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Le Professeur Maâzouzi s'est-il rendu coupable des faits qui lui sont reprochés ? A Libération, comme ailleurs, nous n'en savons rien tant que les conclusions d'une enquête diligentée par les services de la Police judiciaire n'ont pas été rendues publiques et qu'une mission de l'Inspection générale du ministère de la Santé n'a pas encore dit son dernier mot.
Le chef du service de chirurgie cardiovasculaire du Centre hospitalier Ibn Sina est aujourd'hui accusé de fraudes. Il est suspendu de ses fonctions à la tête de ce service qui a été d'ailleurs fermé et dont le personnel -médecins et infirmiers- a été redéployé. Le Professeur Maâzouzi est-il coupable ? La direction du CHIS a en tout cas instruit le procès et rendu son verdict. Aujourd'hui, aux yeux de l'opinion publique, ce cardio-chirurgien est un coupable tout désigné. Télévision et journaux ont rendu compte de cette triste affaire -parce qu'il s'agit d'abord et avant de la santé et de la vie de citoyens- sans jamais écouter la version des faits du présumé coupable.
Le Pr. Maâzouzi a choisi de rompre le silence et de faire enfin entendre sa voix. Il a choisi la presse de l'Union socialiste des forces populaires pour le faire, « des journaux réputés pour leur sérieux et leur défense des droits humains», nous a-t-il expliqué. Libération autant qu'Al Ittihad Al Ichtiraki sont d'abord et avant tout des espaces de liberté et de débat. Si nous ouvrons aujourd'hui nos colonnes au Pr. Wajih Maâzouzi nous le ferons, de la même manière, à tous ceux parmi les responsables suivant cette affaire et qui souhaiteraient s'exprimer.
Libération
Madame la ministre,
Alors que la nouvelle année de l’Hégire vient de débuter, avec toutes ses promesses, je ne peux que déplorer les évènements récemment placés sous le sceau de décisions administratives et d’arrêté qui ont fini par avoir raison de l’espoir de plusieurs générations de chirurgiens du cœur.
L’année écoulée n’a pas été de tout repos pour vous aussi, et j’imagine que lourde fut votre décision de mettre fin à ma mission de chef de service par votre arrêté du 22 décembre 2010, journée tout aussi lourde d’une interpellation et, semble-t-il, d’une lettre du chef de votre propre groupe parlementaire, tous deux en appelant à votre sens de la pondération dans une affaire dont vous êtes peut-être loin de connaître les tenants et aboutissants. Je suppose que la coupe était beaucoup trop pleine pour admettre une copie, arrivée à votre secrétariat le jour même à 13h00, du rappel à l’ordre légal et réglementaire adressée par Monsieur le Professeur Taïeb Chkili, Président de l’Université Mohammed V – Souissi, adressée à notre Doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat. Cette missive, en effet, rendait nulle et non avenue toute décision de la Commission Scientifique de ladite faculté, érigée pour l’occasion en tribunal orienté, et cela en dépit de son incompétence depuis l’avènement en 2003 de la Commission paritaire administrative de l’Université, et du grade de ses membres insuffisant à statuer sur le cas de leur aîné.
Je respecte votre décision, Madame, et qui le ferait d’ailleurs mieux que moi qui, tout comme vous, ai pensé tout fort : «Le droit et la santé ne s’épousent-ils pas ? ». Bien plus, je vous comprends et décèle le signal que vous me lancez : votre arrêté, ne se contentant pas des trois considérants se rapportant à la législation en vigueur et qui suffisent à justifier la décision prise par le président délégué du Conseil d’administration du Centre hospitalier Ibn Sina, que vous êtes, fonde cette décision sur deux propositions et un procès-verbal. Ces fondements m’interpellent et m’obligent à apporter des précisions.
La fermeture, ou soi-disant gel du service de chirurgie cardiovasculaire A pour certains esprits malintentionnés et aux motifs douteux, est un véritable scandale, une infamie et également un acte irresponsable, tant son impact sur la santé de centaines de citoyens disposant de peu de moyens est certain. Certes, les instigateurs de cette fermeture vous ont soumis et proposé moult raisons fallacieuses pour justifier un acte aussi irresponsable, mais la clairvoyance à laquelle je fais appel aujourd’hui devait dicter la pondération dans l’intérêt desdits malades et celui de la crédibilité et de l’image de marque de l’institution dans son ensemble.
D’aucuns se demanderaient, en apprenant la fermeture du service, pourquoi ceux qui hier encore ont vanté les mérites oralement et par écrit, sont ceux-là mêmes qui ont exercé un forcing sans précédent pour détruire un joyau du dispositif de couverture cardiovasculaire non seulement à Rabat mais pour l’ensemble du pays.
Le responsable politique et défenseur que des droits humains que vous êtes de par votre profession, comprend sans aucun doute le sentiment d’injustice qui n’a cessé de se développer en moi, au sein de ma petite famille, de mon entourage et parmi l’équipe de chirurgiens que j’ai formée et qui n’a pas cessé de servir le service et le patient avec abnégation et sens du devoir, et ne manquera pas d’un autre côté de s’interroger, voire de s’enquérir, sur les véritables raisons sous-tendant les motifs de l’acharnement de la direction du Centre hospitalier Ibn Sina et de l’Hôpital Ibn Sina à fermer le service de chirurgie cardiovasculaire A et à couronner cette entreprise malveillante et maléfique par la proposition à votre accord et signature de la décharge du chef de service que je suis.
Plusieurs raisons auraient pu attirer votre attention telles la mauvaise gestion d’un centre hospitalier de la dimension et de l’importance de celui de la capitale ayant mis le service de Chirurgie cardiovasculaire A, pourtant considéré par tous comme étant un pôle d’excellence, dans la quasi impossibilité de faire face à l’affluence grandissante des malades cardiovasculaires, n’eussent été l’aide de mécènes à la générosité sans limites, et celle des volontaires du Croissant-Rouge marocain, admirablement géré par les bénévoles de l’Association Marocaine de chirurgie cardiovasculaire.
Votre attention aurait dû également être attirée par ce que d’aucuns appellent les affaires douteuses du CHIS, notamment celles dont vous pourriez faire vérifier la véracité par l’inspection générale de santé connue pour sa probité, son sérieux et son sens du devoir et de la droiture, telles que :
Le Marché n° 472/2009 : pour l’acquisition des unités dentaires pour le centre de consultation dentaire relevant du CHIS. Tout porterait à croire que pour que la société adjudicataire ne dépasse pas les délais d’exécution du marché et ne paye donc pas les pénalités de retard, on ait translaté la date de l’ordre de commencement de travaux du début de mars vers le début de juin tout en la faisant bénéficier d’un ordre d’arrêt d’un mois durant le mois d’août. De plus, les 58 fauteuils dentaires livrés ne disposeraient pas de scialytique à commande par infra-rouge comme mentionné par le CPS, option ayant fait l’objet d’un critère d’écartement lors de la conformité.
Le Marché n°464/2008 : s’agissant de ce marché, au lieu de doter le Centre hospitalier Ibn Sina de la dernière technologie en matière de scanner, on aurait joué sur la notion de coupes au lieu de nombre de barrettes pour orienter le CPS vers une société de la place. Le résultat aurait été l’acquisition de 2 scanners de génération 2006 à 32 barrettes sans amélioration notable par rapport au scanner 16 barrettes, ne permettant pas l’exécution de tous les examens cardiologiques exigés par le CPS (qui aurait exigé 64 coupes simultanées) et dûment recommandés par les services médicaux, et de surcroît auraient été achetés quasiment au prix de scanner 64 barrettes.
Le Marché n°150/2010 : concernant l’exécution de collectes, transport des prélèvements biologiques et transmissions des résultats des laboratoires d’analyses des établissements relevant du Centre hospitalier Ibn Sina. Ce projet porterait sur des gaines passant sous les deux avenues Abderrahim Bouabid et des Nations-Unis, et de dimensions permettant le passage d’hommes et poserait ainsi un double problème de sécurité territoriale et d’hygiène. Parmi les deux sociétés soumissionnaires celle adjudicataire aurait été pourtant non conforme.
Vous auriez alors décidé en votre qualité du premier responsable du secteur et compte tenu de votre profession, de faire appel, de manière sereine et appropriée, aux services du Parquet, non comme ces services ont été sollicités par la direction du CHIS pour tenter de valider des accusations fallacieuses, mais pour diligenter une enquête sur d’éventuelles malversations, détournements et dilapidation des deniers publics et présenter toute personne confondue de ces faits à la justice.
Pris à temps, ceci aurait mis fin à toute velléité des responsables du CHIS de vilipender les actions du service de chirurgie cardiovasculaire A et son personnel, et certainement empêché les déclarations au journal télévisé d’une des chaines nationales, acte gravissime sans précédent, d’un responsable contre un honorable fonctionnaire de l’Etat ayant voué sa vie au service de ses malades. Elles auraient évité que soient portées sur la place publique des allégations mensongères et dénuées de fondements et éviter à ce médecin-chef, comble du paradoxe, de se tourner en ridicule en se dépêchant d’affirmer l’existence de malversations avérées, tout en reconnaissant l’instant d’après la nécessité d’attendre la vérification de ces faits aussi bien par l’enquête diligentée par le Parquet que celle menée par l’Inspection générale du ministère de la Santé, toutes deux n’ayant pas encore établi de rapport.
Certes, les comportements irresponsables, tels que le plombage de l’unique issue de secours du service, l’expulsion des malades hospitalisés, le renvoi manu militari de patients venus pour consultations ou pour subir des interventions cardiovasculaires, l’incursion de personnel de soutien dépêché par le médecin-chef dans l’enceinte stérile bloc opératoire-unité de soins intensifs en pleine opération de chirurgie cardiaque à cœur ouvert d’une mère de famille, le redéploiement de l’équipe du service et le renvoi d’un personnel qualifié, sont des dégâts difficiles à réparer en peu de temps vu leurs gravités et leurs impacts. Le dévouement de l’équipe médicale et paramédicale que j’ai eu l’honneur et le plaisir de diriger tout au long de ces longues années sauront relever le défi comme ils ont relevé celui de la mise en place du service et des structures qui ont assuré avec responsabilité, droiture et probité les activités du service de chirurgie cardiovasculaire A en réalisant près de 10 000 opérations durant les 25 dernières années.
Pour autant, je ne veux pas de ce satisfecit, pas plus que je ne veux baisser les bras, car je veux encore offrir mes compétences à mon pays.
D’aucuns n’en ont pas besoin, mais ceux-ci ne sont pas mon pays. Je n’entends pas tourner la page en considérant arithmétiquement qu’il s’agit d’une simple élimination d’un chef de service alors que la réalité est la recherche de l’élimination d’une entité. Je veux rester cet enseignant chercheur parmi les rares de sa génération qui a refusé le départ volontaire pour continuer à former, à enseigner et à soigner. Je veux rester ce citoyen qui croit en son pays, qui constate les progrès réalisés par son Souverain. Je veux continuer à me soucier des centaines des cardiopathes qui seront laissés pour compte si une Administration aveugle persiste dans ses errements. Pour eux, et si c’était à refaire, je persisterais et signerais :
* Professeur de Chirurgie cardiovasculaire
Ex directeur du Centre hospitaier Ibn Sina
Docteur en droit
Le chef du service de chirurgie cardiovasculaire du Centre hospitalier Ibn Sina est aujourd'hui accusé de fraudes. Il est suspendu de ses fonctions à la tête de ce service qui a été d'ailleurs fermé et dont le personnel -médecins et infirmiers- a été redéployé. Le Professeur Maâzouzi est-il coupable ? La direction du CHIS a en tout cas instruit le procès et rendu son verdict. Aujourd'hui, aux yeux de l'opinion publique, ce cardio-chirurgien est un coupable tout désigné. Télévision et journaux ont rendu compte de cette triste affaire -parce qu'il s'agit d'abord et avant de la santé et de la vie de citoyens- sans jamais écouter la version des faits du présumé coupable.
Le Pr. Maâzouzi a choisi de rompre le silence et de faire enfin entendre sa voix. Il a choisi la presse de l'Union socialiste des forces populaires pour le faire, « des journaux réputés pour leur sérieux et leur défense des droits humains», nous a-t-il expliqué. Libération autant qu'Al Ittihad Al Ichtiraki sont d'abord et avant tout des espaces de liberté et de débat. Si nous ouvrons aujourd'hui nos colonnes au Pr. Wajih Maâzouzi nous le ferons, de la même manière, à tous ceux parmi les responsables suivant cette affaire et qui souhaiteraient s'exprimer.
Libération
Madame la ministre,
Alors que la nouvelle année de l’Hégire vient de débuter, avec toutes ses promesses, je ne peux que déplorer les évènements récemment placés sous le sceau de décisions administratives et d’arrêté qui ont fini par avoir raison de l’espoir de plusieurs générations de chirurgiens du cœur.
L’année écoulée n’a pas été de tout repos pour vous aussi, et j’imagine que lourde fut votre décision de mettre fin à ma mission de chef de service par votre arrêté du 22 décembre 2010, journée tout aussi lourde d’une interpellation et, semble-t-il, d’une lettre du chef de votre propre groupe parlementaire, tous deux en appelant à votre sens de la pondération dans une affaire dont vous êtes peut-être loin de connaître les tenants et aboutissants. Je suppose que la coupe était beaucoup trop pleine pour admettre une copie, arrivée à votre secrétariat le jour même à 13h00, du rappel à l’ordre légal et réglementaire adressée par Monsieur le Professeur Taïeb Chkili, Président de l’Université Mohammed V – Souissi, adressée à notre Doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat. Cette missive, en effet, rendait nulle et non avenue toute décision de la Commission Scientifique de ladite faculté, érigée pour l’occasion en tribunal orienté, et cela en dépit de son incompétence depuis l’avènement en 2003 de la Commission paritaire administrative de l’Université, et du grade de ses membres insuffisant à statuer sur le cas de leur aîné.
Je respecte votre décision, Madame, et qui le ferait d’ailleurs mieux que moi qui, tout comme vous, ai pensé tout fort : «Le droit et la santé ne s’épousent-ils pas ? ». Bien plus, je vous comprends et décèle le signal que vous me lancez : votre arrêté, ne se contentant pas des trois considérants se rapportant à la législation en vigueur et qui suffisent à justifier la décision prise par le président délégué du Conseil d’administration du Centre hospitalier Ibn Sina, que vous êtes, fonde cette décision sur deux propositions et un procès-verbal. Ces fondements m’interpellent et m’obligent à apporter des précisions.
La fermeture, ou soi-disant gel du service de chirurgie cardiovasculaire A pour certains esprits malintentionnés et aux motifs douteux, est un véritable scandale, une infamie et également un acte irresponsable, tant son impact sur la santé de centaines de citoyens disposant de peu de moyens est certain. Certes, les instigateurs de cette fermeture vous ont soumis et proposé moult raisons fallacieuses pour justifier un acte aussi irresponsable, mais la clairvoyance à laquelle je fais appel aujourd’hui devait dicter la pondération dans l’intérêt desdits malades et celui de la crédibilité et de l’image de marque de l’institution dans son ensemble.
D’aucuns se demanderaient, en apprenant la fermeture du service, pourquoi ceux qui hier encore ont vanté les mérites oralement et par écrit, sont ceux-là mêmes qui ont exercé un forcing sans précédent pour détruire un joyau du dispositif de couverture cardiovasculaire non seulement à Rabat mais pour l’ensemble du pays.
Le responsable politique et défenseur que des droits humains que vous êtes de par votre profession, comprend sans aucun doute le sentiment d’injustice qui n’a cessé de se développer en moi, au sein de ma petite famille, de mon entourage et parmi l’équipe de chirurgiens que j’ai formée et qui n’a pas cessé de servir le service et le patient avec abnégation et sens du devoir, et ne manquera pas d’un autre côté de s’interroger, voire de s’enquérir, sur les véritables raisons sous-tendant les motifs de l’acharnement de la direction du Centre hospitalier Ibn Sina et de l’Hôpital Ibn Sina à fermer le service de chirurgie cardiovasculaire A et à couronner cette entreprise malveillante et maléfique par la proposition à votre accord et signature de la décharge du chef de service que je suis.
Plusieurs raisons auraient pu attirer votre attention telles la mauvaise gestion d’un centre hospitalier de la dimension et de l’importance de celui de la capitale ayant mis le service de Chirurgie cardiovasculaire A, pourtant considéré par tous comme étant un pôle d’excellence, dans la quasi impossibilité de faire face à l’affluence grandissante des malades cardiovasculaires, n’eussent été l’aide de mécènes à la générosité sans limites, et celle des volontaires du Croissant-Rouge marocain, admirablement géré par les bénévoles de l’Association Marocaine de chirurgie cardiovasculaire.
Votre attention aurait dû également être attirée par ce que d’aucuns appellent les affaires douteuses du CHIS, notamment celles dont vous pourriez faire vérifier la véracité par l’inspection générale de santé connue pour sa probité, son sérieux et son sens du devoir et de la droiture, telles que :
Le Marché n° 472/2009 : pour l’acquisition des unités dentaires pour le centre de consultation dentaire relevant du CHIS. Tout porterait à croire que pour que la société adjudicataire ne dépasse pas les délais d’exécution du marché et ne paye donc pas les pénalités de retard, on ait translaté la date de l’ordre de commencement de travaux du début de mars vers le début de juin tout en la faisant bénéficier d’un ordre d’arrêt d’un mois durant le mois d’août. De plus, les 58 fauteuils dentaires livrés ne disposeraient pas de scialytique à commande par infra-rouge comme mentionné par le CPS, option ayant fait l’objet d’un critère d’écartement lors de la conformité.
Le Marché n°464/2008 : s’agissant de ce marché, au lieu de doter le Centre hospitalier Ibn Sina de la dernière technologie en matière de scanner, on aurait joué sur la notion de coupes au lieu de nombre de barrettes pour orienter le CPS vers une société de la place. Le résultat aurait été l’acquisition de 2 scanners de génération 2006 à 32 barrettes sans amélioration notable par rapport au scanner 16 barrettes, ne permettant pas l’exécution de tous les examens cardiologiques exigés par le CPS (qui aurait exigé 64 coupes simultanées) et dûment recommandés par les services médicaux, et de surcroît auraient été achetés quasiment au prix de scanner 64 barrettes.
Le Marché n°150/2010 : concernant l’exécution de collectes, transport des prélèvements biologiques et transmissions des résultats des laboratoires d’analyses des établissements relevant du Centre hospitalier Ibn Sina. Ce projet porterait sur des gaines passant sous les deux avenues Abderrahim Bouabid et des Nations-Unis, et de dimensions permettant le passage d’hommes et poserait ainsi un double problème de sécurité territoriale et d’hygiène. Parmi les deux sociétés soumissionnaires celle adjudicataire aurait été pourtant non conforme.
Vous auriez alors décidé en votre qualité du premier responsable du secteur et compte tenu de votre profession, de faire appel, de manière sereine et appropriée, aux services du Parquet, non comme ces services ont été sollicités par la direction du CHIS pour tenter de valider des accusations fallacieuses, mais pour diligenter une enquête sur d’éventuelles malversations, détournements et dilapidation des deniers publics et présenter toute personne confondue de ces faits à la justice.
Pris à temps, ceci aurait mis fin à toute velléité des responsables du CHIS de vilipender les actions du service de chirurgie cardiovasculaire A et son personnel, et certainement empêché les déclarations au journal télévisé d’une des chaines nationales, acte gravissime sans précédent, d’un responsable contre un honorable fonctionnaire de l’Etat ayant voué sa vie au service de ses malades. Elles auraient évité que soient portées sur la place publique des allégations mensongères et dénuées de fondements et éviter à ce médecin-chef, comble du paradoxe, de se tourner en ridicule en se dépêchant d’affirmer l’existence de malversations avérées, tout en reconnaissant l’instant d’après la nécessité d’attendre la vérification de ces faits aussi bien par l’enquête diligentée par le Parquet que celle menée par l’Inspection générale du ministère de la Santé, toutes deux n’ayant pas encore établi de rapport.
Certes, les comportements irresponsables, tels que le plombage de l’unique issue de secours du service, l’expulsion des malades hospitalisés, le renvoi manu militari de patients venus pour consultations ou pour subir des interventions cardiovasculaires, l’incursion de personnel de soutien dépêché par le médecin-chef dans l’enceinte stérile bloc opératoire-unité de soins intensifs en pleine opération de chirurgie cardiaque à cœur ouvert d’une mère de famille, le redéploiement de l’équipe du service et le renvoi d’un personnel qualifié, sont des dégâts difficiles à réparer en peu de temps vu leurs gravités et leurs impacts. Le dévouement de l’équipe médicale et paramédicale que j’ai eu l’honneur et le plaisir de diriger tout au long de ces longues années sauront relever le défi comme ils ont relevé celui de la mise en place du service et des structures qui ont assuré avec responsabilité, droiture et probité les activités du service de chirurgie cardiovasculaire A en réalisant près de 10 000 opérations durant les 25 dernières années.
Pour autant, je ne veux pas de ce satisfecit, pas plus que je ne veux baisser les bras, car je veux encore offrir mes compétences à mon pays.
D’aucuns n’en ont pas besoin, mais ceux-ci ne sont pas mon pays. Je n’entends pas tourner la page en considérant arithmétiquement qu’il s’agit d’une simple élimination d’un chef de service alors que la réalité est la recherche de l’élimination d’une entité. Je veux rester cet enseignant chercheur parmi les rares de sa génération qui a refusé le départ volontaire pour continuer à former, à enseigner et à soigner. Je veux rester ce citoyen qui croit en son pays, qui constate les progrès réalisés par son Souverain. Je veux continuer à me soucier des centaines des cardiopathes qui seront laissés pour compte si une Administration aveugle persiste dans ses errements. Pour eux, et si c’était à refaire, je persisterais et signerais :
* Professeur de Chirurgie cardiovasculaire
Ex directeur du Centre hospitaier Ibn Sina
Docteur en droit