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« Ces chiffres ne sont que la partie visible de l'iceberg et sont loin de refléter la réalité des choses », nous a indiqué Aziz Rhali, vice-coordinateur du Collectif pour le droit à la santé au Maroc (CDSM). Et de poursuivre : « En fait, les statistiques de la DGSN évoquent que la vente illicite des médicaments mais ne parlent pas des dispositifs médicaux qui font davantage l’objet de trafic en tous genres et de contrebande. Ils sont souvent importés d’Algérie ou de Mellilia qui représentent les premières sources d’importation illicite desdits dispositifs. Et il est facile de comprendre cette situation puisque ces dispositifs sont soutenus par l’Etat algérien et que Mellilia jouit d’un statut particulier lui permettant de bénéficier des subventions de l’Etat espagnol pour acheter ses médicaments. A titre d’exemple, une prothèse de hanche vendue au Maroc entre 20.000 et 22.000 DH est écoulée à 7.000 DH en ces lieux».
Une situation jugée absurde par notre source qui nous a fait savoir que, sous d’autres cieux, la circulation et la vente des dispositifs médicaux est bien réglementée comme c’est le cas en Tunisie où leur commercialisation est encadrée par la loi et fait l’objet d’un contrôle rigoureux. «Et ce n’est pas le cas dans notre pays où ces dispositifs échappent à tout contrôle. Pis, il suffit d’avoir des autorisations préfectorales pour commercialiser ce genre de matériel médical», nous a-t-elle précisé.
Mais, il n’ y a pas que les zones frontalières qui soient la source du trafic illicite des médicaments, notre interlocuteur nous a révélé l'existence d'un vaste réseau de trafic de médicaments en provenance des provinces du Sud. Selon lui, il s’agit d’un réseau spécialisé dans la vente au noir de médicaments avec la collaboration de pharmaciens et de grossistes qui détournent la clause d'exonération d’impôts en cours dans nos provinces du Sud à leur profit. Un parlementaire a déjà levé le voile sur le modus operandi de ce trafic qui consiste en la conclusion d’accords entre les sociétés bénéficiant du taux d'imposition de 20% de rabais sur la valeur ajoutée en cours dans la zone Sud et des grossistes et pharmaciens d’officine permettant de diriger les médicaments achetés aux laboratoires vers les pharmacies de la région du Grand Casablanca plutôt que vers les provinces du Sud. L’élu de la nation a également précisé que les personnes concernées ont engrangé d’énormes bénéfices durant de nombreuses années grâce à ces opérations frauduleuses qui leur laissent des marges dépassant parfois les 50%. « Certaines pharmacies du Sud réalisent des chiffres d’affaires qui s’élèvent à 150 millions de DH alors qu’elles se trouvent parfois dans des zones lointaines et de faible densité humaine », nous a indiqué Aziz Rhali.
Des révélations qui ont attiré l’attention du ministre de l'Economie et des Finances en 2015. Lequel a ordonné l’ouverture d’une enquête pour le démantèlement de ce trafic. Pourtant, trois ans après, rien ne semble pas avoir été fait alors que, selon notre source, ce trafic local encouragé par des réseaux nationaux est plus fort que celui qui opère depuis l’étranger. « Il faut ajouter également que certains médicaments de contrebande sont destinés aux militaires alors que dans d’autres pays, ils ont un emballage spécifique qui les différencie des autres », a-t-il noté.
Mais qu’en est-il du rôle du Laboratoire national de contrôle des médicaments qui dépend de la direction du médicament et de la pharmacie du ministère de la Santé? « Le contrôle de ce laboratoire n’englobe pas les dispositifs médicaux. Il a plutôt un rôle dans le processus de qualité, d’évaluation technique et d’expertise des médicaments. Il est vrai qu’il dispose depuis 2007 de la norme ISO 17025 de la Direction européenne de la qualité du médicament et des produits de santé (EDQM) mais ses contrôles font l’objet d’interrogation. En fait, si en France le contrôle se fait au niveau des officines, au Maroc, ces contrôles s’effectuent au niveau des laboratoires, ce qui remet en cause leur validité».
Mais au-delà de ce déficit de contrôle, notre source estime que la vente illicite, la circulation illégale ou frauduleuse du médicament risquent de se poursuivre puisque les trafiquants sont condamnés à des peines moins sévères qu’il n’aurait fallu. « Les trafiquants ne risquent pas gros. Les peines de prison sont allégées comme ce fut le cas d’un certain trafiquant qui s’est vu emprisonné pour six mois pour fraude sur un sirop pour enfant alors qu’il a mis en danger la vie de plusieurs usagers », nous a-t-elle expliqué. Et d’ajouter : « Pis, les enquêtes diligentées ne vont pas loin et, souvent, il n’y a pas de suivi de la traçabilité des médicaments pour délimiter les responsabilités. Alors qu’il est fort aisé de remonter à la source des médicaments en question grâce aux numéros des lots qui permettent d’identifier leurs fabricants».
Le vice-coordinateur du Collectif pour le droit à la santé au Maroc (CDSM) nous a révélé, par ailleurs, que tous les médicaments mis en vente au Maroc font l’objet de trafic. «Le premier médicament sur la liste de ceux qui sont vendus au noir demeure Aspro qui est écoulé au détail par les épiciers. Et ces derniers ne font pas souvent attention à la date d’expiration de ce médicament. Ceci d’autant plus que pareils médicaments pèchent par leurs dosages et leurs conditionnements», nous a-t-il précisé. Et de conclure : «Nos concitoyens font appel, de plus en plus, à ce genre de médicaments parce qu’ils n’ont pas les moyens leur permettant d’accéder à des soins de qualité. Et tant qu’il n’y a pas de pénalisation sévère de ce trafic, ce commerce aura de beaux jours devant lui».