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Selon ce document, plusieurs cas d’arrestation, de détention, d’interrogatoire de chrétiens marocains à cause de leurs croyances ont été constatés. Pis, certains convertis auraient même fait l’objet de pression de la part des autorités pour renoncer à leur foi. Le rapport cite également le cas du leader chiite Abdou El Chakrani qui a été arrêté pour «irrégularité financière», alors que ses proches pensent qu’il a été «ciblé pour ses croyances religieuses et pour avoir tenté d’enregistrer une association affiliée à des leaders chiites». Des faits qui vont, estime le Département d’Etat américain, à l’encontre des dispositions constitutionnelles qui garantissent à tous la liberté de pratiquer leurs cultes.
Le rapport a fait état aussi de chrétiens marocains qui ont dénoncé des pressions de la part de leurs proches et amis afin qu’ils se convertissent de nouveau à l’islam ou renoncent à leur nouvelle foi qu’ils sont obligés de pratiquer dans le secret par peur du harcèlement social, de la discrimination professionnelle, ou encore des violences potentielles des «extrémistes». Des leaders chrétiens indiquent qu’entre 1.000 et 3.000 d’entre eux prient régulièrement dans des «églises de maison». Tel est le cas également des chiites.
« Il s'agit d'un rapport non scientifique basé sur des informations collectées auprès de responsables gouvernementaux, de leaders religieux, d’ONG, de journalistes, d’observateurs des droits de l’Homme, d’universitaires, etc. dans près de 200 pays. Du coup, et d’un point de vu méthodologique et scientifique, il n’est nullement valide. Il ne se base pas sur des critères scientifiques pour mieux éclairer la question de la liberté du culte au Maroc comme c’est le cas pour d’autres rapports publiés par des centres de recherche », nous a indiqué Mountassir Hamada, chercheur spécialiste des mouvements islamistes et coordinateur d'un rapport sur la religion et la religiosité au Maroc. Et d’ajouter : « Le problème reste celui de l’usage ou de la lecture politiques que l’on fait de ce rapport ».
Ce manque de rigueur scientifique est à noter également au niveau des chiffres avancés par le rapport concernant chaque minorité religieuse au Maroc, souligne notre source. Le document en question estime que les chrétiens, les juifs, les musulmans chiites, et les bahaïs représentent moins de 1% des habitants du Royaume. Plus précisément, les leaders de la communauté juive du Maroc estiment entre 3.000 et 4.000 le nombre de leurs coreligionnaires, dont près de 2.500 à Casablanca et approximativement 75 à Rabat et 75 à Marrakech. 2.000 à 6.000 chrétiens marocains sont répartis à travers le Royaume, selon les estimations des leaders chrétiens étrangers sur place, alors que la population chrétienne étrangère est composée d’au moins 30.000 catholiques et 10.000 protestants. On compte également une petite communauté russe orthodoxe à Rabat et une autre grecque orthodoxe à Casablanca, ajoute le rapport, avant de souligner que Casablanca, Tanger et Rabat regroupent la majeure partie des chrétiens du Maroc.
Résidant principalement dans le Nord, la communauté chiite est, pour sa part, estimée à des dizaines de milliers de membres, dont 1.000 à 2.000 Libanais, Syriens et Irakiens. Les communautés ahmadiyya et bahaï comptent respectivement près de 600 et 500 membres.
« Ces chiffres sont inexacts puisque même l’Etat marocain avec ses réseaux d’information et ses institutions demeure incapable de préciser avec exactitude le nombre de chiites ou autres dans notre pays. Que dirait-on alors d’un rapport américain rédigé sur la base de notes de fonctionnaires depuis leurs bureaux de l’ambassade américaine de Rabat ? », nous a-t-elle expliqué.
Concernant la situation des minorités religieuses au Maroc, Mountassir Hamada nous a affirmé que la propagation du bahaïsme et de l’ahmadiyya reste limitée à certaines familles à l’inverse du christianisme et du chiisme où des organisations et des réseaux de prosélytisme sont actifs notamment dans le Nord et au sein de la communauté marocaine à l‘étranger. «Dans le monde arabe, on assiste ces dernières années, notamment avec le développement des réseaux sociaux, à l’émergence de plus en plus d’individus qui déclarent ouvertement pratiquer d’autres religions que l’islam. Au Maroc, on assiste à l’émergence de l’athéisme. S’agit-il d’un athéisme culturel ou religieux ? Il est encore tôt pour se prononcer», nous a-t-il révélé.
En réponse à une question relative au traitement de ces minorités, notre source nous a indiqué que le Maroc a toujours été un pays de tolérance. Mais cela n’empêche pas qu’il y ait des soucis sécuritaires notamment avec le chiisme ou le christianisme. « Il y a un traitement politique sécuritaire de ce dossier comme dans les autres pays de la région, et il y a un traitement sociétal et idéologique de la question du christianisme », a-t-il conclu.