Ces opérations tolérées par les autorités sont courantes dans les différents souks du pays. L’aide alimentaire se veut sous forme de dons de sacs de farine, d’huile, de pains de sucre, thé, etc. Celle de dimanche, cause de la bousculade fatale a été provoquée par une foule, composée de près de 800 personnes, pour la plupart des femmes.
Cet évènement tragique, un de plus, pourrait-on dire et dont notre pays n’avait nullement besoin, devrait interpeller tout un chacun. Citoyens et autorités, ONG et élus… enfin, tout Marocain qui se respecte devrait pour reprendre la formule consacrée, prendre le taureau par les cornes et mettre fin au misérabilisme ambiant derrière lequel se cachent d’autres ambitions intéressées et donc lucratives, voire bien plus que le côté charitable de la chose.
Il n’y a de précarité et d’exclusion sociale que celles, instaurées par un système d’assistance que certains mécènes imposent et qui n’ont d’autre opinion que celle qui dénote de la présomption et de prétention de soi-même et ce, à des fins mercantiles et autres. Et si l’on y ajoute le laxisme des responsables locaux et nationaux qui ont fait de la charité au Maroc, un business des plus juteux, il est grand temps d’agir en conséquence.
Aujourd’hui la priorité n’est pas de chercher des poux dans les chevelures des nombreux responsables mais, de définir une politique autre que celle actuelle et toute d’inégalités sociales. Notre pays a les moyens de subvenir à tous nos besoins mais pour cela, il va falloir se retrousser les manches et œuvrer pour que cessent la marginalisation et la discrimination sociales, sans en occulter cet esprit de Panurge coupable au premier degré et de manière si flagrante dans ce drame atroce.
L’intervention étatique, à l’ordinaire absente et de circonstance, est, on ne peut plus, out de la scène. Elle préfère s’ouvrir au jeu de la libre concurrence en laissant volontiers le religieux occuper un terrain dont elle ne maîtrise guère les limites. L’heure, bien plus que les palabres, est à l’intervention afin que de tels crimes ne se reproduisent plus.
Se donner bonne conscience à travers des manifestations sur les réseaux sociaux ne soulagera malheureusement jamais la misère. Chacun d’entre nous a sa part de responsabilité dans cette tragédie un peu comme dans celle de l’eau de Zagora, de l’espadon d’Al-Hoceima et des vertes et des pas mûres, de celles passées et très probablement encore à venir au regard du laxisme et du mépris latents, prêts à se manifester encore et encore dès la page tournée. Notre sombre passé en la matière ne cesse d’ailleurs de nous le rappeler.
Il est venu le temps de grandir et de mettre à disposition du peuple les véritables moyens pour une vie décente. On ne donne pas du poisson au nécessiteux, on lui apprend à le pêcher.