Malgré sa loi répressive sur l’immigration : L’Italie s’apprête à recevoir 4.500 travailleurs marocains

Depuis hier et jusqu’au jeudi 3 février, les yeux de beaucoup de Marocains sont rivés sur l’autre rive de la Méditerrané, en l’occurrence, l’Italie qui vient de lancer son programme d’accueil de nouveaux travailleurs immigrés en provenance notamment du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie.
100.000 personnes seront acceptées sur le territoire italien sur la base d’un décret pour l’entrée programmée d’étrangers selon des quotas concernant une quinzaine de pays qui ont signé des accords de coopération avec l’Italie dont le Maroc.
En principe, ce programme s’adresse à des travailleurs étrangers dont des employeurs en Italie se portent garants en déposant une demande d’entrée pour eux. Tout se fera par Internet et les demandes seront acceptées sur la base de l’ordre d’envoi sur les ordinateurs du ministère italien de l’Intérieur.
L’Europe semble continuer à fasciner encore beaucoup de Marocains malgré la morosité de l’économie et la montée en puissance du racisme et de la xénophobie. Ils sont des milliers à tenter quotidiennement leur chance légalement ou illégalement pour franchir les frontières et ils sont prêts à payer le prix fort pour réaliser ce rêve.  
Omar, 29 ans-cuisinier, fait partie de ces prétendus candidats. Sa sœur, agent de nettoyage dans une grande surface milanaise, lui a promis de déposer son dossier auprès des autorités italiennes. Son employeur lui a donné sa parole. Omar croit en l’engagement de sa sœur, mais il croise les doigts et ne cesse de la rappeler par téléphone pour faire le nécessaire.
Saïd, 32 ans- résident en Italie, en sait quelque chose de ses rêves. Il a beaucoup enduré avant de passer de l’autre côté de la Méditerranée.  
Il travaille maintenant comme mécanicien dans une ville au Sud de l’Italie.  Il s’estime chanceux, mais il a perdu beaucoup de ses illusions. L’Italie des antennes paraboliques, du Calcio et de la RAI semble se volatiliser.  De retour au Maroc pour fêter l’Aïd avec sa famille, Saïd n’a pas cessé de dire à qui veut l’entendre que les travailleurs immigrés sont de plus en plus nombreux malgré la loi sur l’immigration jugée répressive et les discours racistes prônés par la droite sur les immigrants. « La concurrence est rude. La main-d’œuvre venue de Roumanie et de  Pologne est plus compétitive et moins chère. Les Italiens la préfèrent puisqu’elle fait partie de l’UE ». Cependant,  Saïd analyse les choses avec philosophie. Il pense que le gouvernement de Silvio Berlusconi a besoin encore de force de travail des immigrés. « C’est grâce à nos impôts qu’il paye les pensions des retraités et des vieillards. Mon travail fait vivre aujourd’hui deux personnes âgées ». Vrai ou faux, Saïd ne semble pas perturbé. Suite de la première page

Pourtant, il trouve que malgré cela,  les autorités italiennes sont moins reconnaissantes. Il fait allusions aux  conditions  contraignantes exigées lors de chaque  renouvellement des titres de séjour. Plusieurs conditions financières sont demandées et chaque immigré doit répondre à certaines formalités.   « Heureusement qu’on a droit à des avocats et on bénéficie du soutien du maire de notre ville. Sinon, je ne sais pas quel sort nous sera réservé ».
Malgré tout, Saïd s’estime heureux et respecté. « Les Italiens admirent beaucoup les travailleurs immigrés. Les habits de travail nous donnent plus d’estime et de considération mais l’amour de notre patrie demeure irremplaçable», a-t-il confié à son ami Ismail, 30 ans, cadre commercial, qui a acquiescé. D’ailleurs, il vient de décliner une proposition d’aller en Italie. « Je connaîs quelqu’un qui m’a proposé un contrat de travail de 6 mois contre 50.000 DH, mais j’ai refusé ». Il a un boulot stable, une femme et une fille et croit que son bonheur est ici et pas ailleurs. « Parfois, je pense que c’est bête de rester au Maroc, mais je m’accroche grâce à la famille ». 
Said pense que chacun a ses propres arguments, mais il croit que le bonheur n’a pas de frontières et que chacun le cherche là où il semble exister.