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Dans le meilleur des cas, la scène est tournée en intérieur. Les techniciens sont à l’ombre, avec des cubes à disposition pour se reposer le temps d’une prise. Autrement, ce sont les coups de soleil, les intempéries, mais encore les vents violents auxquels ils doivent faire face. Partir en tournage à Ouarzazate, tous les cinéastes en rêvent. Mais une fois sur place, autant vous dire que le rêve se transforme en cauchemar. Et pour cause, la plupart des producteurs marocains ne se soucient guère ou très peu du bien-être de leurs artisans. Car les techniciens sont avant tout des artisans sans lesquels rien ne serait possible. Mais à l’évidence, tout le monde ne partage pas cet avis. Comme en attestent les pénuries d’eau régulières sur certains tournages. Et quand il y en a, elle est tiède.
Cela vous paraît léger comme argument ? Peut-être allez-vous être convaincu et plus sensible à la galère des horaires de tournage. Normalement, c’est huit heures de travail par jour. En cas de dépassement, les heures sont payées à un tarif supérieur. Mais sur le terrain, il n’en est rien. Les dépassements sont légion au mépris de la santé physique et psychologique des techniciens et autres acteurs. Il n’est pas rare que la journée de travail d’un technicien débute à 7h du matin pour se terminer à 21h, 22h et parfois même à 23h ou minuit. Pour peu que le plateau de tournage se trouve à des dizaines de kilomètres de son domicile, et c’est du temps en plus perdu dans le transport.
Le pire, c’est que les salaires laissent à désirer. Sur son site Web, le Centre cinématographique marocain a clairement et de manière formelle fixé les prix pour chaque corps de métier. Mais ce n’est qu’une illusion. Car sur le terrain, c’est une toute autre histoire. Ce qui pose inévitablement la question des contrôles. Plusieurs personnes gravitant dans le domaine de la télévision ou de l’industrie du film au Maroc nous ont assuré qu’ils n’avaient jamais assisté de près ou de loin à un contrôle ou une inspection des conditions de travail.
Pourtant, ça pourrait être édifiant. Ne serait-ce que d’un point de vue culinaire. Dans un secteur professionnel où l’effort physique est tout aussi prégnant que l’effort intellectuel, les repas à la cantine sont médiocres et rarement énergisants. Mais à qui la faute ? Au vrai, les responsabilités sont partagées. A commencer par les producteurs pour qui chaque centime compte, même si c’est aux dépends du bien-être de leurs employés. Ensuite, le CCM n’est pas blanc-seing. Subventionner, c’est bien. Contrôler les conditions de travail, c’est encore mieux. Les techniciens sont aussi à pointer du doigt, tant ils acceptent leur sort sans broncher. Or, un minimum de mobilisation et de solidarité pourrait changer la donne. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour, d’autant que la concurrence féroce dans le domaine oblige certains techniciens à accepter l'inacceptable.
En attendant, c’est la qualité des séries et autres productions qui s’en ressent. Difficile de demander aux techniciens de donner le meilleur d’eux-mêmes quand ces derniers sont fatigués, avec un déficit de sommeil conséquent, sans oublier une alimentation loin d'être satisfaisante et encore moins gratifiante.