Une bien étroite relation de cause à effet: Apathie gouvernementale et corruption endémique


Mourad Tabet
Mardi 11 Février 2025

Le Maroc a dégringolé à la 99ème place dans l'Indice de perception de la corruption de 2024 (IPC) de Transparency dont les résultats ont été rendus publics lors d’une conférence de presse organisée hier à Rabat par Transparency Maroc.

Présentant la teneur de ce nouveau rapport, Azzedine Akesbi, membre dirigeant de Transparency Maroc, a dénoncé «une corruption endémique» dans laquelle s’engouffre le Maroc d’année en année. «Nous avons perdu en 2024 un point par rapport à l’année 2023.

On est passé de 38 à 37 sur 100 points, alors que la moyenne se situe à 43 points. D’aucuns minimiseront ce recul, mais cette régression, même d’un point, a une grande importance et confirme que notre pays s’engouffre d’année en année dans une corruption endémique», a martelé Azzedine Akesbi lors de cette rencontre.

Le rapport de Transparency International a confirmé que le Maroc a une nouvelle fois reculé dans l'Indice de perception de la corruption de 2024, perdant deux places pour se classer 99e sur 180 pays.

Pour rappel, le Maroc s’est classé 97ème en 2023 avec une moyenne de 38 points, 94ème en 2022 avec la même moyenne, 89ème en 2021 avec 39 points et 86ème en 2020 avec une moyenne de 40 points.

«Comment expliquer cette dégringolade?», s’est interrogé Azzedine Akesbi avant de répondre : «On recule parce que le gouvernement n’a pas une volonté politique pour mener des réformes sérieuses» à même de lutter contre la corruption.

Sur le plan arabe, les Emirats Arabes Unis ont maintenu leur position de leader avec 68 points, ce qui leur a permis de se situer à la 23e place mondiale. Le Qatar et l’Arabie Saoudite ont occupé ex aequo la deuxième position avec 59 points chacun, se classant ainsi à la 38e place mondiale. Oman, avec 55 points, a pris la troisième place et se classe 50e mondialement. Viennent ensuite Bahreïn, la Jordanie, le Koweït et la Tunisie.

Il convient de rappeler que l’IPC de Transparency International mesure chaque année dans 180 pays la perception de la corruption dans le secteur public, de 0 (maximum) à 100 (minimum). Il révèle qu’en 2024, la corruption reste un fléau largement répandu dans le monde. En effet, plus de deux tiers des pays examinés n’atteignent même pas la barre des 50 points. La moyenne se situe toujours autour de 43 points et le Danemark occupe la première place du classement.

Par ailleurs, Ahmed Bernoussi, président par intérim de Transparency Maroc, est revenu sur la récente décision de Transparency Maroc de suspendre sa participation à la Commission nationale anti-corruption (CNAC), la justifiant par l'absence de signaux tangibles démontrant un engagement effectif des pouvoirs publics en faveur de la lutte contre la corruption et le retrait du projet de loi visant à compléter et modifier le Code pénal afin de criminaliser l’enrichissement illicite.

Il a également fait savoir que la commission ne s'est réunie que deux fois en huit ans, malgré les dispositions légales imposant un minimum de deux sessions annuelles, ce qui reflète, selon Ahmed Bernoussi, l’absence de volonté politique de la part du gouvernement de mener une lutte sérieuse contre la corruption.

Le dirigeant de cette ONG a également critiqué les restrictions imposées aux organisations de la société civile et au pouvoir judiciaire dans le cadre du projet de réforme du Code de procédure pénale, jugeant ce projet de contraire aux dispositions de la Constitution et aux engagements internationaux du Maroc en matière de lutte contre la corruption.

Selon lui, Transparency Maroc refuse de siéger dans une instance dont l’action demeure symbolique, faute de volonté réelle d’application des réformes nécessaires et, essentiellement, «pour ne pas donner un blanc seing à la coalition gouvernementale à l’approche des éhéances électorales ».

A rappeler que Transparency International utilise une méthodologie rigoureuse pour élaborer l’IPC, un classement annuel des pays selon le niveau perçu de corruption dans le secteur public. Elle est basée sur plusieurs sources indépendantes (généralement entre 8 et 13) provenant d'institutions renommées, telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou encore le Forum économique mondial. Ces sources évaluent la corruption perçue sur la base d’enquêtes et d’analyses d’experts.

En plus, cette méthodologie garantit la comparabilité des données d’une année à l’autre et entre pays, mais elle repose sur des perceptions, et non sur des preuves directes de corruption.

Mourad Tabet

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