Les semaines passent, le triste constat demeure: le champion de France Marseille, tenu en échec samedi au Vélodrome par le rélégable Lens (1-1), ne parvient toujours pas à faire honneur à son rang et offre l'image d'une équipe sans repère.
Le public marseillais, qui n'est certes pas le plus indulgent de France, semble ainsi à bout de patience avec cette formation qu'il a de nouveau conspuée en fin de rencontre, dépité par tant d'ennui.
Combien de matches objectivement intéressants a-t-il en effet vu ou suivi cette saison ? Cinq au maximum, toutes compétitions confondues: à Zilina en Ligue des champions lors du carton historique (7-0), en 2e mi-temps à Lille lors de la 10e journée, à Bordeaux (1-1, 4e journée), à Saint-Etienne (1-1, 8e journée) et à domicile, à la rigueur, devant Monaco (2-2, 5e journée). Maigre bilan.
Les ratés à répétition de Bordeaux et Lyon bénéficient indirectement à l'OM, qui reste d'autant plus dans la course à la première place qu'il compte un match en retard contre Rennes le 1er décembre. L'urgence n'est donc pas encore absolue.
Cela ne suffit pas pourtant à masquer les carences continues de cette équipe.
A l'issue du triste nul samedi, le coach marseillais Didier Deschamps n'a pas jugé opportun de secouer un vestiaire abattu par la déception. Il garde ses mots pour la fin de semaine et le retour des internationaux. Il attend peut-être également une explication interne comme celle ayant eu lieu la saison dernière après la défaite à Montpellier le 30 janvier lors de la 22e journée, où les joueurs s'étaient dit leur vérité, à son initiative. Ceux-ci ont au passage pris soin d'éviter la presse samedi, à l'exception du jeune André Ayew et de "l'ancien" Edouard Cissé.
Deschamps n'en a pas moins dressé son propre constat. Il sait d'abord que son équipe ne pourra guère aller plus loin dans ses ambitions sans le réveil de ses attaquants, et notamment de sa doublette Rémy-Gignac.
Les matches se succèdent, et la déception grandit autour de ces deux hommes pour lesquels l'OM a déboursé 30 M EUR cet été. Cela fait très, très cher pour 4 buts au total (3 pour Rémy, 1 pour Gignac). Gignac, pourtant, a livré samedi un bon début de match, pugnace et dangereux dans ses débordements. Il s'est progressivement éteint, alors que Rémy s'est montré fantomatique, avec une seule frappe à son crédit. "En qualité et en potentiel, il y a ce qu'il faut. Reste à le matérialiser sur le terrain", a répété Deschamps samedi à leur sujet. Comment le dire autrement ?
Ces deux hommes ne sont évidemment pas les seuls à évoluer en deçà de leur potentiel, mais ils focalisent l'attention et souffrent de la comparaison avec leurs prédécesseurs. Niang, Ben Arfa, voire Koné avaient ce profil de joueurs de rupture capables de faire basculer un match. Gignac et Rémy en sont loin aujourd'hui.
Plus largement, cette équipe qui ne parvient pas à se "lâcher" selon Deschamps passe trop de temps à se regarder jouer, ne faisant que trop rarement appel aux vertus de base requises à ce niveau: agressivité, état d'esprit combatif, justesse technique, imagination. Avec des cadres comme Diawara et Lucho au rendement trop sinusoïdal, cela fait beaucoup à surmonter. Surtout avant un rendez-vous décisif à Moscou en Ligue des champions face au Spartak le 23 novembre.