Mobilisation des défenseurs des droits de l’Homme contre la disparition forcée : Au Maroc, la convention n’est toujours pas ratifiée


Narjis Rerhaye
Mardi 28 Décembre 2010

Mobilisation des défenseurs des droits de l’Homme contre la disparition forcée :  Au Maroc, la convention n’est toujours pas ratifiée
Abenaceur Bnouhachem a connu les affres de la disparition forcée et l’enfer des bagnes d’Agdez et de Kelaat M’Gouna. Après 9 longues années d’une disparition forcée qu’il ne s’est jamais expliqué et pour laquelle personne ne s’est excusé, il est revenu doucement, difficilement  à la vie. Avec ses compagnons de galère, il a créé « le groupe Bnouhachem » et milite avec peut-être plus de ferveur que d’autres pour le « plus jamais  ça » dans notre pays. « En tant qu’ancienne victime de la disparition forcée, je suis totalement indigné que le Maroc n’ait toujours pas ratifié la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Le Maroc a fait de grands pas pour tourner les pages noires de son histoire. Je ne comprends pas que cet élan soit freiné. Les Marocains ont le droit d’être protégés contre ces pratiques illégales et le crime que constitue la disparition forcée. La vérité doit être faite sur tous les cas de disparition forcée non encore élucidés », déclare avec force A. Bnouhachem. Cet activiste des droits humains a aujourd’hui bien du mal à cacher son incompréhension. « C’est toute la mémoire d’un peuple et pas seulement des victimes qu’il faut préserver », soutient-il.
En 2007, le Maroc signait la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Trois ans plus tard, cette convention n’est toujours pas ratifiée.
« En 2008, le Premier ministre nous a bien assuré, en répondant à un courrier qui lui était adressé par l’Organisation marocaine des droits humains, que la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées suivait la procédure pour sa ratification. Depuis, c’est le silence radio », explique un activiste de l’OMDH alors que ce 23 décembre 2010, le Mouvement international des défenseurs des droits de l’Homme se réjouissait de l’entrée en vigueur de cette convention internationale, toujours pas ratifiée en terre marocaine.
Une campagne nationale pour l’adoption de la convention a été lancée par l’OMDH  le 30 août dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la disparition forcée. Depuis la Journée nationale du disparu que commémorent tous les 29 octobre les défenseurs des droits humains marocains, d’autres ONG ont  rejoint le mouvement de mobilisation inauguré par l’organisation aux destinées de laquelle préside Amina Bouayach.
Après 30 longues années de lutte, le Mouvement mondial des droits de l’Homme a enfin remporté une bataille contre le crime de la disparition forcée.  Il faut le savoir, la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées est aujourd’hui un instrument contraignant qui contient des dispositions importantes pour la protection des droits des victimes. « La portée juridique de la convention est importante puisqu’elle ne donne pas simplement une définition au crime de disparition forcée mais établit également une série d’obligations aux Etats de prévenir et de poursuivre ce crime à travers des mesures concrètes au niveau national. La convention reconnaît en particulier le droit à l’information, le droit des victimes à connaître la vérité, le droit à la justice et le droit à la réparation », rappelle un communiqué de la Fédération internationale des droits de l’Homme, FIDH, rendu public à l’occasion de l’entrée en vigueur de la convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Au Maroc, les défenseurs des droits de l’Homme, et à leur tête l’Organisation marocaine des droits humains, en appellent à l’urgence de la ratification de la convention relative à la protection des personnes contre les disparitions forcées. La criminalisation de la disparition forcée, sa codification dans la législation nationale et la non-impunité des personnes qui s’en seraient rendues coupables  sont autant de revendications des activistes de l’OMDH  pour que l’Etat de droit ne soit pas un slogan creux. Un de plus. 


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