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Fermer la vitre, une bonne idée. Seulement, il est trop tard : l'odeur s'est déjà insidieusement répandue dans la voiture. Conduire ou se boucher le nez ? Le choix est clairement fait : prendre son mal en patience et continuer la route avec cette odeur qui vous colle au nez en plein mois de Ramadan… Une odeur que les habitants de Diza supportent tous les jours. La collecte des ordures à Martil s'est améliorée, nous dira-t-on, mais les zones d'habitats non réglementaires sont encore mal desservies car elles sont difficiles d'accès.
Le quartier Diza est construit sur le lit d'un bras mort de l'Oued Martil où son rejetées des immondices et toutes sortes de déchets solides des plus hétéroclites. Un véritable dépotoir déversoir pour ordures et eaux usées.
Le quartier est, quant à lui, traversé par de petites ruelles parfois sans issue ou condamnées par des carcasses de voitures abandonnées ici et là. Les habitations sont collées les unes aux autres sans souci d'esthétique urbanistique ou architectural. « L'on construit pour avoir un toit sur nos têtes, ni plus ni moins ». Selon des statistiques datant de 2006 et émanant d'un document officiel sur le plan de développement local de la commune urbaine de Martil, « on estime à près de 300 nouvelles constructions réalisées chaque année depuis 1993, dont au moins 120 non réglementaires ».
L'on pourrait d'ailleurs se poser la question suivante : existe-t-il vraiment une réglementation pour les 180 restantes ? Ces quartiers, à l'image de celui de Diza, sont non structurés et surpeuplés.
Les infrastructures de base sont inexistantes et aucun service n'est proposé aux habitants. Seules de petites épiceries sont ouvertes aux coins des ruelles. Les vendeurs de légumes se démènent, eux, avec les mouches et moustiques qui collent insidieusement à leurs marchandises… Il s'agit tout bonnement d'une cité-dortoir construite anarchiquement et non réglementaire. Dehors, lorsque certains enfants, à peine âgés de 3 ou 4 ans, jouent avec du plastique qu'ils brûlent dans un brasero, d'autres, à moitié nus, se lavent en pleine rue en utilisant directement de l'eau trouvée à l'extérieur… Plus loin, je rencontre trois garçons qui se dirigent vers l'oued, portant chacun une canne à pêche de fortune. « On va aller pêcher du poisson pour le ftour (…), nous disent-ils fièrement. Pêcher dans une eau à moitié recouverte de détritus et très certainement de déchets liquides insoupçonnés ? « Pas de problème, on pêchera dans un endroit où il y a du vent ! » Une logique scabreuse. Mais l'important pour eux, c'est d'avoir de quoi manger à 19 heures…
Il faut également noter que cette population est directement exposée aux risques d'inondations et par les eaux pluviales et par les crues de l'oued du fait de la non préservation du réseau servant à évacuer les eaux. L'urbanisation anarchique, me direz-vous, est commune à toutes les villes du pays… Oui, seulement, dans le cas de Diza, la méthode utilisée pour construire sa demeure est des plus dangereuses tant au niveau sécuritaire qu'environnemental.
Le plan d'eau est peu à peu comblé par du gravier et d'autres matériaux lourds afin de créer un espace pour la construction allant même jusqu'à du R+4. L'on peut d'ailleurs constater sur place la présence de tas de graviers disposés ici et là et qui serviront, de manière totalement anarchique, à étendre le bâti et une certaine forme de misère humaine…