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Dans la symbolique de cette visite, il y a un parfum de changement d’époque, d’une prise en compte des nouveaux rapports de forces qui se dessinent au niveau mondial.
Certes Napoléon 1er nous avait bien prévenus, lui qui s’y connaissait en géographie et en diplomatie, il y a plus de deux siècles, à travers sa prophétie rendue célèbre par Alain Peyrefitte « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » qu’il fallait bien compter un jour avec ce pays.
Plus près de nous, l’historien Fernand Braudel, loin des prophéties, avec la clairvoyance du grand historien qu’il était, avait expliqué comment le centre de gravité de l’économie monde s’est déplacé de la Méditerranée vers l’Atlantique pour prédire son transfert inéluctable vers le Pacifique au XXIème siècle. Les Etats-Unis d’Amérique, la Chine et le Japon baignent dans ces eaux.
La montée de la Chine au niveau mondial a été rapide. Acceptée comme membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU à la place de Taiwan en 1971 pour son poids démographique et sa puissance nucléaire. Il lui fallait construire sa supériorité économique, c’est ce qu’elle s’est employée à réaliser de manière brillante depuis deux décennies. Aujourd’hui, après avoir dépassé récemment le Japon, elle occupe la deuxième place en tant que puissance économique mondiale et ambitionne naturellement de devenir la première autour de 2050.
La Chine s’est dotée d’une véritable industrie qui fabrique des articles élaborés en plus des premiers prix, fait de la recherche développement et innove de manière permanente. Sa classe moyenne, estimée à 180 millions de personnes ayant le niveau de vie d’un Européen, est une formidable locomotive de consommation interne. La Chine a déjà envoyé son premier homme dans l’espace.
Bien que les échanges commerciaux et humains avec la Chine aient carrément explosé depuis quelques années, le Marocain garde une image quelque peu caricaturale de ce pays.
Plusieurs explications peuvent être avancées. Le premier contact avec ce pays pour le Marocain s’est fait récemment à travers des marchandises d’une qualité douteuse. C’est un pays lointain, à la population nombreuse avec qui nous n’avons pas d’affinités culturelles. Il y a bien eu notre voyageur Ibn Batouta qui leur a rendu visite il y a quelques siècles. Mais c’est tombé dans les oubliettes, comme beaucoup de choses de notre histoire nationale.
Il est vrai aussi qu’il est plus rassurant pour les Marocains de voir le Maroc sur une carte géographique occuper le centre du monde à côté de cette bonne vieille Europe, plutôt que voir une carte où la Chine occupe le centre du monde et où le Maroc se retrouve à la marge.
S’agit-il d’être rassuré pour le Maroc ou au contraire d’anticiper les évolutions futures que connaîtra le monde pour adapter notre politique étrangère et nos échanges à celles-ci pour en tirer le meilleur profit au lieu de privilégier un européocentrisme éculé ?
Loin de l’idée d’appeler à un changement de partenariat avec l’Europe, la géographie et l’histoire sont là, il faut tout simplement que le Marocain sache qu’il y a d’autres horizons. D’autres pays existent, ils offrent d’autres opportunités d’échanges. Ces pays doivent être connus et parmi eux la Chine.
Nos échanges avec la Chine sont déséquilibrés. Le Maroc est importateur net. Nos exportations commencent à connaître un semblant de diversification avec les tentatives d’exportation d’agrumes destinés à la classe moyenne chinoise.
Peut-on prétendre au rééquilibre ?
Les pistes proposées vont en priorité vers la recherche d’investissements directs chinois au Maroc. Investissements à caractère industriel en priorité, se justifiant par l’existence d’un marché local et aussi une position géographique et des accords de libre-échange permettant la vente de marchandises à plusieurs partenaires du Maroc. Les produits agricoles ont leur place sur le marché chinois, comme ont leur place tous produits de luxe ayant une spécificité marocaine.
Des études récentes ont confirmé que Marco Polo n’avait pas atteint la Chine. Le premier qui l’a fait est Ibn Batouta. Comme diront certains, il faut oser.