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Dans l'ombre de sa star Cristiano Ronaldo, la "Selecçao" aime les héros inattendus: trois ans après l'improbable but d'Eder en finale contre la France (1-0 a.p.), c'est cette fois l'inconstant Guedes qui, d'un tir puissant mal détourné par le gardien (60e), a guidé la "Selecçao" vers un sacre à domicile en forme de confirmation, dimanche au stade du Dragon à Porto.
De quoi faire un sort au traumatisme de la finale perdue à la maison contre la Grèce (1-0) il y a quinze ans à l'Euro-2004... De quoi aussi valider la mainmise portugaise sur le football européen, à un an de l'Euro-2020 dans douze villes du continent.
"Nous allons tenter (de regagner l'Euro), de nous mêler à la lutte pour le titre", a prévenu Ronaldo en zone mixte. "J'ai la certitude que cette sélection va être encore meilleure car les joueurs les plus jeunes vont être encore plus matures. Cette sélection a de l'avenir."
Au coup de sifflet final, le capitaine portugais et ses hommes se sont longuement étreints sur la pelouse, pendant que leur public, présent en nombre, agitait des milliers de drapeaux en chantant en choeur.
Ce trophée inédit est certes honorifique, loin du prestige d'un Euro ou d'une Coupe du monde. Mais il complète joliment la collection de Ronaldo, qui a signé une finale toute en abnégation après son triplé en demies contre la Suisse (3-1) et peut-être marqué des points en vue du Ballon d'Or en fin d'année.
Surtout, cette Ligue des nations est la preuve tangible que la nouvelle génération du Portugal a des arguments pour défendre sa couronne l'an prochain: l'équipe de Fernando Santos a étouffé avec maîtrise la jeune garde néerlandaise et son virevoltant jeu de passes, qu'on espère revoir plus à maturité dans un an.
"Peut-être que pour franchir l'étape d'après, nous avons besoin de davantage de temps et d'arguments offensifs. Peut-être que c'était trop tôt pour gagner et que nous devons attendre le prochain Euro", a analysé le sélectionneur néerlandais Ronald Koeman.
Face à son équipe au stade du Dragon, le Portugal a présenté un bloc défensif et un pressing haut très efficace.
Et tout en laissant les Pays-Bas multiplier en vain les passes entre défenseurs, les Portugais ont avalé les espaces. Le milieu du Sporting Bruno Fernandes a enchaîné les tentatives, tandis que Ronaldo, un peu isolé en pointe, jouait davantage les remiseurs.
A la pause, le score vierge reflétait les prouesses défensives du gardien Jasper Cillessen et de Van Dijk, qui a bien contenu "CR7", pris dans la tenaille.
Mais les Néerlandais avaient puisé dans leurs réserves jeudi en demi-finale contre l'Angleterre (3-1 a.p.). Et le Portugal n'a pas relâché la pression en seconde période, enchaînant les corners offensifs et les frappes: 14 tirs à zéro à l'heure de jeu!
Mais que de ratés de Guedes ! L'ailier de Valence, trop maladroit, a gâché deux excellents ballons de contre-attaques (53e, 58e).
Pourtant, il était écrit que la lumière viendrait de l'attaquant portugais le plus imprécis du match: sur un déboulé, Bernardo Silva a fixé la défense et servi en retrait l'ancien joueur du PSG, qui a marqué d'une frappe lourde et libéré le stade du Dragon (60e).
Un scénario improbable, un héros inattendu... et toute une équipe, tout un pays pour dresser des barricades défensives pendant une dernière demi-heure crispante où le gardien Rui Patricio s'est interposé avec autorité devant Memphis Depay (65e).
Après avoir tant pleuré, notamment lors du crève-coeur de l'Euro-2004, les Portugais le savent: c'est encore plus beau de gagner lorsqu'on a souffert.