Présentation détaillée des données du RGPH 2024La transition démographique s’accélère au Maroc et les résultats détaillés du dernier recensement général de la population et de l’habitat (RGPH 2024) le confirment.
Croissance démographique en baisse, urbanisation accrue, taille réduite des ménages, transition continue de la fécondité et accélération du vieillissement de la population… tels sont quelques-uns des principaux enseignements de cette vaste opération réalisée en septembre dernier sous les Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi et conformément aux recommandations des Nations unies.
Les données recueillies, qui établissent la population légale du Maroc à 36,828 millions d’habitants, constituent une précieuse ressource pour les décideurs, chercheurs, institutions et acteurs économiques, en leur offrant des bases solides pour identifier des solutions ou des pistes d’action, selon le nouveau haut-commissaire au plan, Chakib Benmoussa.
Ce dernier a insisté sur l’importance des données démographiques comme outil de compréhension et de décision lors de la présentation des résultats, mardi 17 au siège du HCP à Rabat.
S’exprimant dans un style et un format différents de son prédécesseur, Ahmed Lahlimi Alami, qu’il a chaleureusement remercié pour son engagement dans le suivi du RGPH, Chakib Benmoussa a saisi l’occasion pour rappeler le rôle de son institution. A savoir : fournir une image conforme à la réalité.
Bien que la population marocaine ait augmenté de 2,98 millions de personnes depuis 2014, le rythme de sa croissance a ralenti, le taux d’accroissement annuel moyen s’établissant à 0,85% nettement inférieur au taux de 1,25% enregistré entre 2004 et 2014.
Il est important de noter que « cet accroissement démographique est porté principalement par la population urbaine, qui est passée de 20,43 millions en 2014 à 23,11 millions en 2024, enregistrant un taux annuel moyen de 1,24% », soulignent les experts du Haut-commissariat.
Selon ces derniers, la population rurale a parallèlement, connu une progression modérée, passant de 13,41 millions de personnes en 2014 à 13,71 millions en 2024, avec un taux d’accroissement annuel moyen de 0,22%.
A rappeler que près de 71,2% de la population du Maroc se concentre dans cinq régions : Casablanca-Settat (7,689 millions), Rabat-Salé-Kénitra (5,133 millions), Marrakech-Safi (4,892 millions), Fès-Meknès (4,468 millions) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (4,030 millions).
La taille des ménages en baisse
On retiendra aussi la diminution progressive de la taille des ménages. D’après l’institution publique, le nombre de ménages s’élève à 9,275 millions contre 7,313 millions en 2014, avec un taux d’accroissement annuel moyen de 2,4% contre 2,6% durant la période 2004-2014.
Cet accroissement des ménages s’est produit à un rythme bien plus rapide que celui de la population (2,4% contre 0,85%), souligne-t-elle indiquant en conséquence que « la taille moyenne des ménages a baissé de 4,6 personnes en 2014 à 3,9 en 2024, tant en milieu urbain (de 4,2 à 3,7) qu’en milieu rural (de 5,3 à 4,4) ».
L’autre enseignement clé du RGPH 2024 : la poursuite de la baisse de la fécondité.
Selon les explications du HCP, la baisse du rythme de la croissance démographique au Maroc s’explique principalement par le recul continu de la fécondité. Il ressort des données que l’Indice synthétique de fécondité s’élève à 1,97 enfant par femme en 2024, contre 2,2 en 2014 et 2,5 en 2004. L’organisme précise que cette baisse concerne aussi bien les femmes urbaines (1,77 enfant en 2024 contre 2,01 en 2014) que rurales (2,37 contre 2,55).
La pyramide des âges illustre un vieillissement accéléré
A signaler également le vieillissement accéléré de la structure démographique marocaine, consécutif aux changements démographiques. Ainsi, « la part des jeunes de moins de 15 ans diminue (de 28,2% en 2014 à 26,5% en 2024), tout comme celle de la population en âge d’activité (de 62,4% à 59,7%) ».
Il apparaît en revanche que la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus augmente, passant de 9,4% en 2014 à 13,8% en 2024. Evoluant avec un taux d’accoisement annuel de 4,6%, bien supérieur à celui de l’ensemble de la population (0,85%), la population âgée de 60 ans et plus compte désormais 5 millions de personnes contre 3,2 millions en 2014.
Le recensement a également apporté des éclairages sur le capital humain soulignant une progression continue de la scolarisation des enfants, des améliorations de la durée moyenne d’études et du niveau d’étude de la population âgée de 25 ans et plus et un léger recul du taux de prévalence du handicap, entre autres.
En ce qui concerne l’équipement de la population en moyens numériques, l’opération révèle que les personnes qualifiées sont plus équipées en moyens numériques et que les jeunes et les personnes instruites sont les plus utilisateurs d’Internet.
Il est important d’indiquer que la réalisation du recensement a bénéficié des nouveautés technologiques et méthodologiques visant à optimiser le coût budgétaire et à améliorer la qualité des données collectées.
Le recours aux technologies modernes a par ailleurs « permis d’améliorer la qualité des données collectées, ce qui a contribué, de manière significative, à réduire le temps alloué à leur traitement et à déterminer le nombre de la population légale selon les différentes divisions administratives du Royaume », a déclaré Chakib Benmoussa faisant remarquer que ce processus a nécessité environ six mois pour le recensement de 2014 contre quelques semaines en 2024.
Le taux de chômage à 21,3% en 2024
Sur les défis socio-économiques, le recensement fait état de la baisse du taux d’activité de la population âgée de 15 ans et plus de 47,6% en 2014 à 41,6% en 2024 et de l’augmentation du taux de chômage de 16,2% en 2014 à 21,3% en 2024. Le haut-commissaire a toutefois tenu à préciser que ce chiffre repose sur des déclarations et le ressenti des habitants, ce qui expliquerait l’écart avec les données publiées par les institutions respectant des méthodologies spécifiques.
Rappelons enfin que les résultats du RGPH ont été publiés le 7 novembre 2024 et que le reste des indicateurs démographiques et socio-économiques sont désormais disponibles sur une plateforme électronique interactive.
Alain Bouithy