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Franchement, je me suis agréablement réjoui d’un spectacle intime, qui raconte l’histoire d’un corps souffrant, d’une femme souffrante, de l’histoire de toutes les femmes depuis la nuit des temps. Un corps qui étouffe et incarcère une âme éprise de liberté, une âme paralysée du fait d’un ou plusieurs cauchemars, ceux d’un corps suffoquant dans un espace où la liberté, la dignité et même le droit à la vie et à la mort digne font défaut. Un espace qui ressemble fort à ces deux tombeaux faisant partie du décor minimaliste. Il faut au passage saluer l’intelligence de la réalisatrice et du scénographe Abdellah Biliout, sur ce choix réussi, puisqu’ils nous ont fait voyager au fin-fond du dépaysement de l’âme du corps féminin.
J’ai également savouré et goûté aux vers poétiques théâtralisés dans un cadre dramaturgique assez subtil, ayant libéré des colères, des protestations, des joies et des langues plurielles qui se bousculent dans un corps féminin crucifié. Des langues appartenant à toutes les confessions : juive, chrétienne et musulmane. Des langues empruntant des voix plurielles. Une voix assez épuisée, une voix d’opéra, une voix d’un référentiel religieux et une autre sans référentiel aucun, toutes des voix qui traduisent simplement l’instabilité et la méfiance. Une poésie imposante qui nous pénétrait profondément, avec toute sa charge émotionnelle, ses souffrances et espérances.
Une belle et douce chorégraphie d’un corps théâtral blessé qui remorque derrière toute une histoire. Un corps transcendant le temps et l’espace dans des expressions à même de révéler les secrets de l’âme, cet infini espace, ce temps éternel qui n’a rien de ce temps de représentation, le temps réel. Il s’agit d’un temps qui malmène l’Homme depuis l’aube de l’humanité, lui rappelant à la fois sa pérennité et sa fin indéniable. Un temps qui les attache à une terre les attirant, effet de cette dernière attraction incontournable. Gloire à ceux qui ont tissé ce linceul…nu.
Ah quel bonheur, cette harmonie des couleurs et des lumières ! Leur reflet couvrant ce public-acteur qui venait peut-être aussi prévoir une nudité fortuite ou une immoralité criminelle pour juger ce corps empiété de tabous, paralysé de représentations sociales, suffoqué de clichés et meurtri de stéréotypes. Le corps d’une femme active, dynamique et très rayonnante par sa forte présence dans la vie de l’Homme (le général). Une femme debout qui déborde de miel et surpasse cette pensée stupide accordée au corps. Une femme où l’Homme est fortement présent, avec toute son arrogance et son autorité religieuse... Le corps sans âme fuira donc pour retrouver ce tissu/linceul et étouffer tous les espoirs, toutes les ambitions et tous les rêves. Et l’on se trouve ainsi devant un corps qui court après le non-sens, un corps réduit à sa fonction instinctive, un corps qui est stigmatisé, épuisé et soumis à tout venant, annonçant le dernier effondrement devant les garde-fous de l’ignorance. Heureusement que, à bord de ce navire ancestral, il y avait cette raison responsable de ce cyclone. Chemin faisant, l’on reconnaîtra cette abjection et cette aberration aux cimes de Tora Bora. Voilà ce que j’ai vu en cette soirée, dans ce spectacle provocateur : de la raison et non du sexe, Messieurs Dames !