Quelques centaines de manifestants s'étaient rassemblés mercredi soir devant l'hôtel de ville de Geldermalsen, où avait lieu une discussion sur l'éventuelle ouverture d'un centre d'accueil pour 1.500 demandeurs d'asile.
"Vers 20H00 (19H00 GMT), l'ambiance s'est complètement dégradée", a déclaré Lute Nieuwerth, chef de la police locale, lors d'une conférence de presse jeudi matin, précisant qu'entre 70 et 80 personnes s'en sont prises à la police présente sur place ainsi qu'à l'hôtel de ville.
Des pierres, bouteilles et pétards, notamment, ont été jetés sur les policiers ainsi que sur le bâtiment de la municipalité, a précisé M. Nieuwerth. La police a répondu en chargeant les manifestants et en tirant des coups de semonce.
Les émeutiers ont renversé des barrières et tenté de pénétrer dans l'hôtel de ville, sans succès. Deux policiers et plusieurs manifestants ont été légèrement blessés.
La réunion à la municipalité a été annulée et ses quelque 300 participants mis en sécurité, d'abord au premier étage du bâtiment, ensuite au poste de police situé à proximité.
Quatorze émeutiers ont été interpellés, tous des habitants de Geldermalsen, selon M. Nieuwerth, qui a ajouté que des images des événements sont étudiées afin d'identifier d'autres suspects.
"Nous voulons identifier le plus grand nombre possible d'émeutiers afin de les traduire en justice", a renchéri John Lucas, représentant du parquet, lors de la même conférence de presse. Aux Pays-Bas, la question de l'accueil des réfugiés polarise : les débats locaux et nationaux ont parfois été marqués par des échanges d'insultes, des lettres de menaces, des violences physiques...
"Il y a des limites à ne pas franchir", a réagi le secrétaire d'Etat à la Justice et la Sécurité Klaas Dijkhoff, cité par la télévision néerlandaise. "Lorsque quelqu'un veut exprimer son opinion, on le lui permet, mais on ne le fait pas en jetant des pétards".
Reconnaissant que la question de l'accueil des réfugiés est "difficile", il a affirmé que les événements de Geldermalsen étaient "sans précédent".
L'Europe doit actuellement faire face à sa pire crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale, des centaines de milliers d'Irakiens, Syriens et Erythréens, notamment, fuyant leur pays en quête d'une vie meilleure.
"Peu importe les idées ou propositions dont nous débattons au conseil municipal (...), dans une démocratie, dans une société comme la nôtre, nous débattons à l'aide de mots", a quant à elle affirmé Miranda de Vries, maire de Geldermalsen.
Les Pays-Bas s'attendent à enregistrer un nombre record de demandes d'asile en 2015, quelque 54.000 d'entre elles ayant déjà été soumises de janvier à mi-novembre. Les Pays-Bas sont une des destinations les plus populaires, avec l'Allemagne et la Suède, notamment, auprès des réfugiés.
Comme dans d'autres pays d'Europe, les populistes surfent sur cette crise migratoire aux Pays-Bas : le Parti pour la Liberté (PVV) de Geert Wilders caracole actuellement en tête des sondages.