-
Sahara : La Côte d'Ivoire réitère son “plein appui” au plan marocain d'autonomie
-
Des pétitionnaires internationaux dénoncent à l’ONU l'enrôlement militaire d'enfants dans les camps de Tindouf
-
Focus à New York sur la dynamique de développement au Sahara
-
Suspension des protestations syndicales à l'ONEE: Un accord en vue pour la SRM Casablanca-Settat
-
Rentrée parlementaire: Un agenda législatif intense qui trace les contours d’une nouvelle étape sur les plans social et économique
Après avoir démissionné de son poste d'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe à Damas, le diplomate canadien d’origine marocaine, Mokhtar Lamani, a repris « son bâton de pèlerin » pour parler de la Syrie et de toute cette région.
« Je n'ai jamais aimé la diplomatie bilatérale, représenter un pays et recevoir des instructions », explique-t-il.
Ce diplomate aguerri est né en 1952 à Casablanca. Il est issu d'une famille populaire, modeste comme il le précise, de sept enfants.
Rapidement, sa carrière de fonctionnaire international débute. En 1979, il quitte son pays natal pour travailler pour la Ligue arabe, puis pour l'Organisation de la conférence islamique. Il devient ensuite envoyé spécial et représentant de la Ligue arabe en Irak entre 2006 et 2007, puis en Syrie.
Il a été témoin de plusieurs grands évènements de l'histoire : les attentats du 11 septembre à New York, l'exécution de Saddam Hussein en 2006, la Syrie.
Mokhtar Lamani ne s'est jamais fait d'illusions. « Je n'allais pas changer le monde, mais il y a des petites histoires, les succès, car quand on sait qu'on a changé la vie de quelqu'un, pour moi c'est la plus grande des satisfactions», dira-t-il
Sa foi en la médiation
Dans ses propos, sa connaissance de l'histoire est flagrante, et c'est ce qui lui permet de croire encore en la médiation, même si elle n'a pas toujours été facile.
En tout, il a démissionné cinq fois de son poste, dont une à Bagdad. « Quand le bureau a été ouvert, c'était très clair pour moi que c'était une première étape lors de laquelle il fallait faire énormément de choses, mais au bout d'une année, je me suis rendu compte que pour ceux qui m'y ont envoyé, c'était un objectif en soi : l'ambassadeur est là, on peut le voir à la télévision. Pour moi, ça ne fonctionnait pas, ça n'arrêtait pas la souffrance, tous ces viols, ces tueries, ces enfants qui perdent leur avenir ».
Une situation
kafkaïenne en Syrie
En ce qui concerne la Syrie, il n'imaginait pas que la situation allait devenir celle que l'on connaît. « Pas un Syrien sur terre n'y pensait. Ceux qui manifestaient les jeunes pour la démocratie, le Printemps arabe, croyaient que ça allait se passer comme en Tunisie, en quelques semaines. »
Une situation kafkaïenne, le mot revient souvent. Il se souvient du jardinier qu'il voyait par la fenêtre de son bureau à Damas et qui plantait des fleurs près de la fontaine sur la place des Omeyyades. Et puis, le diplomate se déplaçait à environ 5 km et « tout était détruit, la famine totale».
Une société fragmentée. « Ce qui me choque le plus, c'est cette fragmentation; on a compté plus de 2000 brigades armées. Le degré très élevé de non-confiance entre les citoyens me fait peur aussi. Il n'y avait pas de place pour la négociation ni pour le dialogue».
Pourtant, Mokhtar Lamani, un des hommes à abattre pour Al-Qaïda, avait la tâche délicate d'établir et de maintenir les relations avec les différents groupes d'opposition et les représentants du régime de Bachar Al-Assad en vue de la conférence de Genève 2 où, pour la première fois, Syriens et représentants de l'opposition se sont fait face. Echec total. Mokhtar Lamani démissionne et explique les raisons de sa décision.
Les problèmes sont si profonds que la solution militaire, comme celle proposée par le gouvernement Harper, n'est pas la bonne.
«Agenda». Ce mot aussi revient souvent. Celui des chefs d'Etat, celui des représentants locaux de milices... «La Syrie, c'est un point sur une carte. Entre les pays, c'est donnant-donnant en fonction des agendas politiques. Le dernier de leurs soucis, c'est le bien-être des enfants et des femmes ».
Des propos peu diplomatiques. « J'aime toujours appeler un chat un chat », lance-t-il.