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Des images et des vidéos largement diffusées sur les médias sociaux, montrent des scènes indicibles où de jeunes femmes et hommes sont tabassés, insultés ou traînés par terre. Certains ont le visage en sang, d’autres sont portés sur des brancards et évacués vers les hôpitaux publics. Dans la seule ville d’Inezgane, on compte pas moins de 60 blessés dont deux dans un état critique, selon Hamid Boujaad, coordinateur régional des enseignants stagiaires à Rabat, cité par Médias 24.
Comment peut-on expliquer cette intervention disproportionnée des forces de l’ordre qui rappelle des temps que l’on croyait à jamais révolus? «Rien ne peut légitimer cette intervention. D’autant que le Maroc a signé plusieurs conventions internationales comme la Convention contre la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et celles relatives aux principes encadrant les interventions des forces de l’ordre lors de la dispersion des manifestations. Ces accords internationaux ne permettent nullement, et en aucun cas, aux agents de l’autorité de frapper les manifestants sur leurs têtes ou les parties sensibles de leurs corps. Malheureusement, le Royaume a violé ces principes et commis une atteinte grave aux droits de l’Homme qui fera certainement objet de questionnements de la part de la communauté internationale », nous a indiqué Aziz Admin de l’Association Adala. Et de poursuivre : « Le pire, c’est que le gouvernement Benkirane considère ces manifestations des enseignants stagiaires comme fomentées par des mains invisibles et téléguidées à des fins purement électoralistes».
La responsabilité de l’Exécutif dans ces tristes événements est donc évidente. « Du point de vue constitutionnel, la responsabilité politique du gouvernement est patente. Les articles 89 et 90 de la Constitution stipulent clairement que «le gouvernement exerce le pouvoir exécutif. Sous l’autorité du chef du gouvernement, le gouvernement met en œuvre son programme gouvernemental, assure l’exécution des lois, dispose de l’administration et supervise l’action des entreprises et établissements publics» et que «le chef du gouvernement exerce le pouvoir réglementaire et peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres. Les actes réglementaires du chef du gouvernement sont contresignés par les ministres chargés de leur exécution», nous a précisé notre source. Et de poursuivre : «Pourtant, au niveau pratique, plusieurs décisions, notamment sécuritaires, échappent au chef du gouvernement. Ce fut le cas lors des violences enregistrées le 2 août 2013 contre les personnes qui s’étaient élevées contre la Grâce royale accordée au pédophile espagnol Daniel Galvan puisque le ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser, avait nié toute responsabilité dans ces violences en arguant que la décision de disperser les manifestants a été prise ailleurs. Et c’est le cas aujourd’hui puisque le ministre de la Justice et des Libertés a nié que le gouvernement a donné son feu vert à l’usage de la violence contre les enseignants stagiaires ».
Une situation qui remet au goût du jour les recommandations de l’Instance équité et réconciliation. « Le problème qui se pose aujourd’hui avec acuité au Maroc, c’est de savoir si on va opérationnaliser les décisions de ladite Instance et notamment son volet relatif à la gouvernance sécuritaire qui lie la responsabilité et la reddition des comptes. Et aussi quand le chef du gouvernement deviendra responsable de la décision sécuritaire via son ministre de l’Intérieur. Aujourd’hui, on a du mal à identifier avec précision la source d’une décision sécuritaire. L’exemple de l’interdiction, il y a quelques années, d’une activité du PJD à Tanger à laquelle Benkirane devait assister en tant que secrétaire général du parti de la Lampe est édifiant à ce propos». Et d’ajouter: « L’ensemble de ces contradictions remet sur le métier la question de la responsabilité du chef du gouvernement et sa capacité à diriger la décision sécuritaire au Maroc ».
Est-ce que la rupture avec les années de plomb n’a pas encore eu lieu? «La justice transitionnelle veille à ce que ce genre de pratiques attentatoires aux droits de l’Homme ne se reproduisent plus via l’édification de l’Etat de droit et il y avait une volonté étatique ferme de tourner la page du passé. Mais ce qui vient d’advenir avant-hier démontre bien que ces pratiques ont la peau dure », a conclu Aziz Admin.