Les multiples contrôles sur les marchés et la lutte contre toutes les formes de spéculation à l’encontre des fluctuations de prix durant le mois sacré n’y changent rien. Les prix alimentaires restent sur une trajectoire ascendante.
Selon les données du Haut-Commissariat, entre décembre 2024 et janvier 2025, les prix des “Poissons et fruits de mer” ont augmenté de 6,0%, les “Légumes” de 4,7%, les “Viandes” de 2,0%, les “Fruits” de 1,6% et le “Lait, fromage et œufs" de 0,6%.
Un Ramadan enrobé par la cherté de la vie
Plus de deux mois après la publication des statistiques précitées, alors que la fin du mois de jeûne s’approche, la tendance, selon Leila, ne se contredit pas, car tout reste à un prix cher : «Les prix de la viande, des légumes, du poisson, des œufs, des fruits et des autres produits très prisés pendant le mois de Ramadan sont chers ».
Selon cette quadragénaire, qui s’approvisionne au marché de légume de Hay Souaret, « seuls les prix de la menthe, de la semoule, de la farine et de l’huile n’ont pas vraiment changé ».
Pour Mariam, trentenaire, « je n’irais pas jusqu’à dire que ce sont les pires hausses que nous ayons vécues, mais après tout ce que nous avons traversé ces dernières années, lorsque l’inflation était à son pic, on espérait un peu de répit. Or, ce n’est pas le cas ».
Pour cette jeune informaticienne, « rien que cela est perturbant, surtout pour des jeunes comme moi qui souhaitent débuter leur vie professionnelle sur de bonnes bases. Il se trouve que les factures d’électricité ont également grimpé récemment ».
Les prix des aliments connaissent habituellement de légères hausses durant le mois de jeûne. « Ce n’est donc pas nouveau. Par ailleurs, la hausse des prix a été observée bien avant le début du Ramadan. Autant dire que nous nous attendions quelque peu à ces augmentations. Le problème, c’est que les fortes hausses des années passées nous ont laissés exsangues, alors que le pouvoir d’achat est resté quasi inchangé pour bon nombre d’entre nous », fait remarquer pour sa part Khadija, qui fait ses courses au marché des Roches Noires et de temps à autre au Marché Central où, déplore-t-elle, les prix ont également bondi.
Si, comme le suggérait le HCP, les hausses les plus importantes enregistrées à fin janvier dernier l’ont été à Settat (1,5%), à Safi (1,3%), à Tétouan, Guelmim et Al Hoceima (1,1%), à Kénitra et Marrakech (1,0%), un tour d’horizon des étales des marchés de Casablanca montre que la ville blanche n’a pas été épargnée par ces augmentations.
Un constat partagé par Imane qui déplore à son tour la cherté de certains aliments de base et les conséquences sur certaines traditions en lien avec cette période.
Selon cette jeune comptable habituée du marché Berycha et du quartier Alsace Lorraine à Casablanca, « on invite de moins en moins les proches et parents à partager le ftour ensemble faute de moyens pour acheter les différents aliments traditionnellement consommés durant le mois sacré».
Alain Bouithy
Au niveau mondial, l’indice FAO des prix des produits alimentaires a, au mois de février 2025, connu une hausse, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Et de préciser que cet indice «s’est établi à 127,1 points en moyenne en février, en hausse de 1,6 % par rapport au mois précédent et de 8,2 % par rapport à son niveau de février 2024 ».
Dans un rapport publié récemment, l’organisation internationale attribue cette progression essentiellement aux prix du sucre, des produits laitiers et des huiles végétales qui ont augmenté respectivement de 6,6%, 4,0% et 2,0%.
AB.