistes et existentiels où l’être se retrouve réconcilié avec soi-même et son entourage, en pensant localement et agissant globalement. Michel Thao Chao, penseur japonais, a confié à Libé : « J’ai appris beaucoup de choses sur le soufisme au Maroc, tout en sachant que chacun de nous est animé par des états purement mystiques. J’ai vécu des moments forts en côtoyant les cheikhs, les penseurs, les intellectuels et les chercheurs qui ont pris part au Forum mondial de la Mashishiya-Shadhiliya, cette école spirituelle au rayonnement diffus focalisée sur le vénérable ancêtre Moulay Abdesalam Ibn Mashish et son disciple Abou Al Hassan Al-Shadhili. Il faut reconnaître que cette école initiatique possède une certaine universalité, par son extension spatiale (Balkans, Afrique saharienne, océan Indien, Asie du sud-est, Chine ...et aujourd’hui l’Europe et les États-Unis). J’ai bien apprécié les chants sacrés de “Dhikr et Samaa”qui témoignent de la richesse de cette école soufie. J’avais l’occasion également de me soumettre devant le sanctuaire de Moulay Abdessalam Ibn Mashish au Jbel Alem où on a signé la déclaration collective pour la paix et le dialogue entre les cultures et les civilisations et où des Mouftis, des Cheikhs et d’autres dignitaires ont insufflé la part sacrée de l’enseignement du Maître en récitant sa remarquable prière « As Salat al Mashishiya ». J’ai constaté que l’exercice spirituel que les soufis privilégient est les remémorations. Il s’agit d’une pratique consistant à évoquer Dieu en répétant Son nom de manière rythmée et en restant centré sur Sa pensée. Cet exercice est considéré comme une pratique transformatrice de l’âme, car on juge que le nom d’Allah possède une sorte de valeur théurgique qui agit sur l’âme. L’étincelle ultime, selon la religion islamique, c’est le cœur du cœur. Il s’agit de ce qui est à l’intérieur de quelque chose. C’est l’être qui représente un amour infini sans frontières ni autre chose ».
De son côté, Mohammed Hanafi Ould Dah, professeur chercheur et coordinateur de la section « soufisme » au département de philosophie à l’Université de Nouakchot, a déclaré à Libé : « La personnalité singulière de Moulay Abdessalam Ibn Mashish fait partie de ces leaders spirituels et existentiels dont le rayonnement soufi et la percée se sont propagés dans le monde entier et dont la gnose a brisé les confins de l’esprit, dépassant toute forme de contrainte et de frontière. Moulay Abdessalam Ibn Mashish a laissé au monde une prière lumineuse sur le Prophète. Cette prière reflète l’amour qu’il avait pour le Prophète et incite à la concorde et à la miséricorde. Le soufisme repose sur l’amour et concerne le patrimoine commun humain. Par-delà, le soufisme tend en permanence à enraciner l’union entre les humains et, a fortiori, entre des pays liés par la religion, la langue, la culture, le destin, à l’instar des pays maghrébins. A ce titre, je suis persuadé que la Shadhiliya-Mashishiya en tant que voie soufie a bien consolidé la conscience de la destinée commune des Etats du Maghreb, en contribuant à éliminer les obstacles pour l’apparition d’un Maghreb uni, fort sur les plans spirituel et social, étant donné que le soufisme est tout un levier de dialogue entre les religions et les cultures à exploiter dans le but de construire une base solide du partage et d’interculturalité. Il s’avère très important de rappeler que le rayonnement spirituel de la Mashishiya-Shadhiliya a dépassé l’espace, le temps et la race. Des personnalités spirituelles se sont élevées -au sein de la Mashishiya-Shadhiliya- et ont contribué par leurs œuvres et leurs actions à la diffusion de la lumière et de la voie de cette école ayant comme base le référentiel humain commun qui dépasse les différences et les divergences, en l’occurrence Cheikh Mohammed et Cheikh Zarouq en Mauritanie. La Mashishiya-Shadhiliya en tant que première voie en Mauritanie avant la Kadriya et la Tijania nous aide à résoudre de nombreux conflits de pensée, car elle accorde une grande primauté à l’intérêt de l’humanité. Par ailleurs, cette école soufie revalorise l’esprit humain voire les vertus de l’amour, de la paix intérieure et de l’œil du cœur, en participant à la constitution d’un dialogue véritable et constructif entre les religions et les civilisations pour le bien de l’humanité et contre tous les dangers menaçant notre existence».
Par rapport aux valeurs mystiques de la Mashishiya-Shadhiliya, Salamatou Sow, professeur et islamologue au Niger souligne : « Il s’agit d’un authentique facteur de développement humain car en agissant sur la conduite et le comportement dans la société, il éduque des gens de valeur, intègres et utiles pour la société. Cette voie prône la générosité de l’âme, la sincérité dans tout ce qu’on entreprend. Toutes ces vertus sont essentielles dans les corporations de métiers et servent de fondement à l’élaboration de pactes d’honneur. Le fait que les soufis soient imbus de spiritualité contribue à la grandeur de la civilisation musulmane. La spiritualité religieuse se rapporte à l’aspiration à se “relier” (du latin “religare”). Il s’agit alors essentiellement de se relier à Dieu, au Divin, à une réalité transcendante. Par extension, la religion est ce qui tend à relier aux hommes et à la nature mais toujours sur la base du lien à Dieu. Le soufisme développe des valeurs de paix, de tolérance, d’acceptation de la diversité et coexiste avec les autres formes de spiritualités et de croyances. La première phase est donc celle du rejet de la conscience habituelle, celle des cinq sens, par la recherche d’un état d’”ivresse” spirituelle ; les soufis eux-mêmes parlent d’« extinction » (al-fana’), c’est-à-dire l’annihilation de l’ego pour parvenir à la conscience de la présence de l’action de Dieu en soi : Le moi individuel doit être sacrifié pour laisser place à l’Esprit, étincelle divine en l’homme : dans le soufisme, l’ tre suprême est un porteur d’amour. »
Pour sa part, Nabil Braka, directeur du Forum mondial de la Mashishiya-Shadhiliya nous a précisé : « J’aimerais bien rappeler ce que disait Eric “Younès” Geoffroy, Maître de conférence à l’Université de Strasbourg : « La Shadhiliya nous concerne donc à divers titres, car elle n’est pas une confrérie exotique. Elle conserve son actualité spirituelle ( …) et possède une certaine universalité, par son extension spatiale (Balkans, Afrique saharienne, océan Indien, Asie du sud-est, Chine ...et aujourd’hui l’Europe et les États-Unis), mais aussi par les modalités diverses qu’elle a assumées : plutôt que d’un “ordre”, il faut parler d’une école spirituelle et initiatique au rayonnement diffus». Cette voie nous apprend à être avec Dieu à tout instant. Elle nous prodigue les meilleures qualités que l’on puisse trouver chez les cœurs envahis par Dieu et dont le regard vivifie la foi. Il s’agit de se dépouiller de tout savoir préétabli afin de se présenter à Dieu en toute humilité. Il faut se débarrasser de prétendues connaissances et de toutes les certitudes qui constituent autant de voiles. Il faut reconnaître que l’école Mashishia Shadhiliya se veut un guide spirituel de l’humanité». Et d’ajouter : « Il suffit de rappeler que lors du protectorat espagnol, Abdelhadi Baraka, son frère Hassan et leur père Haj Mohammed veillèrent à l’envoi d’invitations aux Chorafas de notre Sahara récupéré pour participer au Moussem de leur vénérable ancêtre Moulay Abdessalam Ibn Mashish. D’importantes délégations de Saquia al Hamra et de Oued Addahab firent le déplacement, ce qui fut l’occasion de resserrer les liens solides entre nos compatriotes du Sud et du Nord du Royaume. Abdelhadi Baraka, doyen des Chorafas Alamiyines, imbu des valeurs de son ancêtre n’a ménagé aucun effort pour la défense et l’intégrité territoriale de notre patrie, dans le cadre de l’allégeance à l’auguste Trône Alaouite. Le Moussem, donc, est un forum spirituel qui se veut une plate-forme mystique visant à réunir les responsables de toutes les communautés spirituelles désireux de mieux “se connaître” et d’agir ensemble pour “déjouer les tensions” qui peuvent survenir entre les peuples et les nations. Loin de toute vision tribale, nous sommes convaincus également qu’il y a un seul soufisme (tasawwuf). Notre enjeu majeur est l’ouverture de l’intelligence et du coeur, le dialogue entre les cultures et les civilisations. Pour nous, la religion apporte la paix intérieure et incite à rechercher la paix avec les autres. Face aux incompréhensions, aux intolérances et aux exclusions, nous désirons partager le même esprit d’ouverture, de disponibilité spirituelle, d’accueil de la richesse de l’Autre, et de respect de son identité profonde. Nous sommes certains que la rencontre entre ce que chaque personne croit vrai et la vérité des autres, nous amènera à une meilleure connaissance de la Vérité, ce qui n’entraîne aucun syncrétisme. Dans ce contexte, l’école Mashishiya-Shadhiliya est dotée d’une longue tradition d’ouverture internationale. Elle est devenue un carrefour important de relations mondiales d’ordre spirituel. Nous pensons qu’une telle synergie entre les groupes de fidèles est nécessaire, car l’avenir d’une société cosmopolite comme la nôtre se cherche et se trouve sans cesse dans la relation à l’Autre. Nous sommes attentifs aux appels venus de l’extérieur qui touchent à l’interreligieux. Conscients de nos responsabilités, nous nous engageons au service de la mondialisation noble, de la paix et de la sauvegarde de la tolérance. Il est à signaler que le Moussem de l’année dernière a été particulièrement dense, car tous les descendants du Cheikh, de toutes les provinces du pays, jusqu’aux contrées les plus lointaines telles que le Sahara, ont fait part et invoqué la mémoire du saint, notamment par la prière de la Mashishiya (très répandue dans tout le Maroc). Le pèlerinage a été donc l’occasion de rencontres interfamiliales entre les descendants de cette voie y compris Chorafas des Rguibates, des Bani ‘Arous et des Ma’ al ‘Aynine, ainsi que les Taqna, Ouled Dlim, Oulad Tidrarin, et Ait Oussa vu la grande relation de ces tribus à l’extrême Nord de notre pays et de leur appartenance humaine, territoriale, politique et spirituelle au Royaume. Par ailleurs, l’année dernière a été agrémentée par l’organisation de la première édition du Forum mondial de la Mashishiya-Shadhiliya, premier du genre, qui a réuni des sommités spirituelles et intellectuelles du Maroc et du monde entier pour un échange d’idées et des débats autour de préoccupations cruciales de l’humanité et des moyens de cultiver l’esprit de paix et de coexistence entre les êtres humains. ».
Il est à rappeler que la Mashishiya-Shadhiliya est une voie mystique qui a pour but de conduire au degré de l’excellence de la foi et du comportement qui, par la purification du cœur, conduirait à la sincérité spirituelle permettant d’accueillir la Lumière divine, celle par laquelle “on connaît”, par laquelle “on voit”. Celui qui parvient à ce but - le soufi -, après avoir mené le grand combat, dépouillé de son individualité (ego) - ou plutôt l’ayant domestiqué - et délivré de toutes les visions partielles et illusoires qui y sont attachées, prend vie en Dieu. Il s’agit ici d’un faisceau de spiritualités et un ensemble ramifié et cohérent de pratiques méditatives, éthiques, de théories psychologiques et philosophiques et même cosmologiques, qui toutes sont abordées dans la perspective de la libération de l’insatisfaction, du plein épanouissement du potentiel humain et ce, en relation personnelle avec une intangible et ultime réalité spirituelle. Dans le soufisme, l’ tre suprême est un Dieu d’amour auquel on accède par l’Amour, la Crainte et l’Espoir. Le symbolisme de l’Arbre de la connaissance représente les progrès de la méditation et de la sagesse ; la barrière qui sépare l’homme de Dieu est symbolisée par la montagne cosmique. La présence invisible de Dieu dans le cœur du croyant, se manifeste à travers l’expérience ascétique et l’union extatique (dans l’amour physique notamment) qui permettraient d’atteindre à l’amour et à la connaissance du Créateur suprême.