«Moubachara maâkoum» et les changements du paysage politique marocain : Abdelhadi Khairat fustige la langue de bois


M’Hamed Hamrouch
Vendredi 9 Avril 2010

«Moubachara maâkoum» et les changements du paysage politique marocain  : Abdelhadi Khairat fustige la langue de bois
Alliances partisanes, positionnement politique, identités idéologiques, rentrée parlementaire, course à la présidence de la deuxième Chambre … Il fallait des kilomètres de plage horaire pour cerner ces aspects brûlants de l’actualité politique nationale. L’animateur de l’émission «Moubachara maâkoum» ne croyait peut-être pas ouvrir, ce mercredi soir sur 2M, une véritable boîte de Pandore. L’exercice était à l’évidence périlleux, d’autant plus que le plateau invité ce soir-là était représentatif de tout ce que le champ politique compte de sensibilités politiques. En clair, tous les ingrédients étaient là pour servir un débat politique de haute voltige. Or, ce débat-là a risqué de se cantonner au ras des pâquerettes. «Il faut niveler le débat vers le haut», a lancé Abdelhadi Khairat, appelant au recadrage du débat que l’animateur, pour une raison ou une autre, voulait focaliser sur la personne d’Abdelouahed Radi, candidat favori à la présidence du Parlement. L’animateur ne croyait peut-être pas défoncer une porte ouverte, puisque, comme le lui a rappelé M. Khairat, « l’information avait déjà été rapportée par la presse ». Tout le monde savait donc que M. Radi était parti favori pour la présidence de la Chambre des représentants, et pas vraiment à tort. « L’homme compte à son actif une riche expérience à la tête de cette Chambre, il était par ailleurs président du Parlement international … Et quand, à cela, il faut ajouter le sens du consensus nécessaire à l’accomplissement de cette responsabilité et le charisme dont il jouit auprès de la classe politique nationale, on comprend facilement pourquoi les partis, majorité et opposition comprises, ont décidé de voter pour le candidat USFP », tranche M. Khairat.
Et ce ne sont pas les autres invités de l’émission qui diront le contraire. Mohamed El Ansari (Parti de l’Istiqlal) estime que « le Parlement a besoin d’une personnalité capable de donner à l’action parlementaire le rayonnement nécessaire». Saïd El Fekkak (Parti du progrès et du socialisme) ne fait pas mystère du rangement de son parti derrière Abdelouahed Radi, pas plus que Salah El Ouadie (Parti Authenticité et Modernité).
Mais voilà, cette clarification ne semblait pas calmer les ardeurs de l’animateur tenté plus par la provocation à l’égard de l’USFP que par une volonté réelle d’animer un débat sur des idées, des arguments et des contre-arguments. L’animateur, paraît-il, avait une fixation à la limite de l’obsession sur l’USFP. La récente réunion entre l’USFP et le PAM n’a pas dérogé à sa règle douteuse, croyant y relever un revirement socialiste sur sa position à l’égard du parti de Fouad Ali El Himma. Il a oublié, à l’insu de son gré, que cette réunion s’inscrit dans le cadre d’un patient processus de concertations initié par l’USFP avec les principaux partis politiques, y compris ceux de l’opposition comme le PJD. Il n’y a donc là aucune trace d’alliance contre nature, moins encore de retour sur un quelconque principe. Là encore, il fallait un Abdelhadi Khayrat pour remettre le débat à sa véritable place. « Oui, nous avons critiqué au départ ce parti et nous nous sommes demandé si ce parti était une reproduction de l’expérience du Fdic. Il était tout à fait naturel que l’USFP, comme tous les partis d’ailleurs, ait cette réaction. Cela devrait-il nous empêcher pour autant de prendre langue avec ce parti ? », s’interroge M. Khayrat. Et ce n’est pas tout. « Il paraît que ce n’est pas pour cette question que je suis invité sur ce plateau », martèle M. Khayrat, qui pose les vrais termes du débat qui devait avoir lieu ce soir-là. En soulevant la question de la présence des technocrates dans l’actuel comme dans les précédents gouvernements, le responsable ittihadi a mis le doigt sur la vraie plaie. M. Khayrat plaide pour une réelle réhabilitation du politique, et une revalorisation des partis qui sont le pilier de toute démocratie qui se respecte. Or voilà, ce sont ces partis qui sont en ligne de mire de la déferlante nihiliste. Plutôt que d’encourager ces partis à retrouver leurs marques dans ce contexte, et de défendre leur rôle dans le renforcement du « front intérieur » dont notre pays a besoin aujourd’hui plus que tout autre temps, compte tenu des menaces extérieures que font planer les ennemis de notre intégrité territoriale, quelques plumes irresponsables s’emploient à discréditer l’action de ces mêmes partis. On oublie souvent que c’est grâce à ces mêmes partis que règne aujourd’hui ce formidable climat de liberté. Prétendre le contraire, c’est sans doute risquer d’insulter la mémoire et l’avenir du pays.


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