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Une année après sa construction, le marché de gros a failli à sa mission. Les promesses tant données par les autorités de la tutelle n’ont pas eu lieu. Pour les deux associations des professionnels présentes au marché, à savoir l’Association casablancaise des poissonnières grossistes (ACPG) et l’association du marché de pélagiques (AMP), le constat est amer. Ce marché est un vrai fiasco. Une opération marketing qui a mal tourné. Elles reprochent à la direction du marché nombre de carences, dont deux considérées comme prioritaires : inexistence ou insuffisance de la glace et le déficit sécuritaire.
Le problème de la glace ne date pas d’aujourd’hui. Il remonte aux premiers jours d’ouverture du marché. Selon un responsable de l’Association ACPG, les poissonniers grossistes ont signé, avant leur départ du port de pêche, un contrat avec l’Office national de pêche. Celui-ci stipule que l’Office est tenu de leur assurer la glace. « Une fois sur place, on est surpris que la fabrique de glace n’est pas encore prête et qu’elle le sera dans quatre mois. Voilà une année que ça dure», affirme-t-il. Avant d’ajouter que même si le marché a été attribué à la Société glacière du port, afin de construire une fabrique de glace et favoriser une plus grande conservation des produits de mer, le problème dure encore. Car même s’il y a de la glace, elle est souvent en quantité insuffisante et sans qualité. Le pire, c’est qu’il faut attendre 5 à 7 heures pour avoir sa part. « Imagine que les camions chargés de poissons quittent le port de Safi à 2h30 de matin, ils arrivent au marché de Casablanca à 5h30 et nous, on doit attendre jusqu’à 14h30 pour avoir de la glace. C’est inconcevable et inacceptable. Alors comment peut-on parler de fraîcheur ou de qualité ?», constate-t-il.
Cette situation crée des problèmes et seuls les poissonniers en subissent les conséquences. Il s’agit de pourrissement de plusieurs tonnes de poisson avec des pertes financières colossales.
Elles sont chiffrées en millions de dirhams : « S’il n’y a pas de glace, le poisson manque de qualité et ne peut être commercialisé ; du coup on vend à perte. L’autre jour, on a vendu la sardine entre 1 et 1.50 DH le kilo, avec ces prix quel bénéfice peut-on tirer?». Les retombées de cette crise commencent à se manifester. Ainsi, le retour vers le vieux port reprend de plus belle. Ils sont nombreux ceux qui ont préféré cette solution plutôt que de rester ici et accumuler les pertes.
Pour remédier à cette situation, plusieurs réunions ont été tenues avec l’administration et l’ONP, mais aucune solution ne semble pointer à l’horizon. Pour l’administration, le problème de la fabrique de glace est lié à une anomalie d’électricité. Il n’y a pas assez pour satisfaite tous les besoins du marché. Elle a annoncé aux professionnels qu’elle sera opérationnelle dès le 1er novembre 2009. En attendant, elle a promis de distribuer 33 tonnes par jour. Elle a l’intention de dédommager les pertes et d’indemniser les poissonniers, mais rien ne semble venir.
Autre élément de désaccord : le déficit sécuritaire. Les deux Associations ont constaté qu’à l’ouverture du marché, la direction a fait de la sécurité une priorité. Chaque négociant et son personnel, ainsi que les employés de manutention doivent se doter d’un badge. N’entre pas au marché qui veut. Une année après, la situation est déplorable. Notre responsable associatif pointe du doigt la diminution du nombre des agents de sécurité. Ils sont passés de 13 agents à quelques-uns. Le marché manque aussi de poste de police. Seuls quelques agents des forces auxiliaires, mal équipés, patrouillent devant le portail du marché, mais leur nombre reste largement insuffisant (à peine 3). Ce responsable souligne aussi que le mur délimitant le marché n’est pas élevé, ce qui permet à n’importe qui de pénétrer sans problème. Ce qui encourage les malfaiteurs à commettre des vols et infractions dans l’enceinte du marché. « Le mur est si petit que l’on peut entrer et sortir sans problème. Dernièrement, on a enregistré des cas de vol de portables, argent et des bagarres. L’un des négociants du marché se trouve dans le coma à cause d’une altercation violente qui nous protègera ? »,regrette ce responsable.
Pour mettre fin à cette situation, les deux associations ont multiplié des réunions et des contacts avec la direction du marché, la direction régionale de l’ONP et les responsables du ministère de la Pêche, mais personne n’a osé donner suite aux revendications des professionnels.
« On attendait beaucoup de cette infrastructure, mais aujourd’hui on a la conviction que tout a été bien orchestré. Cette grande bâtisse présentée comme ultramoderne n’est que de la poudre aux yeux », déclare-t-il. « Ils ont menti au Roi, aux citoyens et à nous-mêmes, en nous vendant un marché incomplet et non fonctionnel. Sur la maquette, le marché est un vrai bijou, mais la réalité est navrante. Regardez autour de vous, il n’y a ni mosquée, ni poste de police, ni café. La halle climatisée des poissons pélagiques manque d’eau et d’électricité. C’est ça le marché de gros qui a coûté 70 millions de DH. ».
Face à ces accusations, l’administration du marché garde le silence. Elle a refusé à plusieurs reprises de nous recevoir. Quant aux professionnels, ils attendent toujours le miracle. Ils expriment leur colère, en l’absence d’une volonté réelle de la part des responsables pour mener des négociations sérieuses et constructives. Pour le moment, ils demandent une réunion avec le directeur de l’ONP. Si ce dernier refuse de les recevoir, ils menacent de s’adresser aux hautes autorités de l’Etat.