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Publiée au Bulletin officiel le 19 septembre 2016, cette loi prévoit des sanctions disciplinaires à l’encontre de toute personne prise en flagrant délit de fraude aux examens qui peuvent aller de l'octroi de la note zéro à l’annulation des notes de l’ensemble des matières de la session concernée et jusqu'à la privation de passer l’examen pendant deux ans.
Elle prévoit également des sanctions pénales allant de 6 mois à 5 ans de prison et une amende allant de 5.000 à 100.000 DH pour les cas de fraudes relatifs à la production ou l’utilisation de faux documents aux fins de participer à l’examen, l’usurpation d’identité d’un candidat pour passer l’examen, la fuite des sujets d’examen par tout responsable, intervenant ou participant à la rédaction, au transport ou à la protection des feuilles et des sujets des examens scolaires.
Ces sanctions concernent tous les participants, autres que les candidats, à la réponse aux questions de l’examen, soit de l’intérieur du centre d’examen ou de l’extérieur de celui-ci et la facilitation de leur diffusion et le trafic des sujets d’examen et des réponses par l’utilisation de moyens traditionnels ou électroniques et la facilitation de leur diffusion de manière individuelle ou dans le cadre de réseaux.
De fait, le gouvernement qui avait menacé de tous les maux les fraudeurs avant le déroulement du baccalauréat 2017, avait fini par leur accorder une année de grâce pour revenir à la charge en faisant signer un engagement aux candidats et à leurs tuteurs et en se saisissant du texte qui rendrait opérationnel cet engagement dix jours avant la tenue de la session de l’année en cours.
Un laps de temps suffisamment court pour ne pas être fortement dissuasif.
En effet, si certains élèves sont à deux doigt d’avoir fini de réviser leurs cours, d’autres sont en quête du meilleur matériel électronique à même de leur permettre de frauder sans être pris en flagrant délit. Téléphones portables, cartes de recharge, ceintures, kits, connexion Internet en ces temps de promotion … Ils en sont actuellement au partage des tâches. Il y a ceux qui passeront l’examen, ceux qui dicteront les réponses, ceux qui vont répondre aux questions d’examen et ceux qui passeront un bac libre juste pour photographier les épreuves et les envoyer via WhatsApp à leur groupe ! De fait, le même modus operandi de l’année dernière semble avoir le vent en poupe.
Flash-back. Saïd a repassé son bac pour la troisième fois en 2017. C’est la dernière chance pour lui d’obtenir son bac et d’accéder à un centre de formation. Le jour J, il a mis toutes les chances de son côté. Il met sa ceinture autour de son buste, sa petite puce ’’adssa’’ à l’oreille, colle son portable avec du scotch derrière la cuisse, met son pantalon et enfile sa chemise.
Avec son camarade qui va lui dicter les réponses, ils s’assurent du code convenu entre eux : si tu dictes trop vite, je tousse, tu répètes la réponse si je tape une tape, tu attends un petit peu si je demande un Blanco. Il vérifie le son et les deux compères font ensemble un test une dernière fois, car ils ont déjà réalisé plusieurs essais au cours de la semaine dernière.
Avec assurance, il arrive au lycée, vérifie son numéro de candidature, trouve la salle où il présente ses pièces d’identité et s’assoit en attendant le début de l’examen. Le contrôleur avec son appareil détecteur vient d’entrer en classe, il panique un peu mais se reprend très vite, il sourit au contrôleur et se met debout docilement, l’appareil retentit dans la salle, tout le monde se tourne vers lui avec curiosité, et avec un air innocent, il sort ses clés et dit : ‘’Désolé, j’ai oublié mes clés dans ma poche” ! Se débarrassant de sa clé, le contrôleur repasse son appareil, et une fois encore ce dernier retentit, il se justifie en souriant : “Au fait je me suis cassé la jambe et on m’a implanté du métal dans ma jambe !’’ Le contrôleur s’arrête un moment et le regarde droit dans les yeux, mais Saïd, avec un grand sang-froid, ne flanche pas ! Ouf… ! Il le croit et le laisse prendre place sur sa chaise. Au fait son cœur bat la chamade et ses jambes ne le portent plus, il s’affaisse sur sa chaise et plonge un moment dans ses pensées ; il pense à son père qui veut absolument qu’il ait son bac, se projette dans l’avenir et se voit dans un centre de formation pour obtenir son diplôme en mécanique. Et se dit avec confiance : ‘’Cette fois-ci, j’aurai mon bac sans doute !’’
Sésame ouvre-toi…
Saïd n’est pas le seul candidat à penser de la sorte ; ce besoin d’avoir son bac à tout prix ronge des milliers de jeunes ! Ce diplôme ouvre la voie aux grandes écoles, aux formations et à la faculté, la plupart des élèves qui sont en deuxième année du bac traînent des lacunes de longue date avec un niveau de plus en plus médiocre en français et aux matières scientifiques. De plus en plus de bacheliers redoublent trois fois et les chiffres recensés sont alarmants.
La note de l’examen régional qui compte 25% de la note totale du bac, est un autre handicap pour ces jeunes. Cette moyenne peut atteindre parfois cinq, tel est le cas de Saïd. Comment cet élève peut-il réussir son bac alors? Secoués par leur premier échec, ils réalisent soudain leur incapacité et leur défaillance, trop tard pour y remédier.
Un réseau bien organisé
Les nouvelles technologies, la diffusion massive de l’information, la facilité d’accès à l’information, l’immédiat et l’instantané, ont joué un rôle primordial dans le développement des réseaux de fraudes entre les élèves, les groupes WhatsApp avec leur résolution des examens et le renvoi des réponses avec beaucoup de personnes, étudiants à la faculté surtout, qui se portent volontaires parfois même des professeurs. Les fraudeurs qui emploient les nouvelles technologies forment ainsi un réseau de jeunes très bien organisés qui savent très bien à qui s’adresser et quoi faire, comment camoufler, feindre, tromper et qui ont le cran de dire : «On a le droit de tricher », des jeunes qui dépassent les limites de la peur et des mœurs !
Cet esprit de solidarité qui choque, au prime abord, mais qui donne à réfléchir aussi, c’est un esprit de solidarité et d’entraide entre les anciens bacheliers et les nouveaux candidats à tel point qu’on ne voit aucun mal à aider les autres pour qu’ils réussissent à n’importe quel prix ! Et même si parfois des élèves ne cherchent pas à tricher, dès qu’ils reçoivent l’information sur leurs portables, ils ne voient plus aucun inconvénient à tricher, c’est comme une maladie contagieuse qui finit forcément par contaminer tout le monde ! On se retrouve hélas avec des élèves ayant d’excellentes notes en contrôle continu, mais qui ne connaissent rien à leur programme ! Ceci répond à la question : pourquoi le niveau de nos élèves est-il en dégradation ? Ce n’est pas notre système éducatif seulement qui doit être remis en cause mais le système des valeurs aussi, en l’absence de modèles, des parents, d’écoute, de suivi et de soutien, le système des valeurs de nos jeunes laisse vraiment à désirer !