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Elles ont été conduites par des soldats israéliens jusqu'à leur village de Nabi Saleh. En larmes, l'adolescente a embrassé les membres de sa famille et les soutiens venus l'accueillir, sur un petit chemin menant à la bourgade. Puis, le père, Bassem, encadré de sa fille et de son épouse, les a accompagnées jusqu'à la maison familiale, sous les cris de la foule scandant : "Nous voulons vivre libres !"
Face à un mur de caméras, les épaules recouvertes d'un keffieh, châle blanc et noir symbole de la résistance palestinienne, Ahed Tamimi a adressé des remerciements à la foule venue l'accueillir. "La résistance continue jusqu'à ce que l'occupation prenne fin", a-t-elle clamé, sa voix recouverte par les cris de ses soutiens. L'adolescente a rendu visite à des proches qui ont perdu l'un des leurs, tué en juin dernier lors d'affrontements avec des soldats israéliens.
Elle a ensuite déposé des fleurs sur la tombe du dirigeant palestinien Yasser Arafat, à Ramallah et s'est rendue au siège de l'Autorité palestinienne, sans qu'il soit confirmé si une rencontre avec le président palestinien aurait lieu. Elle devait donner une conférence de presse dans l'après-midi. Les autorités israéliennes ont tenu à limiter la médiatisation autour de la libération de Ahed Tamimi et sa mère, notamment en diffusant des informations contradictoires sur l'endroit par lequel elles étaient censées rentrer en Cisjordanie occupée.
Samedi, deux Italiens et un Palestinien ont été arrêtés après avoir peint le visage désormais célèbre de l'adolescente aux longues boucles blondes sur le mur de séparation construit par Israël en Cisjordanie occupée. Ahed Tamimi avait été arrêtée le 19 décembre 2017, quelques jours après avoir été filmée dans une vidéo devenue virale sur Internet.
Les images la montraient en train de s'approcher avec sa cousine Nour Tamimi de deux soldats israéliens appuyés sur un muret, dans la cour de sa maison à Nabi Saleh, un village de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans. Les deux jeunes filles leur demandent de quitter les lieux puis leur donnent des coups de pied et de poing et des gifles.
Les Palestiniens louent Ahed Tamimi comme un exemple de courage face aux abus israéliens dans les Territoires palestiniens occupés. L'adolescente a été saluée par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et célébrée sur les réseaux sociaux. Les Israéliens eux considèrent en revanche que l'adolescente est instrumentalisée par sa famille, la jeune fille ayant déjà été impliquée auparavant dans une série d'incidents avec des soldats, dont les images avaient fait le tour du monde.
Pour les défenseurs des droits de l'Homme, l'affaire Tamimi est aussi un symbole qui a permis de mettre en lumière les pratiques des tribunaux militaires israéliens et leur taux de condamnation très élevé -99%- de Palestiniens. La Cisjordanie étant un territoire occupé militairement par Israël, les Palestiniens qui y résident sont jugés devant des tribunaux militaires.
"Israël emprisonnant une enfant pendant huit mois (...) reflète la discrimination endémique, l'absence de procédure officielle et le mauvais traitement des enfants", a ainsi tweeté dimanche Omar Shakir, directeur d'Human Rights Watch en Israël. "Des centaines d'enfants palestiniens restent derrière les barreaux et ne bénéficient d'aucune attention", a-t-il ajouté. Ahed Tamimi avait 16 ans au moment de son arrestation. Condamnée à huit mois de prison le 21 mars à l'issue d'un accord dit de "plaider coupable", l'adolescente a fêté ses 17 ans en prison. Sa cousine avait, elle, été libérée en mars. L'adolescente et sa mère ont été libérées trois semaines en avance, une pratique fréquente du fait de la surpopulation des prisons, a précisé à l'AFP l'avocate des deux femmes, Gaby Lasky. L'adolescente s'est vu infliger une peine presque aussi lourde - huit mois de prison - que le soldat israélien Elor Azaria condamné à neuf mois pour avoir abattu un assaillant palestinien blessé, qui ne constituait plus une menace.