Malgré les menaces ministérielles : La fraude gagne le Bac


KAMAL MOUNTASSIR
Jeudi 4 Juin 2009

Il a été dit et ressassé à tous les niveaux, devant les caméras et les micros de la radio que l’on a enterré comme par enchantement, la triche à jamais. Des dispositions également ont été prises dont le fameux Guide de l’examen pour venir à bout d’un phénomène ancré dans l’esprit de nos élèves et devenu une mentalité, une culture voire un art. Apres deux jours d’examen  du Baccalauréat, certains élèves rivalisent d'ingéniosité pour tricher. Pour quelques passionnés,  " le harz" et d’autres moyens sont devenus presqu'un art, même s’ils peuvent coûter très cher le jour du Bac avec les nouvelles directives du département de Khchichen. Si certains sont pris la main dans le sac et que d’autres arrivent à tromper la vigilance des surveillants, il n’en reste pas moins vrai que le phénomène est omniprésent sous toutes ses formes contrairement aux communiqués du tout-va-bien dans le meilleur des mondes. Partout, on nous signale du côté des responsables, des élèves et des enseignants que le fléau sévit et que les élèves parviennent à s’adapter à la « nouvelle » situation qui n’en n’est pas une. Si on annonce que dans les 900 centres d’examens  à travers le Royaume que la transparence et l’honnêteté ont été de mise, il n’en demeure pas moins que la fraude persiste mais reste moins apparente .Devant l’absence de statistiques sur le nombre de tricheurs à l’examen, les déclarations des élèves et des surveillants montrent que, à côté de la peur créée par la sévérité annoncée pour l’application stricte de la loi contre la fraude par le ministère et relayée largement par les différents médias, il y a toujours cette volonté de vouloir copier. La preuve, c’est que la plupart des élèves ont plus d’un « Harz » (petit bout de papier contenant des lecons) et quand l’occasion se présente on en fait usage. La triche n’est pas comme on voudrait le laisser croire réservée à quelques spécialistes ou à quelques amateurs, mais la lutte contre ce phénomène généralisé nécessite plus d’un communiqué.
D’abord, il faut mettre en confiance l’enseignant surveillant en lui assurant une véritable protection et non l’envoi d’une quelconque note ministérielle ou académique. Par ailleurs, il est nécessaire d’introduire une indemnité de surveillance au Baccalauréat comme c’est le cas de la correction des copies pour une plus grande motivation. Il faut revoir aussi l’horaire des matières pour permettre aux surveillants de se reposer et d’accomplir leur tâche dans de bonnes conditions. De même qu’il est nécessaire de prendre exemple sur l’Académie du Grand Casablanca où l’on a pris la décision de ne pas laisser les élèves passer l’examen «chez eux «  c'est-à-dire dans le lycée où ils étudient. Cela aidera énormément l’égalité des chances à se réaliser.
A rappeler que l’année dernière, le ministère de l’Education nationale, avait rendu public un rapport sur ce phénomène intitulé «Les mesures prises à l’échelle régionale pour lutter contre le phénomène de la triche lors des examens du baccalauréat» et avait annoncé les mêmes mesures draconiennes à l’encontre des fraudeurs, mais en vain.  Au Maroc, le copiage est un phénomène généralisé, où l’on s’applique à inventer des astuces toujours plus ingénieuses, pour obtenir le meilleur résultat sans aucun effort. Il ne s’agit aucunement     d’un déficit de morale, ou de civisme  dont ont besoin nos élèves. Loin s’en faut !   Mais parce que nos enfants   baignent dans la triche. Ils sont profondément convaincus, que le meilleur moyen de réussir les examens, c’est  de copier, de frauder, et rien  d’autre ne pourrait conduire au succès. C’est une mentalité, une éducation, une culture que ni les leçons de morale ni les sanctions sévères ne pourront éradiquer. Seul un changement comportemental et éducatif des adultes pourrait influencer nos enfants, car le phénomène est enclenché dès le primaire avant de prendre l’ampleur aux examens du Bac.


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