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Même en l’absence d’un cadre réglementaire adéquat : Le capital investissement cherche sa vitesse de croisière

Lundi 25 Janvier 2010

Même en l’absence d’un cadre réglementaire adéquat : Le capital investissement cherche sa vitesse de croisière
Il n’a pas encore atteint un seuil critique, mais le capital investissement affiche une bonne santé au Maroc. On recense, aujourd’hui, une vingtaine de fonds opérant dans différents secteurs d’activités. Cette industrie ne représente, cependant,  même pas 1% du PIB du pays tandis qu’elle est à hauteur de 1,7% en Afrique du Sud et autant en Europe. N’empêche que le capital investissement vit son émergence grâce notamment à la stratégie sectorielle mise en œuvre par les pouvoirs publics et à l’ouverture progressive de l’économie marocaine. Ce sont du moins les principaux enseignements dégagés de la conférence organisée, le 23 janvier 2010 à Casablanca, par l’Executive MBA de l’ISCAE, autour du thème : « Les fonds d’investissement au Maroc : Bilan et perspectives».
Evoquant le thème : « Le capital investissement, mobilisateur des fonds au service du développement économique», Bassim Jaï Hokimi, ex-PDG de l’ONA et actuel  directeur Atlamed Invest, a signalé qu’«il s’agit d’une activité financière qui consiste à entrer dans le capital d’une société non cotée en Bourse pour financer son développement et réaliser des plus-values sur le capital». Et de soutenir que le capital investissement présente plusieurs avantages pour les investisseurs institutionnels. Ainsi, il assure une moindre volatilité de valorisation et plus de choix d’investissement, par rapport à la Bourse  mais aussi une meilleure liquidité et répartition des risques, par rapport à des investissements directs. Outre sa  visibilité sur les sociétés du portefeuille, par rapport à des OPCVM, il rend possible le positionnement d’un horizon de temps suffisant pour le développement des marchés et les transferts de savoir-faire et favorise les sorties en Bourse.
Toutefois, les inconvénients demeurent aussi de taille. Ainsi, les professionnels de cette activité doivent s’adapter à la non-liquidité avant au moins cinq ans, à l’absence d’un cadre réglementaire et aux limitations en termes d’allocations d’actifs pour certains institutionnels.
Pour Adil Rzal, responsable à Upline Group qui gère plus de 3 milliards de dirhams sous-gestion, le secteur a de bonnes perspectives devant lui. Pour preuve : de 1999 à 1995 dans la phase de création, les tickets étaient de l’ordre de 5 millions de dirhams et les volumes de l’ordre de 40 millions de dirhams. Or, à partir de 2006, la taille moyenne est de 30 millions de dirhams et celle des fonds est  de l’ordre de 500 millions de dirhams.
D’après lui, l’arrivée des investisseurs privés internationaux à la recherche de croissance/rendement devrait appuyer le développement de l’industrie. Dans ce contexte, la tendance sera plutôt vers la gestion discrétionnaire encadrée, accordant aux équipes une plus grande autonomie dans la prise de décision d’investissement/désinvestissement.
Les fonds sous-gestion devront être multipliés, quant à eux, par 2 à l’horizon 2015 afin de rattraper le retard par rapport à l’Afrique du Sud (Fonds /PIB=1,7%).
Illustrant par le cas de Mutandis, Adil Douiri a lié l’émergence du capital investissement à la floraison des plans sectoriels, notamment dans les secteurs de l’automobile, l’électronique, l’offshoring et les plans Maroc Vert, Halieutis, etc. Les fonds émergent aussi, d’après lui, grâce à «l’argent bon marché». L’ex-ministre du Tourisme a tenu à préciser que son holding Mutandis «ne prend pas de risques dans le choix des entreprises. Elle prend les risques à des étapes ultérieures et se focalise sur des secteurs plus simples, plus récurrents et plus prévisibles, liées à la consommation des ménages». Conséquence de cette démarche, l’hypothèse de rentabilité est de 15%, sur le long terme, pour Mutandis qui ne recourt pas à l’endettement (une logique écartée) et qui prépare lentement mais sûrement une introduction en Bourse.
A noter que l’activité de capital investissement et celle de capital risque sont trop peu souvent dissociées. Cette confusion provient de la traduction un peu hâtive de l’anglais «venture capital». Le capital investissement est une dénomination assez large englobant plusieurs activités dont le capital risque fait partie : le terme «capital investissement» recouvre le financement en capital de l’entreprise à différents stades de son existence. Ainsi les firmes de « private equity» interviennent à toutes les étapes de la vie d’une entreprise.
En somme, le secteur présente des perspectives globalement positives pour l’avenir et à fort potentiel sous l’effet notamment d’une économie qui offre des opportunités pour une forte croissance pas encore réalisée et qui donne tous les signes d’amélioration du climat d’investissement (voir discussion « Doing Business » de la Banque mondiale).
De ce fait, le Maroc peut réellement attirer des investisseurs internationaux privés qui cherchent à placer leurs capitaux dans les fonds de capital investissement des marchés émergents. Toutefois, le développement des fonds d’investissement exigent un assainissement du cadre réglementaire, légal et fiscal.

Mohamed Kadimi

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