Médecins publics et privés doivent unir leurs efforts pour combattre le mal

Les restrictions de la mobilité des personnes s’avéreraient salvatrices


Hassan Bentaleb
Mercredi 18 Mars 2020

Médecins publics et privés doivent unir leurs efforts pour combattre le mal
Qu’en est-il de la place et du rôle de nos médecins privés dans la lutte contre la pandémie du Covid-19 ? « Aujourd’hui, la plupart d’entre nous font des consultations et renvoient les cas suspects vers les hôpitaux. Mais, si, par malheur, la propagation de la maladie atteint la phase III, nous rejoindrons le personnel médical déjà en exercice dans les structures hospitalières publiques », nous a indiqué Badreddine Dassouli, président du Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL). Et de poursuivre : « Nous avons eu des contacts avec le ministère de la Santé. Cependant, ils demeurent non- officiels et nous attendons toujours que les responsables de ce département donnent leurs directives.  Mais, si l’Etat aura besoin de nous, nous répondrons présents. C’est une affaire d’Etat et c’est lui qui décide. Nous avons toujours cru que le secteur public de la santé doit être la locomotive et que le secteur privé lui est complémentaire. Et nous avons toujours alerté sur la nécessité d’un secteur public fort puisque nous sommes convaincus que sa faiblesse en moyens et en personnels, engendra des catastrophes ».
Selon notre interlocuteur, les indices d’un secteur à bout de force sont déjà palpables comme en témoigne le nombre des lits destinés aux services de réanimation estimé à 250 au niveau de l’ensemble des régions du Royaume. « 250 lits de réanimation pour une population qui avoisine les 40 millions, c’est inconcevable. Ceci d’autant plus que le secteur privé ne dispose pas non plus de services de réanimation en nombre suffisant. En effet, nombreux sont les investisseurs du privé qui ne jugent pas nécessaire d’investir dans ces services considérés comme non lucratifs.  Il y a également le problème des respirateurs artificiels, des sérums, des consommables, des médicaments et des infrastructures (les services d’urgence et leur équipement).  Le personnel médical ne pose pas problème puisque tout le monde est prêt à s’engager (médecins, étudiants en médecine, Croissant-Rouge …). Prenez l’exemple de la France, même avec ses 5.000 services de réanimation et 7.000 soins intensifs, elle n’arrive pas à répondre aux demandes de soins en hausse vu la recrudescence des cas de contagion.  Paris qui compte 20 CHU a été lui aussi pris de court. Aujourd’hui, les autorités françaises sont en train de décider qui des personnes contaminées doit rester en vie et qui doit mourir. Bref, au Maroc, nous sommes face à deux secteurs de santé en faillite », nous a expliqué  Badreddine Dassouli.
A ce propos et vu la gravité de la situation par rapport au manque de moyens, le président du SNMSL estime que le confinement demeure la seule solution pour sortir de cette crise sanitaire grave. « Chaque épidémie a un pic qui ne doit pas être dépassé. Dans le cas du Maroc, ce pic ne doit pas dépasser nos capacités d’accueil, c’est-à-dire les 250 lits, si ce seuil est franchi, c’est la catastrophe. Et pour rester en deçà du pic, il n’y a pas mieux que le confinement », nous a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « La décision de fermeture des cafés, restaurants, hammams, écoles, mosquées et  autres... jusqu'à nouvel ordre est une bonne chose, mais il faut davantage de restrictions de la  mobilité des individus pouvant aller jusqu’à la pénalisation. En effet, cette solution du confinement doit être comprise et acceptée par les citoyens et sa réussite en tant que mesure dépend de la mobilisation et de l’engagement de nos concitoyens.
Pour expliquer au mieux cette nécessité de confinement, notre source nous a précisé qu’« aujourd’hui, nous sommes au stade 1 de la maladie. Une phase où les hôpitaux ont la possibilité de prendre en charge n’importe quelle personne qui affiche les symptômes du Covid-19. Mais, au  stade 2, ces hôpitaux ne vont pas accueillir l’ensemble des cas d’affection. Idem pour le 3ème stade où il n’y aura l’accueil que des seuls cas graves qui nécessitent la réanimation ».
Pour Badreddine Dassouli, une grande partie de la population prend à la légère la propagation de la maladie au Maroc et demeure incapable de saisir les risques encourus en cas de contamination, jugeant que le nombre des personnes contaminées ne constitue pas un problème de santé publique. « Jusqu’à présent, le nombre des cas s’élève à 38 et ce n’est pas faux puisqu’il s’agit de personnes  testées positives par les services compétents, mais ces cas ne sont que la partie visible de l’iceberg puisqu’il y a des personnes qui n’ont pas jugé utile d’aller se faire dépister puisqu’elles se croient atteintes d’une simple grippe et non pas du coronavirus. Pour ces personnes, il est clair qu’il est difficile pour l’Etat de les identifier ».  


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